Author/Uploaded by Franck Thilliez
Ce livre numérique est une création originale notamment protégée par les dispositions des lois sur le droit d’auteur. Il est identifié par un tatouage numérique permettant d’assurer sa traçabilité. La reprise du contenu de ce livre numérique ne peut intervenir que dans le cadre de courtes citations conformément à l’article L.122-5 du Code de la Propriété Intellectuelle. En cas d’utilis...
Ce livre numérique est une création originale notamment protégée par les dispositions des lois sur le droit d’auteur. Il est identifié par un tatouage numérique permettant d’assurer sa traçabilité. La reprise du contenu de ce livre numérique ne peut intervenir que dans le cadre de courtes citations conformément à l’article L.122-5 du Code de la Propriété Intellectuelle. En cas d’utilisation contraire aux lois, sachez que vous vous exposez à des sanctions pénales et civiles. FRANCK THILLIEZ LA FAILLE « Un mourant, qui comptait plus de cent ans de vie, Se plaignait à la Mort que précipitamment Elle le contraignait de partir tout à l’heure, Sans qu’il eût fait son testament, Sans l’avertir au moins. » « La Mort et le mourant »,Jean de La Fontaine « Elle dort mon amour ! Puisse son sommeil être profond aussi bien qu’éternel ! Que les vers du tombeau rampent doucement autour d’elle ! » « La dormeuse », Edgar Allan Poe « L’homme était-il donc à la fois si puissant, si vertueux et magnifique, et, d’autre part, si vicieux et si bas ? » Frankenstein ou le Prométhée moderne,Mary Shelley SOMMAIRE Titre Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Chapitre 11 Chapitre 12 Chapitre 13 Chapitre 14 Chapitre 15 Chapitre 16 Chapitre 17 Chapitre 18 Chapitre 19 Chapitre 20 Chapitre 21 Chapitre 22 Chapitre 23 Chapitre 24 Chapitre 25 Chapitre 26 Chapitre 27 Chapitre 28 Chapitre 29 Chapitre 30 Chapitre 31 Chapitre 32 Chapitre 33 Chapitre 34 Chapitre 35 Chapitre 36 Chapitre 37 Chapitre 38 Chapitre 39 Chapitre 40 Chapitre 41 Chapitre 42 Chapitre 43 Chapitre 44 Chapitre 45 Chapitre 46 Chapitre 47 Chapitre 48 Chapitre 49 Chapitre 50 Chapitre 51 Chapitre 52 Chapitre 53 Chapitre 54 Chapitre 55 Chapitre 56 Chapitre 57 Chapitre 58 Chapitre 59 Chapitre 60 Chapitre 61 Chapitre 62 Chapitre 63 Chapitre 64 Chapitre 65 Chapitre 66 Chapitre 67 Chapitre 68 Chapitre 69 Chapitre 70 Chapitre 71 Chapitre 72 Chapitre 73 Chapitre 74 Épilogue Note au lecteur Du même auteur Copyright 1 C’était un de ces dimanches soir d’automne, de ceux qui décrochaient les dernières feuilles des arbres, où la plupart des gens restaient cloîtrés chez eux, dans la douceur enveloppante de leur foyer, à regarder la télé, coucher leurs enfants ou lire un bon livre près de la cheminée. Audra Spick et Nicolas Bellanger, eux, planquaient, tous feux éteints, sur un chemin de terre enfoncé dans la campagne gorgée des récentes pluies glacées de novembre. De cet emplacement, les deux flics de la Brigade criminelle avaient une vue dégagée sur la seule route permettant d’accéder à cette partie du bois de Vaugien, s’étalant de part et d’autre de la frontière entre les Yvelines et l’Essonne. Un peu plus loin, une voie perpendiculaire à cette communale se perdait entre les arbres pour mener à un recoin invisible où il était possible de garer un véhicule à l’abri des regards. C’était cet endroit précis qui intéressait les policiers. Nicolas roula en boule l’emballage aluminium de son sandwich, le fourra dans le vide-poches déjà encombré et considéra sa compagne, qui s’arc-boutait comme elle pouvait, les bras tendus au-dessus d’elle jusqu’à toucher le plafond. À cinq mois de grossesse, elle supportait de moins en moins l’immobilité qu’imposaient ces planques. — Ça fait un moment que tu ne devrais plus quitter les bureaux, Audra. Le stress, tout ça, ce n’est pas bon pour le bébé. Audra se relâcha, repositionna son pull en laine sur son ventre arrondi et rabattit contre elle les pans de son blouson à col mouton avant de se recroqueviller. Avec le moteur à l’arrêt, le froid régnait dans l’habitacle. Nicolas remettait le contact de temps en temps, mais ça ne suffisait pas à la réchauffer durablement. — On papote, on écoute du Nick Cave et on s’enfile des parts de flan coco de chez Paul. Je ne vois pas où est le stress. Nicolas adorait ses fossettes quand elle lui souriait. Dans ces moments-là, une lumière de cinéma semblait glisser sur son visage. Elle savait y faire pour l’amadouer, mais il en toucherait quand même un mot à Sharko. Il était quasiment 22 heures, et Audra aurait dû être tranquillement installée sur leur canapé, pas ici, au milieu de nulle part, à espérer qu’un monstre de la pire espèce vienne assouvir ses sinistres fantasmes. Le corps d’une femme avait été découvert par hasard cinq jours plus tôt, à quelques dizaines de mètres du renfoncement qu’ils surveillaient, grâce au chien d’un chasseur. L’animal avait dévié de sa trajectoire et entrepris de gratter le sol en poussant des gémissements. Un bras nu avait alors été déterré. Dans la panique, son maître avait composé le 17, étincelle qui avait mis en branle la machine judiciaire. Vu la nature du crime – mutilations au niveau de l’abdomen, actes de torture, brûlures électriques –, le 36 avait immédiatement été saisi, même si la scène se situait en dehors de sa juridiction : avec la multiplication des affaires sordides ces derniers mois, on exigeait la crème de la police sur cette affaire. Les diverses analyses pratiquées, sur place et en laboratoire, avaient révélé que la victime, tuée entre quatre et sept jours auparavant selon le légiste, avait été déterrée puis enterrée plusieurs fois. Sous l’éclairage de la lampe Polilight de l’Identité judiciaire, des traces de liquide séminal étaient apparues sur le corps, sur l’avant comme sur l’arrière, mais aussi aux abords, ce qui signifiait que l’individu revenait sur les lieux, exhumait le cadavre et se masturbait au-dessus de lui. Un prédateur qui peinait à abandonner sa proie sans vie. Les recherches ADN n’avaient rien donné. On ignorait qui était cette femme dont on estimait l’âge à une cinquantaine d’années. Quand on l’avait trouvée, le spectacle n’avait pas été joli à voir. Un télégramme en onze points, qui décrivait le cadavre et détaillait les circonstances de la découverte, avait été envoyé par l’état-major du 36 à