Elizabeth

Sommaire Couverture Titre Prologue - Septembre 2022 1 - La princesse Elizabeth Alexandra Mary 2 - La reine Victoria 3 - Dans le sang 4 - Lilibet 5 - Mlle Crawford et Mme Simpson, Mlle Giuffre et Mlle Markle 6 - Philip 7 - Les hommes 8 - Fiançailles 9 - Le mariage 10 - Charles Philip Arthur George 11 - Bonheurs et malheurs 12 - Devoir… et sacrifice 13 - Vies privées 14 - Affaires de famille 15 - « Faites donc preuve d'un peu de sollicitude » 16 - « Comment était-elle vraiment ? Qu'a-t-elle vraiment accompli ? » 17 - Journaux intimes Épilogue - Septembre 2022 Sources et remerciements Cahiers photos Crédits photographiques Copyright Points de repère Elizabeth Début du contenu Couverture Prologue Septembre 2022 En ce mardi 6 septembre 2022, Elizabeth II est reine depuis exactement soixante-dix ans et sept mois – 25 780 jours. Je suis installé dans la bibliothèque royale du château de Windsor – dans la galerie Elizabeth Ire, la troisième des trois remarquables salles qui constituent la bibliothèque et abritent ses nombreux trésors, de la bible d’Henri VIII au premier recueil des œuvres théâtrales de Shakespeare, que le roi Charles Ier a lu – et annoté – en attendant son exécution en janvier 1649. Tandis que je me lance dans la rédaction de cet ouvrage, le récit de la vie d’Elizabeth II qu’il est prévu de publier après son décès, cette splendide bibliothèque me semble le lieu idéal pour réfléchir aux mystères de la monarchie et à son emprise étrange et toujours d’actualité sur l’imaginaire collectif. Chez nous, au Royaume-Uni, les rois et les reines sont depuis plus de mille ans au cœur de l’histoire de l’île. Curieusement, aujourd’hui, au XXIe siècle, alors que le souverain n’est plus un monarque exécutif et ne détient plus de pouvoir à proprement parler, la famille royale britannique fait encore l’objet d’une authentique fascination partout dans le monde. Autrefois à la tête d’un empire étendu aux quatre coins de la planète, le Royaume-Uni a perdu tout cela. Nous ne sommes plus que le vingt et unième pays le plus peuplé au monde, fort de la sixième plus importante économie, pourtant tous les sondages indiquent que notre souveraine reste le chef d’État le plus connu de la Terre. Elizabeth II est un personnage d’envergure mondiale ; son règne est le plus long de notre histoire, et elle est sans doute le monarque le plus aimé et le plus respecté dans notre pays comme à l’étranger. Le château de Windsor est le plus ancien et le plus vaste château habité au monde. Bâti par Guillaume le Conquérant au XIe siècle, après l’invasion de l’Angleterre par les Normands en 1066, il héberge des rois et des reines depuis l’époque d’Henri Ier, qui a régné de 1100 à 1135. Elizabeth II a souvent déclaré que c’était sa demeure « préférée ». Ce matin, en me tournant sur ma droite, j’aperçois par la fenêtre deux gardes qui marchent sous les remparts entre leurs guérites, dans la cour en contrebas, éclairés par un soleil de fin d’été. À ma gauche, sur la table qui me fait face, est posé un petit psautier – un recueil de psaumes – en français qui a appartenu à Elizabeth Ire quand elle était adolescente, dans les années 1540, avant de devenir reine. En le feuilletant (après en avoir obtenu l’autorisation), je me suis émerveillé en lisant le poème écrit par la jeune princesse à l’arrière de l’ouvrage, suivi de son prénom, rédigé d’une écriture claire et élégante. Comme son frère Édouard (le futur Édouard VI), Elizabeth (qui avait comme lui Henri VIII pour père) a appris à maîtriser la fine écriture script italique développée dans les premiers temps de la Renaissance. En 1547, la jeune princesse Elizabeth envoie un portrait d’elle-même à son frère Édouard, accompagné d’une lettre dans laquelle elle décrit ce tableau comme étant « l’ombre extérieure du corps » et exprime le vœu que son « esprit intérieur » soit plus souvent réuni avec celui de son frère. Assis dans cette pièce, je prends conscience que tel est le défi qui m’attend dans la rédaction de cet ouvrage : vous présenter l’« esprit intérieur » d’Elizabeth II, lointain successeur d’Elizabeth Ire. Son « ombre extérieure » vous est connue, vous savez reconnaître notre reine. Ayant vécu si longtemps, Elizabeth II a, plus que quiconque au monde, été dessinée ou photographiée. Elle a été représentée sur scène et à l’écran, dans des pièces de théâtre, des films, des séries, en personnage de cire, en marionnette et même en avatar. Mais qu’en est-il de sa personnalité ? Qui est Elizabeth II ? Quelle est la nature de son « esprit intérieur » ? La Reine n’est pas présente au château aujourd’hui. Elle s’est rendue à Balmoral – où elle accomplit son devoir, comme toujours. Tandis que je suis ici, à Windsor (à l’invitation de Son Altesse Royale la duchesse de Cornouailles, qui sera devenue reine consort à l’heure où vous lirez ces lignes), Sa Majesté se trouve dans le salon du château de Balmoral, dans l’Aberdeenshire, en Écosse – son autre demeure « préférée », un lieu doté d’une « atmosphère unique », pour reprendre ses propres termes. C’est une résidence royale depuis 1852, lorsque le prince Albert l’a acquise en vue d’en faire un lieu de retraite écossais pour son épouse la reine Victoria. Aujourd’hui, Elizabeth II, arrière-arrière-petite-fille de Victoria, porte une jupe écossaise, un chemisier lavande et un cardigan assorti. Son sac à main favori suspendu au bras gauche, elle s’appuie sur une canne ayant appartenu à feu son époux en attendant l’arrivée de Boris Johnson, son quatorzième Premier ministre. Il est venu à Balmoral avec son épouse Carrie afin de remettre sa démission à sa souveraine. Peu après, Sa Majesté doit recevoir Liz Truss et son mari, Hugh O’Leary. Également prénommée Elizabeth, Mme Truss, quinzième Premier ministre de la Reine, est née en 1975. Sir Winston Churchill, le premier d’entre eux, a