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Oscar Wagner a disparu

Author/Uploaded by Jean-Christophe Portes

© 2023, Hugo Thriller, département de Hugo Publishing34-36, rue La Pérouse 75116 Paris Collection Hugo Thriller dirigée par Bertrand Pirel Ouvrage dirigé par Sophie Le Flour Visuels de couverture : © Lee Avison/Arcangel ; © Print Collector/Getty Images ISBN : 9782755663587 Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. Les hommes sont rarement sages quand il y va de leur vie. Primo Levi – S...

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© 2023, Hugo Thriller, département de Hugo Publishing34-36, rue La Pérouse 75116 Paris Collection Hugo Thriller dirigée par Bertrand Pirel Ouvrage dirigé par Sophie Le Flour Visuels de couverture : © Lee Avison/Arcangel ; © Print Collector/Getty Images ISBN : 9782755663587 Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. Les hommes sont rarement sages quand il y va de leur vie. Primo Levi – Si c’est un homme SOMMAIRE TitreCopyrightAvril 1942Chapitre 1Chapitre 2Chapitre 3Chapitre 4Chapitre 5Chapitre 6Chapitre 7Chapitre 8Chapitre 9Chapitre 10Chapitre 11Chapitre 12Chapitre 13Chapitre 14Chapitre 15Chapitre 16Chapitre 17Chapitre 18Chapitre 19Chapitre 20Juin 1943Chapitre 21Chapitre 22Chapitre 23Chapitre 24Décembre 1944Chapitre 25Pour en savoir plusDu même auteurCollection Hugo ThrillerCollection Hugo Poche Suspense AVRIL 1942 CHAPITRE 1 Mo C’est la deuxième fois que je le croise, ce mec. Ce sera la dernière aussi, et c’est plutôt mal parti pour moi. Mon coup raté, il a envoyé valser mon couteau à l’autre bout du couloir. Et mon Colt 45 reste coincé dans mon dos, sous la ceinture, hors d’atteinte et inutile. À choisir, j’aurais fait autrement, mais quand je suis passé devant sa table, quelque chose a brillé dans nos regards, quelque chose de net et sans bavure, qui ne vous laisse pas le choix, du genre : « Toi je t’ai vu et je vais pas te rater. » J’ai continué mon chemin avec un frisson tout en distribuant les sourires, les claques sur les épaules et les saluts de la main, mais j’avais déjà mon plan en tête, et l’intention de faire vite avant qu’il ne donne l’alerte. Alors je lui ai envoyé Gaby avec un soi-disant billet d’amour, et je l’ai attendu dans l’escalier de bois, derrière l’entrée. De là me parvenaient le murmure des voix et le tintement des flûtes à champagne. Aussi, les accents mélancoliques du succès de Léo Marjane, que reprend une petite jeune embauchée par Garcia : Je suis seule ce soir, avec mes rêves, Je suis seule ce soir, sans ton amour… Le gros est tombé dans le panneau. Parce qu’ils ont des trois-pièces de faiseur sur le dos, des pompes à mille balles et un œillet frais à la boutonnière, ces mecs sont tous pareils, ils se croient irrésistibles. Il a suivi Gaby, peut-être déjà excité, et il a poussé la porte qui donne vers les étages. Sauf que ça n’a pas marché du tout. Ce con-là fait bien vingt-cinq kilos de plus que moi, et il sait se battre. Un vrai lutteur de foire, des mains comme des battoirs. Il m’a jeté direct au sol où il m’écrase maintenant en me regardant avec des yeux fous, les yeux du type qui veut tuer. Le jour tombe, ma joie s’achève, Tout se brise dans mon cœur lourd… La petite chanteuse a une belle voix comme je les aime, grave et triste, c’est à la mode toutes ces femmes esseulées, elles sont des millions à guetter le courrier, à attendre leurs maris prisonniers. Le gros me tient les poignets, cherchant du regard quelque chose pour m’achever. Fin de l’histoire pour Mo les Yeux-Bleus. Tout demeure ainsi que tu l’aimes, Dans ce coin par toi dédaigné… Après tout ce n’est que justice. Je repense au Sidi planté rue de Douai, pas loin de Pigalle. J’avais quoi, dix-huit ans ? Il n’en revenait pas d’agoniser à genoux, la chemise pleine de sang. Trois ans plus tard j’en ai descendu un autre à Constantine, on était ivres, c’était lui ou moi. Un pauvre type a mangé à ma place, douze ans de travaux forcés. Et d’autres encore, mais ça c’était légal, deux hivers plus tôt, nos chefs des corps francs nous demandaient de ramener des renseignements ou des prisonniers. Je revois encore l’expression de terreur d’un gamin boche sous son casque, il savait que c’était terminé, il était sur le dos, la neige étoilée de rouge autour de lui. Et maintenant c’est mon tour. J’ouvre la bouche mais l’air ne rentre plus, un voile brouille ma vue, mes cheveux collent aux tempes. Le gros me balance une taloche à décapiter un bœuf, et bang, ma tête tape contre le bois du palier. C’est un drôle d’endroit ici, une cage d’escalier en madriers poussiéreux, qui va du sous-sol du Chapiteau à ses combles, en passant par le dancing, puis l’étage où sont nos bureaux de patrons. Il m’en retourne une autre qui me laisse sonné, la joue dans la poussière. Je suis seule ce soir avec ma peine, J’ai perdu l’espoir de ton retour… Elle chante bien cette petite, une jolie brunette aux joues rondes, des espoirs plein la tête, elle se voit en Damia, en Piaf, en Arletty… Mon adversaire me maintient au sol en reprenant son souffle, ses cuisses comme des étaux autour de mes hanches. Ma seule chance, faire le mort, bras en croix. Pour l’instant je n’aurais même pas assez de force pour lui faire une pichenette. Paupières mi-closes, je le vois mieux, comme s’il ressortait d’un brouillard. Sur son visage, la haine a fait place à la satisfaction. Il jubile, ce connard. Dans la bagarre, sa pochette a sauté, sa cravate en soie pendouille au rythme chaotique de sa respiration, elle me chatouille le menton. Jolie cravate, large, blanche avec de gros losanges noirs. Elle a dû lui coûter cher. Elle va lui coûter encore bien plus. Des deux mains, je l’attrape juste sous le col et je tire, le plus fort possible. Mon front tape son gros nez, le craquement résonne sur les trois étages. Au coup suivant, je sens quelque chose d’humide à la naissance de mes cheveux. Et je recommence, crac son nez explose, et je n’ai qu’à le tirer sur le côté pour qu’il tombe comme une bûche. Me retournant, je saisis mon Colt à la ceinture pour frapper de la crosse sa tempe, à toute volée. Il crache du sang et tombe les yeux révulsés, comme un sac de ciment sur le pont d’une péniche. Puis je le finis. Je serre son cou, il gesticule mollement, il se met à pleurer

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