Les cent ans de Lenni et Margot

Cet ouvrage est la traduction intégrale, publiée pour la première fois en France, du livre de langue anglaise The One Hundred Years of Lenni and Margot, publié par Harper Perennial. © Marianne Cronin, 2021. Couverture : Laetitia Stephany d’après une maquette originale de PenguinRandom House, © Irene Martin Costa / TW © Librairie Arthème Fayard, 2023, pour la traduction française. ISBN : 978-2-863-74809-1 Dépôt légal : avril 2023. Table des matières Couverture Page de titre Page de copyright Première partie Lenni Lenni et le prêtre Lenni et la question Lenni et l'Inter Lenni et la salle d'arts plastiques Fugitive Lenni et Margot Lenni fait la connaissance de ses pairs 17 ans Lenni et Margot se réjouissent Les Cent ans de Lenni et Margot Un matin de 1940 Lenni et Nouvelle Infirmière Un soir de 1941 Lenni et le pardon, première partie Margot et la nuit Lenni et le pardon, deuxième partie Le premier baiser de Margot Macrae Margot se marie Le père Arthur et le sandwich Le premier hiver Lenni emménage à Glasgow Fleurs de mai Le premier et unique baiser de Lenni Pettersson Margot et l'homme sur la plage Le père Arthur et la moto Le deuxième hiver Lenni Deuxième partie Lenni Margot et le journal Lenni et la Salle Rose Lenni et le Festival des Moissons Margot et la bouteille Lenni et Margot et les choses qu'on ne peut pas dire Lenni et la voiture Margot a des ennuis Vingt-cinq années Margot et la carte La mère de Lenni Lenni et Margot vont se promener Des poulets et des étoiles Margot et le Professeur Lenni et l'homme près de la fin Meena et Margot et les choses que vous ne pouvez pas dire Lenni et les petites surprises Margot et l'anniversaire Lenni et la messe Margot et le président Hô Chi Minh Un échange de richesses Lenni et l'homme qui était autrefois le centre de son univers Margot et la route Troisième partie Lenni Margot et l'astronome Mon ami, mon ami Margot se marie Lenni et le premier au revoir Soixante Margot et le soleil P Lenni et Margot dans le pétrin Verboten Quand les planètes s'alignent Célébrons l'heureux hasard de ta naissance Argent J'ai bien trop chéri les étoiles Matin Lumière… Aube… Jour Margot et la boîte Vieil ami Anniversaire Margot Encore Margot Grand-chose Le bonsoir de Margot La dernière page de Lenni Remerciements Première partie Lenni Quand les gens disent « terminal », je pense à un aéroport. Je visualise une vaste zone d’enregistrement avec de hauts plafonds et des murs de verre, des employés aux uniformes assortis prêts à enregistrer mon nom et les détails de mon vol, à me demander si j’ai fait mes valises moi-même, si je voyage seule. Je m’imagine l’expression vide des passagers qui regardent les écrans, les familles qui s’embrassent en se promettant que ce ne sera pas la dernière fois. Et je me vois entre eux, faisant rouler ma valise sur les sols cirés avec une telle aisance que j’ai l’impression de flotter, tandis que je cherche ma destination sur les panneaux. Je suis obligée de m’extirper de tout ça et de me rappeler que ce n’est pas le type de terminal qui m’attend. Ils ont commencé à parler d’« espérance de vie limitée », à présent. « Des enfants et des adolescents à l’espérance de vie limitée… » L’infirmière dit ça gentiment, en expliquant que, désormais, l’hôpital propose un service d’assistance psychologique aux jeunes patients en stade « terminal ». Elle hésite, le rouge lui monte aux joues. — Désolée. Je voulais dire à l’espérance de vie limitée. Désirez-vous vous y inscrire ? La conseillère pouvait se déplacer à mon chevet, ou bien je pouvais me rendre dans la salle dédiée à l’assistance psychologique pour adolescents. Ils y ont installé une télé, maintenant. Les choix semblent infinis, mais le terme n’est pas nouveau pour moi. J’ai passé de nombreux jours à l’aéroport. Des années. Et pourtant, je ne me suis jamais envolée. Je Lenni et le prêtre Je suis allée à la rencontre du Seigneur, parce que c’est l’une des seules choses à faire ici. Les gens affirment que si vous mourez, c’est parce que Dieu vous rappelle à Lui, alors j’ai songé qu’il valait mieux anticiper les présentations. J’avais aussi entendu dire que la loi oblige le personnel hospitalier à vous laisser aller à la chapelle de l’hôpital si vous avez des croyances religieuses, et je ne comptais pas laisser passer l’occasion de visiter une pièce où je n’étais encore jamais entrée tout en faisant du même coup la connaissance du Tout-Puissant. Une infirmière que je n’avais encore jamais vue, et dont les cheveux étaient rouge cerise, m’a prise par le bras et m’a accompagnée le long des couloirs des morts et des mourants. J’ai savouré chaque nouvelle scène, chaque nouvelle odeur, chaque pyjama désassorti que j’ai croisé. Je suppose qu’on pourrait dire que ma relation avec Dieu est compliquée. Si j’ai bien compris, il est une sorte de puits aux souhaits cosmique. Une ou deux fois, j’ai demandé des trucs, et il a livré la marchandise. En d’autres occasions, il n’y a eu que du silence. Ou, comme j’ai commencé à le penser ces derniers temps, toutes les fois où je croyais que Dieu se taisait, il était en train de déposer discrètement un peu plus de folie dans mon corps, une sorte de « Va te f… » pour avoir osé le défier, mais que je ne découvrirais que bien des années plus tard. Un trésor enfoui qu’il me revenait de dénicher. Quand on est arrivées