Midnight City, Tome 2 : Night Travelers

NIGHT TRAVELERS Rozenn Illiano * OniroProds Onirography.com © Rozenn Illiano 2023 - Tous droits réservés Vous avez piraté ce livre ? Rendez-vous ici : https://www.onirography.com/passage-secret/ Night Travelers Aux Rêvarchitectes qui m’inspirent depuis des années : Erin Morgenstern, Mathieu Gaborit, Lana et Lilly Wachowski, Robert & Shana ParkeHarrison, et Xavier Collette Ô Dieu ! ne puis-je en sauver un de la vague impitoyable ? Tout ce que nous voyons ou paraissons, n’est-il qu’un rêve dans un rêve ? Edgar Allan Poe, Un rêve dans un rêve (traduction de Stéphane Mallarmé) Prologue. Un théâtre d’ombres La Cité de Minuit était son petit théâtre d’ombres défaillantes. Une graine d’amertume mise en terre. La cristallisation de toutes ses failles. Ce n’est pas tant l’arrêt de la grande Horloge qui montrait ce qui lui faisait mal, mais bien l’obsession sans limites des Nocturnes à vouloir la réparer à tout prix, l’empêcher de tomber en panne. Pourquoi une horloge dont les aiguilles ne battent plus, alors ? Pourquoi, si ce n’est que le temps passe, jour après jour, heure après heure, sans répit, sans arrêt, de plus en plus vite, conduisant tout droit vers un gouffre noir duquel on ne remonte jamais ? Si je m’arrête, je m’éteins. Angoisses terrifiantes, le soir, lorsque la nuit se pose sur la ville. Le cœur qui bat trop fort à ses oreilles, le silence trop lourd. Il entend presque un tic-tac, ce son qu’il hait par-dessus tout, son écho dans l’air. Il se fait l’effet d’une horloge au mouvement devenu fou, un rouage brisé ou une rayure sur une pièce. La panne imminente. Un couperet qui revient le hanter de temps à autre. La présence du Sidhe dans sa tête, l’image de Frank qui se délite tout doucement, Roya qui se détourne et s’en va. Des peines ravivées, des rêves inhumés alors qu’ils bougeaient encore, pas tout à fait morts, et la trouille de sortir de son terrier. De s’endormir sans jamais se réveiller. Tic tac. Quelle idée, songe-t-il, d’avoir imaginé ce théâtre où placer son histoire sous la forme d’une horloge. Quelle idée. Elle lui rappelle chaque jour que le temps passe et, avec lui, les rêves, les souhaits, les souvenirs. Elle lui rappelle que rien ne dure pour toujours. Que le monde tournera sans lui, comme il a tourné sans Frank. Désormais, les Nocturnes attendent, avec plus ou moins de patience. Certains, 1. Syndrome de la page noire Le curseur clignote, noir sur fond blanc, et semble le défier. Allez, mec. Écris. Il est temps. Mais trop de mots passent dans sa tête. Trop de mots, de pensées, d’images, tant qu’il peine à y mettre de l’ordre. Syndrome de la page noire, diagnostique Samuel. Il s’imagine assailli par une nuée de papillons bleutés se posant sur son dos, son bureau et l’écran de l’ordinateur. Des milliers d’idées. Impossible de se concentrer, le mouvement feutré des ailes attire constamment son regard et son attention ailleurs. Avec un soupir, Sam abandonne son texte et se lève pour se préparer un café. Il est parvenu à écrire trois lignes. Soit une de plus que la veille. C’est déjà ça. Il est tôt, pour une fois. Ces dernières semaines, épuisé par son boulot à l’imprimerie – une grosse commande en vue d’un festival de musique –, Sam passait ses week-ends à dormir, à lire et à glander, sentant une bonne crève se pointer. Il en a profité afin de prendre quelques notes pour son roman à peine entamé, histoire de laisser l’envie d’écrire monter comme une jauge qui se recharge. Ainsi, l’inspiration serait au rendez-vous. Normalement. Force est de constater qu’il s’est planté. Depuis qu’il s’y est mis, Sam peine à rédiger des phrases complètes, assailli par tant d’aspirations contradictoires qu’elles le paralysent. Dire qu’un an plus tôt, il se sentait à sec… Maintenant c’est l’inverse qu’il ressent, telle une éponge saturée d’eau. Les idées sont là, mais elles franchissent la digue de son esprit avec tant de violence que Sam ne parvient plus à les contrôler, ce qui l’exaspère. Il a l’impression qu’un barrage a rompu dans sa tête, qu’il ne maîtrise plus rien. Et ça l’agace. Parce qu’il a peur de se laisser entraîner. Il a vu ce qui se