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Ma deuxième vie après la mort

Author/Uploaded by Laure Allard-d'Adesky

Ma deuxième VIE après la mort Laure Allard-d’adesky Roman Fantastique Illustration graphique : Graph’L Images : Adobe Stock Éditions Art en Mots Prologue J’ai toujours su que je mourrai jeune. Sans aucun narcissisme, je me disais qu’ainsi il y aurait plus de monde pour me pleurer le jour de mon enterrement et peut-être même pour se lamenter sur ma tombe pendant des heures. Je rêvais d’une mort sp...

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Ma deuxième VIE après la mort Laure Allard-d’adesky Roman Fantastique Illustration graphique : Graph’L Images : Adobe Stock Éditions Art en Mots Prologue J’ai toujours su que je mourrai jeune. Sans aucun narcissisme, je me disais qu’ainsi il y aurait plus de monde pour me pleurer le jour de mon enterrement et peut-être même pour se lamenter sur ma tombe pendant des heures. Je rêvais d’une mort spectaculaire. Après tout, la vie est une grande pièce de théâtre en plusieurs actes : au moment de quitter la scène, autant le faire de manière grandiose. J’avais vu une série télé où l’héroïne meurt percutée par la lunette des toilettes de la station MIR (Dead Like me), et j’avais trouvé cela génial, digne d’un bel encart dans la rubrique des faits divers. Il n’y avait que la partie « cuvette des toilettes » qui me gênait un peu : pas assez glamour, et puis je ne voulais pas mourir avec de la matière fécale sur le visage. C’est pourquoi je me disais qu’il serait sympa de faire un tour de grande roue, place de la Concorde par exemple, et que ma nacelle se décroche pour tomber sur un éminent membre de l’Assemblée Nationale passant par-là, nous tuant tous deux sur le coup. Je pouvais aussi me noyer en sauvant le chien du président de la République, sous les yeux horrifiés de la première Dame qui déclarerait le jour de ma mort deuil national. J’envisageais aussi un effroyable accident de parapente sur Buckingham Palace (alors que je ne fais pas de parapente), qui interromprait le thé de Sa Majesté la reine : so shocking ! En résumé, je voulais d’une mort dont on se souvienne. Si je voulais mourir jeune, je ne voulais pas non plus partir trop tôt. Il me fallait avoir le temps d’accomplir de grandes choses, au moins suffisamment pour qu’on me pleure à chaudes larmes : il fallait qu’on puisse dire de moi « Zélie était une femme formidable : sans elle, je ne serais pas devenue ce que je suis aujourd’hui. » Ou encore « Il y aura toujours un avant et un après Zélie Louvier ». Pour devenir une femme digne d’être regrettée et pleurée pendant quelques jours, je m’étais dit qu’il fallait quand même atteindre la petite cinquantaine. Ainsi, je serais encore une belle femme avec une carrière extraordinaire, mais ne vieillirais pas assez pour finir dans une maison de vieux, harnachée dans un fauteuil et méprisant mes voisins de table en train d’avaler une bouillie prémâchée devant une énième rediffusion de Plus Belle la vie. J’avais un plan, une carrière toute tracée et je serais sans doute arrivée à mes fins si la Grande Faucheuse n’avait pas décidé de se débarrasser de moi de la manière la plus ridicule qui soit, à l’aube de mes trente ans. Chapitre 1 : Le dernier jour de ma vie À l’aube de mes trente ans, j’étais loin d’avoir suivi mon plan de carrière à la lettre. Je rêvais d’une grande notoriété en tant que directrice de la création dans une prestigieuse agence de pub, mais à la sortie de mes études, je n’avais trouvé qu’un petit boulot de vendeuse d’encarts publicitaires dans un journal gratuit. Celui qui, au mieux, vous sert à laver vos vitres et, au pire, à ramasser les crottes du scottish-terrier de votre grand-mère. Qu’importe, cela ne me dérangeait pas, j’avais mis un pied dans le milieu de la pub et j’avais encore une vingtaine d’années devant moi pour devenir une Grande Dame. Il fallait juste que je ne perde pas trop de temps en route et que je ne croupisse pas ad vitam dans le trou à rats qu’était mon bureau actuel. Mes collègues étaient sympas, mais ils étaient loin de passer leurs week-ends sur des yachts au large de Monaco, comme j’aspirais à le faire dans quelques années. Geneviève par exemple, celle qui partageait mon semblant de bureau, travaillait pour ce magazine miteux depuis trente ans ; elle était fière à chaque fois qu’elle vendait un encart publicitaire pour la dernière crème dépilatoire ou une nouvelle alèse révolutionnaire pour lutter contre les fuites urinaires. Elle paraissait vraiment heureuse. Elle faisait le job de ses rêves et cela me dépassait totalement. Je ne me voyais vraiment pas, à son âge avancé (près de soixante ans), dans un bureau sans fenêtre situé dans l’arrière-cour d’un supermarché vendant du poulet aux hormones et de la viande hachée avariée. Yves, un de mes autres collègues, arrivait chaque jour au travail avec une pêche d’enfer. Il essayait de nous remonter le moral quand la grisaille parisienne nous donnait envie de nous pendre. Il avait toujours des petites intentions pour les uns et les autres. Il racontait à qui voulait l’entendre qu’il avait toujours adoré ce magazine, que c’était en déchiffrant ses petites annonces qu’il avait appris à lire. C’était le genre d’homme qui a toujours le sourire aux lèvres et une pensée positive. Il arrivait le matin en sifflotant, alors que moi je me traînais vers mon fauteuil de bureau à reculons. De toute manière, j’aurais eu du mal à faire comme lui puisque je ne sais pas siffler. Mais je faisais mon boulot, je restais pro et je pense que je n’étais pas mauvaise quand il s’agissait de proposer à l’organisateur de la foire à la saucisse de Trifouillis-les-Oies ou de Perpète-la-Galette, une pleine page pour annoncer le programme de leurs événements si glamours ! Pour l’instant, j’étais mademoiselle Tout Le Monde et j’insiste sur le « mademoiselle ». Je fréquentais depuis quelques mois Benjamin – dit Ben le musicien – pourtant j’avais du mal à savoir s’il tenait réellement à moi. C’était un de ces artistes incompris qui gratte sa guitare avec des airs inspirés, joue sur de petites scènes pour une poignée de spectateurs, tout en étant persuadé qu’il finira par être remarqué par une grande maison de disques. Il était parfois froid et distant, mais ce n’était pas un mauvais bougre. Ce qui m’attachait

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