Author/Uploaded by Valentin Hoisnard
Double VisageValentin Hoisnard « Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays. L’auteur ou l’éditeur est seul propriétaire des droits et responsable du contenu de ce livre. »« Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégra...
Double VisageValentin Hoisnard « Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays. L’auteur ou l’éditeur est seul propriétaire des droits et responsable du contenu de ce livre. »« Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayant droit ou ayant cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle »Édition : Hoisnard Valentin – 4 rue Grange Dame Rose, 78 140 Vélizy-Villacoublay Table des matièresChapitre 1Chapitre 2Chapitre 3Chapitre 4Chapitre 5Chapitre 6Chapitre 7Chapitre 8MorganeChapitre 9Chapitre 10MorganeChapitre 11Chapitre 12MorganeChapitre 13Chapitre 14Chapitre 15Chapitre 16MorganeChapitre 17Chapitre 18Chapitre 19Chapitre 20MorganeChapitre 21Chapitre 22Chapitre 23Chapitre 24MorganeChapitre 25Chapitre 26Chapitre 27Merci !Autres livres Chapitre 1Mon stylo bleu s’active sur mes feuilles blanches raturées. Une goutte de sueur fend mon visage en deux et serpente jusqu’au bout de mon nez avant de s’écraser sur le bord de la table.Mes mots s’emmêlent sur mes brouillons. Je regarde ma montre. L’heure passe trop vite. Ma jambe gauche tremble sous la table où des dizaines de chewing-gums séchés sont collés. Je m’essuie le front avec le dos de ma main droite. Celle de gauche s’occupe d’écrire toujours plus de mots. Mon esprit tente de déchiffrer les questions imprimées sur l’énoncé. Mon pire cauchemar. L’origine de mes tourments des derniers jours.Je regarde à nouveau ma montre. Le temps passe trop vite. Mon cœur s’accélère. Je devrais recopier mes réponses au propre maintenant. Je ne peux pas tout faire. Impossible.J’en ai marre de tous ces examens ! Le droit, c’est vraiment compliqué.Allez, tu as déjà encaissé deux ans. Encore un pour obtenir ta licence et deux supplémentaires pour ton master.Autour de moi, chaque élève est plongé dans sa copie. Certains semblent rassérénés, concentrés et sûrs d’eux. D’autres dorment simplement en sachant pertinemment que, en septembre, ils passeront le rattrapage si leur note n’est pas trop catastrophique.Et il y a moi. Stressé. Pas confiant. Suant à grosse goutte dans cette salle silencieuse où l’odeur stagnante de testostérone devient lourde. Où les mouches commencent à tourner autour des élèves aux auréoles prépondérantes.Et puis il y a Morgane. Juste devant moi. Celle qui m’attire depuis la fin du lycée. À cette époque, je la voyais déambuler dans les couloirs de l’établissement sans qu’elle daigne me remarquer. J’étais un fantôme pour elle. Et finalement, ça m’allait. En vérité, je n’avais pas d’autre choix que d’accepter sans rechigner.Je l’observais sans arrêt. J’avais toujours un regard pour elle. Parfois même maladroit. Cependant, jamais je n’osais grimper jusqu’à ses iris bleus par peur qu’elle détourne la tête en me voyant.Evan, mon meilleur ami depuis la seconde, se permettait de m’envoyer plusieurs réflexions bienveillantes sur mon comportement quelque peu étrange vis-à-vis de Morgane. Une mise en garde à prendre en considération.Je croyais tout ça derrière moi lorsque le baccalauréat s’est achevé. Et, contre toute attente, j’avoue avoir été le plus heureux lorsque j’ai appris que Morgane serait dans la même fac que moi, de surcroît dans les mêmes cours !La réalité me rattrape et le tableau blanc avec l’heure de fin écrite au feutre noir s’apparente à une menace. Mon cœur bat la chamade face à tous mes souvenirs qui s’imbriquent les uns aux autres. Face à l’énoncé devant mes yeux. Face à la chevelure blonde de Morgane qui suit les courbes de ses omoplates dessinées sous son débardeur vert. Elle est légèrement courbée vers l’avant, concentrée sur sa feuille.Je secoue la tête et dévisage mes brouillons. Je ne vois que le chaos. Une impression de n’avoir rien produit de satisfaisant en trois heures. Rien de bon.Mon poignet gauche se tourne machinalement, comme un réflexe de survie. Ma montre. Mon pire ennemi me fait face. Le temps ne s’arrête pas. Il défile. Sans cesse. Le bruit de cloche annonçant la fin est de plus en plus proche. Jamais il ne faiblit.Oui, le temps est ton pire ennemi, Thomas.Je déglutis et essuie mes mains moites sur mon tee-shirt noir. Je souffle. Attrape mon stylo dans ma main gauche endolorie par l’écriture.Courage, tu vas y arriver Thomas.Le temps défile. Il ne s’arrêtera pas. Je me crispe.Jamais.Je m’approche du grand portail vert semi-ouvert. Il donne sur le parking de l’établissement. Derrière les grilles, assis sur un des bancs vides, près de sa voiture garée de travers, je rejoins Evan. Il contemple le vide, sans but particulier. Son esprit l’enivre de pensées diverses. Il imagine certainement son père qui l’attend de pied ferme à la maison, les sourcils froncés, jamais satisfait de son fils comme s’il regrettait qu’il soit venu au monde. Comme si c’était de sa faute si sa mère était décédée l’année dernière d’un cancer du sein.— Alors ? dis-je en m’asseyant à côté de lui. T’as réussi l’épreuve ?Mon meilleur ami semble revenir parmi nous. Il me sourit et passe une main dans ses cheveux noirs crépus. Son visage basané me dévisage avec espièglerie. Il impose un certain respect.Lui, au moins, il a confiance en lui.— Oui, plutôt bien, même si la troisième page de questions m’a donné du fil à retordre. La fiscalité, ce n’était pas l’épreuve la plus simple. Et toi ? Tu as appris quelque chose dans la belle chevelure de Morgane ?Ses yeux marron foncé pétillent de malice. Mon cœur tambourine plus fort. Il semble vouloir jaillir de ma poitrine. La perforer.Evan est le seul à savoir qu’elle me plaît. Il aime bien me taquiner sur le sujet et sait pertinemment qu’il peut m’irriter par moments.— Ne dis pas de bêtises, j’étais concentré sur ma feuille !Mon meilleur ami tourne son visage en direction du grillage usé qui clôture l’établissement. Il perd son sourire joueur et le remplace par une mine plus grave.— Un jour, il faudra quand même que tu ailles la voir, Thomas, me conseille-t-il plus sérieusement. Excuse-moi pour ce que je vais te dire, mais tu ne peux pas