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Les Pennington s'en sortent tout seuls

Author/Uploaded by Marie Brazilier; Candice Carty-Williams


 
 
 
 
 Les Pennington s’en sortent tout seuls est dédié à toutes les mères célibataires. En particulier à celles qui se démènent pour élever leurs enfants en leur prodiguant de l’amour pour deux.
 
 
 DE LA MÊME AUTRICE
 Queenie, Calmann-Lévy, 2021
 
 
 
 
 « Allô ? Bonjour, c’est bien Nikisha ? Salut, c’est Dimple. Je suis la troisième de...

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 Les Pennington s’en sortent tout seuls est dédié à toutes les mères célibataires. En particulier à celles qui se démènent pour élever leurs enfants en leur prodiguant de l’amour pour deux.
 
 
 DE LA MÊME AUTRICE
 Queenie, Calmann-Lévy, 2021
 
 
 
 
 « Allô ? Bonjour, c’est bien Nikisha ? Salut, c’est Dimple. Je suis la troisième de la fratrie, si ça n’a pas changé depuis. Ça fait un bail, hein ? Tu vas bien ? Ouais, nan, pas trop en forme en fait. Je suis dans une situation un peu délicate à vrai dire, et je me suis souvenue de ce que t’avais dit, comme quoi je pouvais t’appeler en cas de… ah d’accord. Ouais. OK. Je t’envoie un texto avec mon adresse alors. OK. Ben, ouais, à tout de suite. »
 
 
 
 1 Leur père, Cyril Pennington, n’avait aucun type de femme en particulier. Il avait cinq enfants. Cinq enfants qu’il avait reconnus, de quatre femmes différentes. Mais reconnaître ses enfants ne signifiait pas verser une pension alimentaire, ni s’impliquer physiquement, mentalement ou émotionnellement. Reconnaître ses enfants, pour Cyril Pennington, c’était en gros être conscient d’en avoir cinq (d’ailleurs il en avait sans doute d’autres mais il n’allait pas mener l’enquête), se souvenir de leur nom, parfois leur souhaiter leurs anniversaires et leur demander de l’argent quand les temps étaient durs. Il travaillait comme chauffeur de bus, ne faisait pas grand grand-chose d’autre en dehors de son boulot, à part flirter avec les passagères, courir après des femmes bien trop jeunes pour lui et jouer aux dominos avec quelques connaissances chez le coiffeur situé près du dépôt de bus. Bien qu’il maîtrisât – sans le savoir – l’art du détachement, Cyril se voyait plutôt comme un bon vivant que comme un père ; malheureusement pour ses enfants, aucun d’eux ne tirait profit de ce trait de caractère. Nikisha Pennington était l’aînée. Impétueuse, déterminée et brillante, elle avait décidé depuis longtemps qu’avoir un homme dans sa vie n’était pas essentiel, qu’il fallait plutôt en trouver un quand elle en avait besoin et le lâcher quand ce n’était plus le cas. Elle n’avait pas de temps à perdre avec « le complexe d’Œdipe », théorie qu’elle trouvait d’ailleurs dégradante ; l’idée même qu’elle puisse écoper de problèmes liés au père alors que le sien avait toujours été absent, lui semblait tout simplement inconcevable. La mère de Nikisha s’appelait Bernice. Elle connaissait Cyril depuis un moment quand il coucha avec elle et la mit enceinte, car sa propre mère avait travaillé dans le cabinet dentaire de Delores (la mère de Cyril) et de son mari. Bernice, Jamaïcaine mince aussi fascinante que séduisante, d’un tempérament en apparence joyeux, était surtout dotée d’un franc-parler aussi destructeur que poétique. En grandissant, Nikisha en avait hérité, mais en usait avec parcimonie. Ensuite venait Danny Smith-Pennington. Sa mère, Tracy Smith, était une gentille petite Blanche très arrangeante, aux cheveux blonds coupés au carré, qui vivait près du dépôt de bus où travaillait Cyril. Ce dernier aidait Tracy à porter ses courses et les lui montait dans le triste escalier en pierre qui menait à son appartement, jusqu’au jour où elle l’invita à entrer boire une tasse de thé. Une fois Tracy enceinte, Cyril, toujours plein de bonne volonté, se jura de tout faire pour être présent dans la vie de cet enfant et dans celle de Nikisha, alors âgée de deux ans : pour la première fois, Cyril se mentit à lui-même. Trois ans plus tard, Cyril devint père de Dimple Pennington et d’Elizabeth Adesina. Elles n’étaient pas jumelles, simplement nées à trois semaines d’intervalle. Dimple arriva vingt et un jours en avance, en pleurant comme les bébés savent si bien le faire, tandis qu’Elizabeth (que ses proches surnommeraient Lizzie) naquit en silence, à terme, et comme déjà blasée par le monde où elle venait de naître. Cyril avait rencontré Janet, la mère de Dimple, dans une boîte de nuit d’Old Kent Road où il se produisait. Il jouait sous le nom de DJ Fireshot. C’est également ainsi qu’il avait surnommé la sono qu’il avait construite en Jamaïque, avant que Londres ne l’appelle. Janet lui plut parce qu’elle était plantureuse. D’habitude, il aimait les femmes plus fines et plus menues mais lorsque, derrière sa table de mixage, il aperçut sa lourde poitrine et ses fesses rebondies, il fut si transporté qu’il en fit tomber une bouteille de Red Stripe sur ses platines. Le corps tout entier de Janet piqua son intérêt et l’obséda sans relâche. Cyril lui promit monts et merveilles et, forcément, elle se retrouva à son tour avec un polichinelle dans le tiroir. Janet, une Indo-Jamaïcaine qui aspirait à devenir secrétaire juridique, ne savait rien des précédents marmots de Cyril, alors quand elle découvrit leur existence, elle eut le cœur brisé, devint livide, mais cacha sa déception. Certes, elle voulait un enfant, mais elle pensait avoir trouvé en Cyril un homme qui les aimerait et les soutiendrait, et non un pauvre type capable de déballer au pied levé soixante-quinze bonnes raisons pour justifier qu’il lui était impossible de payer la pension alimentaire cette semaine, mais qu’il « pourrait sûrement les aider d’ici quinze jours ». La maman de Lizzie s’appelait Kemi Adesina, c’était une infirmière que Cyril avait rencontrée en rendant visite à sa mère Delores à l’hôpital. Kemi, l’incarnation même de la dignité, était athlétique, avait le cou fin et allongé. Fière et robuste Yoruba, elle s’était beaucoup investie dans cette relation faste et entière, avec l’homme qui allait devenir le père de son enfant. Lorsqu’elle comprit que ça n’allait pas être le cas, elle résuma sa rencontre avec Cyril à une erreur de jugement et ne lui adressa plus la parole jusqu’au jour où Lizzie lui demanda où était son père. Ce fut environ neuf ans après sa conception. Kemi appela Cyril, échangea quelques politesses puis lui passa sa fille au téléphone. Quand Nikisha eut dix ans, Cyril rendit visite à son aînée

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