Dans mon ombre


 
 
 
 
 
 
 Couverture 
 Titre 
 Le feu se propage rapidement 
 Première partie 
 
 Nora 
 Suzi 
 Elle 
 Suzi 
 Nora 
 Suzi 
 Elle 
 Suzi 
 Nora 
 Suzi 
 Alison 
 Elle 
 Suzi 
 Nora 
 Suzi 
 Elle 
 Suzi 
 Nora 
 Suzi 
 Elle 
 Suzi 
 Nora 
 
 Deuxième partie 
 
 Alison 
 Elle 
 Suzi 
 Nora 
 Suzi 
 Elle 
 Suzi 
 Nora 
 Suzi 
 Elle 
 Suzi 
 Elle 
 Suzi 
 Nora 
 
 Troisième partie 
 
 Alison 
 Eleanor 
 Suzi 
 Eleanor 
 Suzi 
 Eleanor 
 Suzi 
 Eleanor 
 Suzi 
 Eleanor 
 Suzi 
 Eleanor 
 Suzi 
 Eleanor 
 Suzi 
 Maddy 
 Eleanor 
 Suzi 
 
 Quatrième partie 
 
 Alison 
 Eleanor 
 Suzi 
 Eleanor 
 Suzi 
 Eleanor 
 Suzi 
 Eleanor 
 Suzi 
 Maddy 
 Eleanor 
 Suzi 
 Eleanor 
 Suzi 
 Eleanor 
 Suzi 
 Alison 
 Eleanor 
 Maddy 
 
 Biographie 
 De la même autrice 
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 Claire McGowan
 DANS MON OMBRE
 Traduit de l’anglais (Irlande du Nord) par Sébastien Baert
 Hauteville
 
 
 
 Le feu se propage rapidement.
 Bien plus vite que ce qu’elle pensait. Déjà des flammes orange viennent lécher le toit de la grande bâtisse, et de la fumée noire s’échappe des fenêtres et de la porte. Elle court, glisse, l’herbe sous ses pas est humide de rosée. Les chiens courent à ses côtés ; elle distingue vaguement leur fourrure et entend tout juste leurs aboiements. Ils savent que quelque chose ne va pas, mais ils ne comprennent pas à quel point c’est grave. Elle n’est pas certaine de l’avoir compris elle-même. Elle sent déjà le feu, épais et suffocant, et imagine comment c’est à l’intérieur. De la fumée, de la chaleur et de la terreur pure. Aucune issue.
 Au sommet de la colline, le reflet de la mer dans le lointain, la lune donnant des éclats argentés à l’onde noire, elle s’immobilise. Il sera désormais impossible de s’échapper de la maison, elle le voit bien. Elle est gagnée par un curieux sentiment : du soulagement peut-être, ou de l’exaltation, mêlés à de la peur ? La demeure s’est embrasée comme une allumette. Il faudrait qu’elle coure jusque chez les voisins les plus proches, qu’elle leur demande d’appeler les pompiers, qu’elle leur explique en butant sur les mots qu’elle promenait ses chiens tard dans la soirée, qu’elle n’avait pas pu trouver le sommeil, qu’elle se sentait terriblement coupable d’y avoir réchappé. Puis ce sera fini. Mais, alors qu’elle attend encore un petit instant, figée, elle voit ce qui restera à jamais gravé dans sa mémoire : un visage blême, à une fenêtre, à l’étage. La fenêtre de Sebby.
 Bien qu’il puisse tout juste atteindre le loquet, il est parvenu à l’entrouvrir, et elle entend son cri, porté par un souffle de cendres et de flammes, un cri que jamais elle n’oubliera. Son prénom, hurlé de terreur.
 — Aide-moi ! Aide-moi !
 Sans réfléchir, elle s’élance vers le brasier.
 
 
 Première partie
 
 
 Nora
 La première fois que je la vis, je fus frappée par son expression. Compte tenu de ma propre situation, j’en fus étonnée. Qu’est-ce qui pouvait bien la rendre si triste ? Si quelqu’un devait déprimer, c’était bien moi, avec mon emménagement dans ce minuscule cottage et mon mobilier parqué dans un garde-meuble. Plus d’argent, plus de grande maison. Plus rien.
 C’était lors d’une journée encore douce du mois d’octobre, quand je visitai le cottage pour la première fois. L’agent immobilier – Gavin, un jeune homme ayant eu la main un peu lourde sur la lotion après-rasage – m’y avait conduite dans sa petite Fiat. Son discours était usant. Alors qu’il me vantait le calme du cottage, sa tranquillité et son isolement, j’aurais voulu lui dire que ma décision était déjà prise. Le cottage était l’un des trois situés au bout d’un étroit chemin de campagne, à quelques kilomètres de la M25. La ville la plus proche s’appelait Sevenoaks, et elle n’était pas si proche. Il n’y avait rien d’autre à des kilomètres à la ronde, pas une seule construction. Jadis, ces cottages étaient destinés au personnel du grand domaine en ruine, situé quelques champs plus loin. Holly Cottage était inoccupé, à moitié abandonné. Ivy Cottage était celui que je comptais louer. Willow Cottage était celui dans lequel elle vivait.
 — Vous aurez des voisins, m’annonça joyeusement Gavin. Un jeune couple sympa. Ils ont acheté la maison, oh, il y a environ six mois.
 Je m’abstins de lui répondre. Je n’étais pas sûre d’être prête à faire leur connaissance. Cela me semblait trop tôt, après tout ce qui s’était passé. Mais, ressentant une certaine curiosité, j’ouvris l’œil lorsqu’on passa devant chez eux. Leur jardin était entretenu, mais je compris aussitôt qu’il s’agissait de citadins. Ils avaient planté tout ce qu’il ne fallait pas : des fleurs délicates qui ne survivraient pas à la première vague de froid ; une piètre tentative de culture en bac, dont je pus constater qu’elle était ravagée par les limaces.
 En passant, Gavin roulant trop vite pour l’étroite route de campagne, j’aperçus du mouvement à la fenêtre, et, à l’intérieur, une femme portant la main à ses yeux pour nous observer. Elle avait le regard étrange, affamé, aurait-on dit. Sa chevelure était rouge comme un camion de pompiers, une nuance qui ne pouvait être naturelle, et son teint blafard.
 — C’est la femme, expliqua Gavin. Elle vient de Londres. Pour échapper au stress du quotidien, voyez-vous. Ils ont tout refait : un système d’alarme sophistiqué, le chauffage par le sol…
 J’eus alors de la peine pour elle. Peut-être parce que ces anciens citadins ne comprenaient jamais la vie à la campagne. À moins que ce soit à cause de son air mélancolique, presque triste. Apeuré, même. Ou à cause