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Six versions, tome 2 : La tuerie McLeod

Author/Uploaded by Matt Wesolowski

« Chacun d’entre nous vit dans deux mondes séparés. » Joe Hill, Nosfera2 « Toute vie n’est qu’un ensemble d’images dans le cerveau. Il n’existe aucune différence entre celles qui sont nées de choses réelles et celles qui émanent de rêves intérieurs, et il n’y a aucune raison de valoriser les unes par rapport aux autres. » H. P. Lovecraft, La Clé d’argent Fleuve spectral-audio (musique et son)...

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« Chacun d’entre nous vit dans deux mondes séparés. » Joe Hill, Nosfera2 « Toute vie n’est qu’un ensemble d’images dans le cerveau. Il n’existe aucune différence entre celles qui sont nées de choses réelles et celles qui émanent de rêves intérieurs, et il n’y a aucune raison de valoriser les unes par rapport aux autres. » H. P. Lovecraft, La Clé d’argent Fleuve spectral-audio (musique et son) Type de fichier Nom Audio Arla Macleod Rec001 [320KBPS] Mise à jour : six semaines Taille : 45,4 MiB, posté par JBazzzzz666 Je les ai entendus au déjeuner, via la radio. Ils m’ont pistée jusqu’ici. Après ce qui s’est passé, ils m’ont suivie. J’ignore ce qu’ils veulent. Enfin bref, salut, c’est moi. Comme vous pouvez le voir, j’enregistre dans ma chambre. Tenez, là, c’est la fenêtre. Il fait beau, aujourd’hui. Si je zoome… attendez… voilà, l’image est un peu floue à cause de la luminosité, mais vous distinguez sûrement le soleil dans les champs et sur les collines plus loin. Tout ce jaune, c’est joli, non ? Si vous vous teniez là-bas et que vous regardiez vers moi, est-ce que vous verriez l’endroit où je me trouve, dans l’ombre ? Je me demande à quoi ça ressemble. Vous vouliez que je garde une trace dès que j’en verrais un, ou que je l’entendrais, j’ai parfois du mal à faire la distinction. Tout est… flou. J’ai l’impression de patauger dans une espèce de mélasse. Les odeurs me déconcentrent, et d’abord celle du parquet dans le couloir… Un parfum de citron. J’en respire de grandes bouffées, je peux pratiquement y goûter. Ça me rappelle le soleil dans les champs, jaune, piquant comme un agrume. Désolée, je m’égare. Bon, j’en ai entendu un tout à l’heure, au déjeuner. Je fais cet enregistrement après le repas. Donc j’écoutais Radio 1 en mangeant. À cette heure, il y a des passages rigolos, la musique est chouette. Je fredonne devant mon assiette. Vous m’imaginez, moi, en train de raconter à celle que j’étais à quinze ans que je chantonne avec la radio ? L’adolescente que j’étais aurait pouffé de rire, elle aurait dit que je disjonctais. Elle aurait été occupée à écrire le nom de ses groupes préférés en blanc sur son cartable, et en me voyant maintenant elle m’aurait traitée de grosse baleine décérébrée. La bouffe, c’est un sacré truc. On la sent partout dans le bâtiment. On dirait que tout le bloc respire la nourriture. Rien à voir avec les relents de vieille friture dans les cantines. Ici, on hume de bonnes odeurs de patates, des odeurs de viande et de gâteaux. Ça me rend dingue. Mon ventre gronde sans cesse. Quand j’étais petite, ma mère me préparait des pains sans levure. Je lui donnais un coup de main, je mélangeais le babeurre et la farine dans un bol. Elle me laissait mettre le sel. Je n’oublierai jamais la saveur du pain quand on le sortait du four. Et sa texture… La croûte dure et croustillante, le centre moelleux. J’avais l’impression de mordre dans un nuage. Aujourd’hui, c’étaient saucisses et pudding. Moi, j’étais assise et je regardais mon plat, aussi rond que la lune. Des bouts de saucisses émergeaient de la sauce, on aurait dit un monstre des mers, un monstre englué dans une bouillie d’algues. J’en salivais tellement que j’étais obligée de déglutir. Ma bave sur la bouillie d’algues, ça aurait fait désordre. Heureusement que je mange seule dans ma chambre. Ils nous donnent parfois du gâteau à la place du pudding. Souvent le vendredi. J’adore ça. On a aussi des frites, tellement tendres qu’elles fondent sur la langue dès qu’on se les fourre dans la bouche. Du poisson pané super craquant, un délice. Et le vinaigre ! Je demande toujours une tonne de vinaigre. La nourriture baigne littéralement dedans. Denise secoue la tête, mais je sais que ça ne la dérange pas. Elle m’interroge toujours : « Qu’est-ce qu’il y a au menu, le vendredi ? » Moi, je souris. Alors elle met le poisson sur les frites, et celles-ci reposent dans une flaque de vinaigre. Frites et poisson, gâteau ou tarte en dessert. Il faut que j’arrête de parler de nourriture. Sérieusement. Vous savez qu’avant j’enfilais des pantalons taille 40 ? Incroyable, hein ? Regardez-moi maintenant. Beurk. Un vrai tas de graisse. Je fais au moins du 50. Mais après tout… Enfin bref, revenons au sujet. Qui n’était pas la nourriture. Je l’ai entendu par-dessus les bruits de couteau, de fourchette, de mastication… En dépit de Radio 1 et malgré les odeurs. Il pleurait. Ça ressemblait à un sanglot et ça venait de l’extérieur. D’abord par la fenêtre, au loin… Pas aussi loin que les champs, mais tout de même… Au début, je n’y ai pas prêté attention. Mais j’ai vite eu l’impression que les gémissements retentissaient dans la chambre, à côté de moi, puis dans mon dos, et ensuite droit devant. Les sons produisent souvent des illusions quand on réfléchit trop à ses perceptions. Des sanglots. Des sanglots déchirants. Les pères et les mères sont conditionnés pour répondre à ce type de manifestation. S’ils entendent quelqu’un pleurer, ils interviennent. C’est comme un réflexe, je crois. Je me dis que c’était aussi mon cas. Une impulsion me poussait à réagir, mais comment la définir ? Vous me poserez sûrement la question à notre prochaine séance. Tout en moi, chaque cellule, chaque molécule de mon corps m’ordonnait de sortir : pousser ma chaise, monter sur la table, casser la fenêtre et partir. Est-ce que je voulais aller vers les sanglots ou les fuir ? Mystère. Pourtant, cette fois-là j’ai résisté. Bien joué. Les pleurs avaient commencé dès que je m’étais assise. Je mangeais face à la fenêtre, alors j’ai baissé la tête. Quelle plainte horrible ! J’ai failli lever les yeux. J’ai évité la catastrophe de justesse. J’aurais pu appeler quelqu’un, mais ça n’aurait fait qu’aggraver la situation. De nombreuses possibilités s’offraient à moi. L’embarras du choix. Alors j’ai fixé mes saucisses et mon

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