Dis bonne nuit

DU MÊME AUTEUR Parasite, Éditions du Palémon, 2012 Les Loups gris, Éditions du Palémon, 2013 Curriculum vitae, Éditions du Palémon, 2014 Pulsions salines, Éditions du Palémon, 2014 La Salamandre de Kerpape, Éditions Chemin Faisant, 2014 L’Immortelle qui pleurait les morts, Éditions du Palémon, 2015 Iboga, Belfond, 2018 ; Points, 2019, prix du Meilleur Polar des lecteurs Points La Mer qui prend l’homme (rééd. de Pulsions salines), Belfond, 2018 Seul avec la nuit, Belfond, 2019 ; Points, 2022 Angkar, Belfond, 2020 ; Points, 2021, prix du Roman noir des Bibliothèques et des Médiathèques de Grand Cognac La Triade du bourreau, Tri Nox Éditions, 2020 Tu ne seras plus mon frère, Belfond, 2021 ; Points, 2023, prix du Roman de la ville de Carhaix Antoine, Belfond, 2022 SOMMAIRE Titre Du même auteur Prologue Chapitre - 1 Chapitre - 2 Chapitre - 3 Chapitre - 4 Chapitre - 5 Chapitre - 6 Chapitre - 7 Chapitre - 8 Chapitre - 9 Chapitre - 10 Chapitre - 11 Chapitre - 12 Chapitre - 13 Chapitre - 14 Chapitre - 15 Chapitre - 16 Chapitre - 17 Chapitre - 18 Chapitre - 19 Chapitre - 20 Chapitre - 21 Chapitre - 22 Chapitre - 23 Chapitre - 24 Chapitre - 25 Chapitre - 26 Chapitre - 27 Chapitre - 28 Chapitre - 29 Chapitre - 30 Chapitre - 31 Chapitre - 32 Chapitre - 33 Chapitre - 34 Chapitre - 35 Chapitre - 36 Chapitre - 37 Chapitre - 38 Chapitre - 39 Remerciements Copyright Prologue Je sens le baiser tiède de maman sur mon front. Elle bouge les lèvres. Un murmure. Ses mots sont doux. Une aura brumeuse entoure son visage. Les images défilent lentement. Au ralenti. Je suis assise sur le canapé de la maison. Ma mère s’éloigne vers la porte. Un dernier geste de la main. Un au revoir. Un adieu. Je ferme les yeux. Des cris ! Je ne devrais pas être ici. Pas ma place. Je cligne des paupières pour dissiper le brouillard qui m’enveloppe. Une teinte rouge floute ma vue. Maman avance dans le couloir. Son arme à la main. Elle hurle, elle appelle ! D’un mouvement rapide, elle lève son arme. La tête relevée, elle appuie le canon du pistolet sous son menton. Le temps se fige. J’ouvre la bouche. Aucun son ne sort. Je suis tétanisée. Le silence se déchire. Odeurs de poudre et de sang. - 1 - Le 5 septembre Le moment est venu de se mettre en chasse. Sa cible est toujours ponctuelle. Un métronome, ce type. Il entre et sort de la banque aux mêmes horaires, tous les jours. Elle se redresse sur le lit et tire le rideau occultant le vitrage latéral. Une protection inutile. Les quatre vitres de son van aménagé en camping-car sont en verre teinté. Il n’y a qu’à travers le pare-brise qu’on pourrait en apercevoir l’intérieur, mais un autre rideau tendu entre la cabine et l’arrière bouche la vue aussi de ce côté. Leïla, elle, voit tout. Malgré la chaleur étouffante de cette fin d’été, elle se fait couler un café espresso et le sirote. Elle saisit l’appareil photo numérique et s’installe confortablement. L’homme, impeccablement vêtu, apparaît sur le trottoir. Leïla le mitraille. Une fois de plus. La date et l’heure seront inscrites sur les clichés. Une preuve. Une belle Volvo s’arrête à côté de l’employé de bureau. À coup sûr un Uber. Le type monte à l’arrière. Leïla passe à l’avant du fourgon et démarre. Elle garde ses distances en laissant quelques voitures s’intercaler entre elle et sa cible. S’il rentrait chez lui, il aurait pris le métro. Ça sent bon le flagrant délit. La Volvo quitte le centre-ville de Rennes à vive allure et se dirige vers le sud-est. Évidemment, si Leïla en avait eu la possibilité, elle aurait mis sur écoute son portable ou elle y aurait téléchargé un logiciel pour le géolocaliser. Pas compliqué. Il y a pléthore d’applications sur le Net. Il lui aurait suffi d’accéder à son iPhone. Elle a soumis l’idée à Simone, l’épouse trompée, mais elle a refusé : « Par souci éthique », a-t-elle répondu. Plus probablement par manque de courage. Son mari ne se séparait jamais de son portable. Tant pis, Leïla a plusieurs cordes à son arc. L’Uber gagne la banlieue rennaise. La Chanterie. Elle espère qu’il ne va pas s’engager sur la voie rapide. Le suivre sans être repérée serait plus difficile. À la sortie d’un rond-point, la Volvo entre sur le parking d’un hôtel Formule 1. Pas terrible. L’employé pourrait s’offrir mieux. Leïla se gare plus loin. A priori, sa filature a été discrète, même si son fourgon, lui, ne l’est pas. Leïla photographie l’homme à sa descente de voiture. Il s’approche de la porte d’accès et sort son mobile. Son appel est bref. Un véhicule arrive et se range près de lui. Un homme en descend. Ce n’est pas la première fois qu’elle le voit. Enfin, se dit Leïla. Boulot facile. Ils ne se cachent pas. Nouvelles photos. L’homme pianote sur le clavier de l’entrée et introduit une carte bancaire. Vraiment aucune précaution. Tu es trop sûr de toi, mon gars. Les deux amants entrent, main dans la main. Le travail de Leïla n’est pas terminé. Un avocat pourrait facilement mettre à mal ces preuves. C’est inventif, un avocat. Et puis la loi a évolué sur l’infidélité d’un époux. Un adultère n’est plus considéré comme un motif de divorce, sauf s’il porte préjudice à l’autre conjoint. Leïla va établir le préjudice de sa cliente en lui ôtant tout doute sur la relation extraconjugale de son bellâtre. Au tour de ma libellule de jouer. Elle délaisse son appareil photo et déplie une caisse métallique. Elle en sort un drone, une commande et un casque DJI. Une petite révolution dans le domaine du vol à distance. Sous le masque noir ajusté sur ses yeux vont défiler les images en trois dimensions captées par l’engin. Il lui a fallu plusieurs heures d’entraînement pour maîtriser sa libellule, la