Les couleurs oubliées

ŒUVRES DE CRISTINA CABONIAUX PRESSES DE LA CITÉ Le Parfum des sentiments, 2016 Le Jardin des fleurs secrètes, 2019 Une vie entre les pages, 2020 La Maison aux miroirs, 2021 Aux courageux,À ceux qui n’acceptent pas les injustices,À ceux qui, le sourire aux lèvres et une fleur à la main,changent l’avenir en offrant l’espoir.Ce livre est pour vous. Qu’est-ce que l’être face à la couleur du monde ? La couleur du monde est plus grande que les sentiments des hommes. Juan Ramón Jiménez SOMMAIRE TitreŒuvres de Cristina Caboni aux Presses de la CitéDédicaceAvertissementPrologueChapitre 1Chapitre 2Chapitre 3Chapitre 4Chapitre 5Chapitre 6Chapitre 7Chapitre 8Chapitre 9Chapitre 10Chapitre 11Chapitre 12Chapitre 13Chapitre 14Chapitre 15Chapitre 16Chapitre 17Chapitre 18Chapitre 19Chapitre 20Chapitre 21Chapitre 22Chapitre 23Chapitre 24ÉpilogueNote de l'auteureRemerciementsCopyright Avertissement L’histoire racontée dans ce livre est une pure fiction. Les références explicites à Nonantola et aux événements qui se sont déroulés à la Villa Emma sont faites avec l’accord de la ville de Nonantola. Prologue Il a toujours aimé les couchers de soleil. Même maintenant, alors que sa dernière heure est proche, Orlando Morosini le trouve enchanteur. Mais ce qui le fascine réellement, c’est l’énergie qu’il sent vibrer, une promesse. Il ne pourrait en être autrement, se dit-il. La fin du jour doit être glorieuse. Son cœur a des ratés. Il retient sa respiration, la paume plaquée sur cette douleur soudaine, comme pour la calmer. Mais il sait que c’est inutile. Il déteste voir ses mains trembler, ses mains autrefois fortes et décidées, il maudit sa faiblesse. Mais le désir et la réalité sont souvent deux choses bien distinctes. Il ferme les yeux un instant. Que trouvera-t-il de l’autre côté ? La rédemption, le pardon ? Il a du sang sur les mains. Il a été soldat, il a fait la guerre. Il a été jugé bourreau. Y aura-t-il une place pour lui au Ciel ? Ce mot le fait rire. C’est sur Terre qu’il l’a connu, le paradis. Sa femme, son amour. Un frisson le ramène au présent, à cette vie qui s’écoule inexorablement. Mais il n’a pas peur, il n’éprouve qu’une sorte de curiosité indolente. Sans elle, il serait déjà parti depuis longtemps. Il lui a fait une promesse et il l’a tenue. Mais à présent que la fin est proche, il prend conscience d’avoir commis une erreur. Il aurait dû être plus fort, il aurait dû lui résister, mais il n’a jamais rien su lui refuser. Elle est son amour, la moitié de son âme. Le reste n’a 1 Orange. Couleur additive et soustractive, synonyme de crépuscule, elle représente la joie, le soleil, la force intérieure qui règne sur les sens. C’est la couleur de la sagesse et de la conscience. C’était un tout petit garçon. Il avait des cheveux noirs bouclés, de grands yeux, et il portait un bermuda rouge et une veste verte qui avait connu des jours meilleurs. Il regardait autour de lui comme s’il cherchait quelqu’un dans la gare. Le nez en l’air, les bras déployés comme des ailes. Stella Marcovaldi trouvait qu’il ressemblait à un colibri. Elle en avait vu au Brésil quand elle était allée rendre visite à son père. Leur plumage irisé, ourlé d’un vert brillant, contrastait avec le violet intense de leurs ailes. Ils avaient un long bec délicat. Ils lui avaient plu, comme tout ce qu’elle avait vu là-bas. Et puis elle avait dû rentrer en Italie. Au fond, c’était mieux ainsi. Elle chassa cette pensée et reporta son attention sur l’enfant. Était-il vraiment tout seul ? Elle attendit encore un peu, observant le hall de la gare. Il n’y avait personne d’autre. Elle posa son carnet à dessin sur ses genoux sans quitter le petit garçon des yeux. Il surprit son regard et lui sourit en agitant sa menotte avant de disparaître derrière une fontaine. Soudain, un cri se fit entendre. Stella se précipita vers l’endroit où il avait échappé à sa vue. Un rire retentit et l’arrêta dans sa course. La petite tête bouclée de l’enfant reparut derrière le muret qui délimitait l’accès aux