Author/Uploaded by Jonathan Kellerman
Titre original : The Wedding Guest This edition published by arrangement with Ballantine Books,an imprint of Random House,a division of Penguin Random House LLC© 2019 by Jonathan Kellerman ISBN 978-2-02-151549-7 © Éditions du Seuil, mars 2023, pour la traduction française www.seuil.com Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. Pour Teddy TABLE DES MATIÈRES TitreCopyrightDédicaceChapitr...
Titre original : The Wedding Guest This edition published by arrangement with Ballantine Books,an imprint of Random House,a division of Penguin Random House LLC© 2019 by Jonathan Kellerman ISBN 978-2-02-151549-7 © Éditions du Seuil, mars 2023, pour la traduction française www.seuil.com Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. Pour Teddy TABLE DES MATIÈRES TitreCopyrightDédicaceChapitre 1Chapitre 2Chapitre 3Chapitre 4Chapitre 5Chapitre 6Chapitre 7Chapitre 8Chapitre 9Chapitre 10Chapitre 11Chapitre 12Chapitre 13Chapitre 14Chapitre 15Chapitre 16Chapitre 17Chapitre 18Chapitre 19Chapitre 20Chapitre 21Chapitre 22Chapitre 23Chapitre 24Chapitre 25Chapitre 26Chapitre 27Chapitre 28Chapitre 29Chapitre 30Chapitre 31Chapitre 32Chapitre 33Chapitre 34Chapitre 35Chapitre 36Chapitre 37Chapitre 38Chapitre 39Chapitre 40Chapitre 41Chapitre 42Chapitre 43Chapitre 44Chapitre 45Chapitre 46Chapitre 47Chapitre 48Chapitre 49Chapitre 50 1 No Regrets. Soit « Sans regrets ». Quel nom stupide pour un « cocktail signature ». Brears avait déniché sur Internet la recette de cette mixture à base de tequila et de Baileys. Leanza en avait avalé sept shots ; en y ajoutant les tubes au rythme d’enfer imposé par le DJ et le vin rosé avant la cérémonie, elle avait l’impression que sa vessie était sur le point d’éclater. Parvenue aux toilettes, elle constata qu’une file s’étirait jusque dans le couloir. Cette pièce minuscule avait quelque chose de pathétique, se résumant à deux cabines à cause de ce qu’avait été autrefois l’endroit. Leanza prit place au bout de la queue, certaine que sa vessie céderait sous peu. Sans regrets. Mais oui, bien sûr… La semaine précédente, lors de l’enterrement de vie de jeune fille, à Las Vegas, Brears n’avait eu que des regrets après avoir ingurgité dix shots de son cocktail signature créé pour ce jour particulier, un breuvage à base de rhum agrémenté d’un liquide orangé pétillant et sucré. Quelques jours auparavant s’était déroulée la fête prénuptiale, là encore marquée par un cocktail signature, cette fois composé de champagne et de soda aromatisé au pamplemousse, avec en décoration une figurine en plastique représentant une mariée. Tout devait être « sur mesure » pour Brears, qui, depuis qu’elle avait pris l’habitude d’employer cette expression, ne pouvait plus s’en passer. Le jour où l’un de ses parents rendrait l’âme, elle concocterait certainement un cocktail signature pour l’occasion. Pendant l’enterrement de vie de jeune fille, elle avait descendu ses shots plus rapidement que quiconque. Affalée sur le canapé de la suite, les jambes écartées, elle multipliait les renvois parfumés à la pizza aux crevettes faite maison, une odeur qui, en vérité, évoquait plutôt le fond d’un aquarium. Soudain, elle se mit à parler, visiblement au bord des larmes, et avoua combien elle regrettait son mariage à venir avec Garrett. – Qu’est-ce qui m’a pris, bon sang ? Les autres filles la rassurèrent en affirmant que c’était un mec génial, qu’elle avait pris la bonne décision. Brears but, rota. On aurait dit qu’elle allait s’endormir mais elle garda les yeux ouverts. Deux shots supplémentaires lui suffirent pour déclarer qu’elle était folle amoureuse de Garrett. – Enfin, je crois… ajouta-t-elle. Puis elle éclata en sanglots. C’est alors qu’intervinrent les strip-teaseurs, sautillant comme des poneys. Pompier/flic/cow-boy/maître-nageur. Ils furent tous à poil en quelques secondes. Pour le coup, Brears n’eut aucun regret. Leanza était certaine que Garrett, un mec vraiment sympa mais plutôt du genre intello coincé, était à mille lieues de se douter de ce qu’avait fait celle qui était désormais son épouse. Son cocktail signature n’avait rien d’original. Une bière blondasse aux flocons d’avoine ? Ce n’était même pas un cocktail, déjà. La pression s’accentuait dans l’estomac de Leanza, passant bizarrement d’un point à un autre, comme si elle avait avalé un rat à présent affairé à ronger sa vessie, et la file d’attente n’avait pas avancé d’un centimètre depuis qu’elle s’y était glissée. Deux femmes assez âgées, probablement des amies des parents de Brears ou de Garrett, prirent place derrière Leanza, commentant cette « charmante soirée ». Surtout vu ce « bâtiment ». – À propos, tu étais au courant que… ? souffla l’une à son amie. Gloussements. Re-gloussements. Les vieilles peaux ne devraient pas glousser ; on croirait entendre des écureuils pris de folie. Peut-être l’attente était-elle précisément due à l’une de ces grands-mères, incapable de déboucher sa tuyauterie… Soudain, Leanza vit approcher sa mère. Et merde… À peine capable de marcher, ses seins se balançant tandis qu’elle titubait vers le bout de la file. Leanza devina instantanément que sa mère insisterait pour avoir avec elle une conversation entre filles, comme pour lui prouver qu’elle était encore jeune… Mon Dieu, je vais exploser… Un détail lui revint alors à l’esprit. Au premier étage, les autres demoiselles d’honneur et elle s’étaient coiffées et maquillées dans une minuscule pièce bondée – elles avaient dû se débrouiller seules ; on aurait pu croire que Brears leur aurait prêté ses coiffeurs, mais non –, or il y avait également des toilettes là-haut. Leanza ne s’y était pas encore rendue, contrairement à Teysa ; en voyant celle-ci redescendre avec l’arrière de sa robe mal rabattu, elle avait ri en lui disant qu’elle donnait l’impression d’avoir tout juste pris un bon coup par-derrière. Teysa s’était esclaffée et Leanza l’avait aidée à rajuster sa robe. Le problème était que l’escalier se trouvait à l’autre bout du bâtiment, permettant sans doute d’accéder aux bureaux à l’époque où l’endroit était un club de strip-tease. Pouvait-elle s’y rendre sans que sa vessie cède ? Ne risquait-elle pas, une fois là-bas, de découvrir que quelqu’un d’autre avait eu la même idée, ce qui l’obligerait à redescendre ici pour se retrouver en bout de queue ? La seule autre option consistait à sortir discrètement dans la ruelle, à l’arrière, et à s’accroupir dans un recoin. Si un mec en profitait pour la reluquer, tant mieux pour ce petit veinard ; vu son état, elle s’en moquait éperdument. Malheureusement, cette option imposait une marche encore plus longue que pour atteindre l’escalier, puisqu’il fallait contourner tout le bâtiment. Non, hors de question. Ne restaient donc que deux possibilités : rester ici, où la file n’avançait pas, ou foncer vers l’escalier. Sa mère approchait ; elle l’apercevrait dans une