PPDA le prince noir

Couverture : Le Petit Atelier Photo de couverture : Patrick Poivre d’Arvor à Cannes en 1985 © Laurence Sudre. All rights reserved 2023 Bridgeman Images ISBN : 978-2-213-72470-6 Dépôt légal : février 2023 Cet ouvrage contient de nombreux témoignages de femmes portant différentes accusations à l’encontre de Patrick Poivre d’Arvor. Confronté à des mises en cause dans le cadre de procédures pénales engagées, celui-ci a réfuté ces accusations en précisant notamment : « J’ai contesté à chaque fois cette description, ce n’est absolument pas moi, il m’est arrivé de passer d’une femme à une autre et certaines ont pu être choquées et en être malheureuses. Je ne cherche pas à paraître plus angélique que je suis, mais je tiens à dire que je respecte les femmes. » À l’heure actuelle, les procédures sont en cours et Patrick Poivre d’Arvor bénéficie de la présomption d’innocence. Si certains faits sont prescrits, certains autres pourraient donner lieu à une instruction voire à un jugement. © Librairie Arthème Fayard, 2023. Table des matières CouverturePage de titrePage de copyrightENQUÊTER SUR LE SYSTÈME PPDA10 JUILLET 2008, LE PREMIER JOUR DU RESTE DE SA VIE« CE QUI NE PEUT ÊTRE ÉVITÉ, IL FAUT L'EMBRASSER »Le Petit Prince VIERGEPERSONNE NE PARLELE PACTELe prince narcissique « PENDANT DIX ANS, JE N'AI JAMAIS ENVOYÉ UNE FILLE EN STAGE A TF1 »ALEXIS DORGEL, LE MÂLE CONNUAFFAIRE CASTRO : PATRICK LE FAUSSAIRELe prince cachottier SOLENNLe prince en noir et blanc « CLAIRE », LA PREMIÈRE FAVORITELE PIÈGE : MATHILDEAFFAIRE BOTTON : PATRICK LE TOUT-PUISSANTLe prince à l'écran LE CÉRÉMONIAL DU 20 HEURESM. LA MYSTÉRIEUSE« TOUT LE MONDE SAVAIT »LA GARDE RAPPROCHÉECALOMNIELe prince à la barre LA VENGEANCE DANS LA PLUMEPATRICK PLAGIAT D'ARVORLES FANTÔMES, DE LCI À RADIO CLASSIQUEAFFAIRE ARISTOPHIL : PATRICK LE COLLECTIONNEURLe prince pince LA MORT DE DON JUAN ?SOUS LES YEUX DE SOLENNLe Prince Noir RENDEZ-VOUS MANQUÉ AVEC L'IMMORTALITÉLES SEPT DATES CAPITALES DE PPDANOTESREMERCIEMENTS PROLOGUE ENQUÊTER SUR LE SYSTÈME PPDA « La vérité d’un homme, c’est d’abord ce qu’il cache1. » André Malraux Depuis un an et demi, je tourne autour de quatre célèbres initiales : PPDA. J’en ai perdu le sommeil. Je passe en boucle les témoignages accablants de femmes qui accusent Patrick Poivre d’Arvor d’agression sexuelle et de viol. J’ai l’impression de m’être enfermé dans un obscur labyrinthe. À l’intérieur, je suis cerné par l’ampleur du phénomène PPDA, par toutes les autres facettes moins connues d’un seul et même personnage parfois présenté comme affabulateur, avare, faussaire, plagiaire… Cet homme puissant et protégé a survécu à toutes les affaires depuis quatre décennies. Je suis journaliste d’investigation et je travaille pour la télévision depuis ma sortie d’école de journalisme en 2005. J’ai commencé ma carrière dans le groupe TF1 comme reporter ; PPDA – à la toute fin de son règne – a lancé mes premiers sujets pour le 20 Heures. Quelle fierté, à l’époque, d’être cité à l’antenne par le journaliste le plus connu de France à la tête du premier journal télévisé d’Europe ! En 2008, au faîte de sa gloire, il était le présentateur préféré des Français. On l’a regardé, on l’a écouté, on lui a fait confiance. On l’a invité tous les soirs dans notre salon. Il faisait partie des meubles et presque de la famille avec sa tête de gendre idéal, son regard langoureux et sa voix mielleuse pour susurrer les nouvelles du soir. La vedette du petit écran avait le don d’ubiquité : sur le tapis rouge de Cannes, en tribune VIP à Roland-Garros, au marathon de New York, aux galas de bienfaisance, sur les pistes de Courchevel, sur une plage des Côtes-d’Armor, à la Foire du livre de Brive. À la une de Paris Match, il a exhibé ses conquêtes, sa vie personnelle et son chagrin après le suicide de sa fille Solenn. On a alors admiré son engagement dans la lutte contre l’anorexie chez les adolescentes. PPDA était archiconnu, reconnu, mais finalement inconnu. Même pour ses proches (qui ne parlent pas), ses téléspectateurs, ses ex-collègues, il reste une sombre énigme. Abasourdis et déconcertés, les Français découvrent aujourd’hui un tout autre visage du soi-disant séducteur du 20 Heures. En février 2021, une femme, seule, ose dénoncer la star des médias. Florence Porcel porte plainte pour deux viols en 2004 et 2009. Elle est la grenade qui a fait exploser l’affaire PPDA2. Au moment où j’écris ces lignes, au moins trente-cinq femmes ont témoigné devant la police judiciaire, vingt-deux ont porté plainte dont onze pour viol. Elles décrivent un lugubre cérémonial à TF1 après le JT avec le même modus operandi et toujours dans le même lieu : son bureau comme un piège. Elles dépeignent l’homme en pervers narcissique et prédateur sexuel. C’est parole contre paroles, le démenti d’un homme contre les plaintes de dizaines de femmes. Acculé, Patrick Poivre d’Arvor réfute catégoriquement, dans la presse et devant les enquêteurs, toutes les accusations à son encontre. Selon ses avocats : « M. Poivre d’Arvor n’a jamais agressé ni harcelé et encore moins violé quiconque, que cela soit, enfin, entendu3. » La ligne de défense de l’ex-star de la télévision : cette affaire ne serait qu’un « complot » ourdi par de « fausses victimes » malheureuses d’avoir été éconduites ou en mal de notoriété et uniquement attirées par « le pouvoir, la célébrité, l’argent et l’uniforme ». Il nie en bloc. Elles font bloc. Selon l’association MeTooMedia, au moins quatre-vingt-dix femmes se sont manifestées depuis le début de l’affaire PPDA déclenchée par les révélations de Florence Porcel, ouvrant ainsi un chemin pour la libération de la parole de femmes jusqu’alors silencieuses. Combien sont-elles encore à se taire et à se terrer, par honte, culpabilité et peur d’éventuelles représailles ? Depuis un an et demi, donc, je travaille à plein temps sur cette affaire. Je ne fais que ça : je lis PPDA, je mange PPDA, je regarde PPDA, je dors PPDA, je parle PPDA. Pas un jour sans qu’on m’interroge sur lui, tant il intrigue, révulse, passionne, divise, dérange… Cette enquête est la plus