Sublimation

SUBLIMATION Damien Leban THRILLER Table des matières Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Chapitre 11 Chapitre 12 Chapitre 13 Chapitre 14 Chapitre 15 Chapitre 16 Chapitre 17 Chapitre 18 Chapitre 19 Chapitre 20 Chapitre 21 Chapitre 22 Chapitre 23 Chapitre 24 Chapitre 25 Chapitre 26 Chapitre 27 Chapitre 28 Chapitre 29 Chapitre 30 Chapitre 31 Chapitre 32 Chapitre 33 Chapitre 34 Chapitre 35 Chapitre 36 Chapitre 37 Chapitre 38 Chapitre 39 Chapitre 40 Chapitre 41 Chapitre 42 Chapitre 43 Épilogue Remerciements BIBLIOGRAPHIE DE L’AUTEUR Devenir un lecteur privilégié… Laisser un commentaire… © Damien Leban – mars 2023 Copyright n° 00079162-1 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle, réservés pour tous pays. Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que « les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique, ou d’information », toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. Design de couverture © Damien Leban, 2023, Crédit photos : iStock (miljko, Sergio Leon, redhumv) Corrections : Yvette PETEK Relectrice : Delphine DOUCY-RONDEAUX ISBN : 9798388791948 « Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes, des événements ayant eu lieu, ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. » « These violent delights Keep creeping into my nights And they’re reading my rites And I’ll never sleep alone again » Violent Delights – CHVRCHES À Nathalie et Michèle, mes deux belles-mamans à qui je vais faire perdre la tête ! Chapitre 1 — Montrer ses émotions aux autres, c’est comme saigner à côté d’un requin. Camille écouta le conseil énigmatique de la conductrice sans réellement comprendre ce que ses propos sous-entendaient. Elle n’ajouta aucune explication, laissant la fillette perplexe, davantage troublée et aucunement plus rassurée. La ventilation bruyante crachait de l’air chaud dans l’habitacle afin de combattre le froid glacial de cet hiver interminable. Pourtant, Camille grelottait sous ses différentes couches de vêtements, son bonnet et ses gants troués. Ses membres tremblaient de manière incontrôlée même lorsqu’elle contractait ses muscles de toutes ses forces pour se raidir et lutter contre ces manifestations physiques. Elle avait peur. Elle avait la frousse même. Le regard de Camille se perdait dans le décor gris et morne d’une campagne à l’abandon qui défilait lentement derrière la vitre. Elle ne savait pas où on l’emmenait et personne n’avait pris la peine de lui expliquer les raisons de ce soudain transfert. On lui avait simplement ordonné de ranger toutes ses affaires et de se tenir prête à partir. Regrouper ses quelques vêtements et objets personnels ne lui avait pas pris longtemps. Ensuite, elle s’était contentée d’attendre, assise au bord de son lit, à fixer la peinture écaillée du mur et à compter les moutons. Quand la femme était venue la chercher, Camille n’avait pas posé de question. Elle s’était levée, l’avait suivie tel un chien docile. Personne n’avait daigné être présent pour marquer son départ, ce qui avait sans doute arrangé tout le monde et évité des moments de gêne. Il n’y a point d’adieu lorsqu’on n’a pas d’attaches. Les kilomètres s’alignaient au compteur tandis que la luminosité déclinait jusqu’à ce que l’obscurité s’impose. Camille appréhendait les nuits, instants propices aux mystères, aux exactions et aux silences inquiétants. Elle resta muette et immobile jusqu’au bout du trajet, attitude qui convint parfaitement à son accompagnatrice, occupée à fredonner la moindre chanson passant à la radio. À se vouloir invisible, Camille espérait secrètement que la femme l’oublierait à l’arrière de la voiture. Lorsqu’elles quittèrent un axe routier éclairé par de rares lampadaires pour s’engager dans un chemin caillouteux perdu dans la noirceur des paysages, Camille sut que sa tranquillité allait vite être rompue. Malgré les cahots, la conductrice ne ralentissait pas, sans doute pressée de larguer son colis et de retourner à des occupations plus joyeuses. Sur la banquette arrière, Camille était malmenée. La nausée montait à ses lèvres, ses tripes se tordaient, ses larmes s’écoulaient. Elle avait déjà vécu ces changements de lieux sans regrets mais sans certitude de trouver mieux ailleurs. Elle collectionnait les déceptions et redoutait désormais à chaque fois le pire. Le véhicule stoppa à proximité d’une bâtisse aux hautes fenêtres, la plupart laissant échapper des lumières blafardes. Comme si elle était attendue, des silhouettes apparurent dans les encadrements. À contre-jour, les yeux embués, Camille ne distinguait aucun visage et n’aurait su déterminer si sa venue allait être bien accueillie. — Allez gamine ! tonna la femme. Terminus, tout le monde descend ! Elle ouvrit la portière, un vent glacial et humide s’engouffra dans la voiture et fit tressaillir la jeune fille. Elle ne devait pas perdre le contrôle. Elle devait faire face, se montrer à la hauteur. Elle essuya ses larmes, renifla si fortement qu’elle avala sa morve et serra les dents à s’en broyer les mâchoires. À cet instant, elle aurait pu s’enfuir, prendre ses jambes à son cou et traverser toutes les terres inhospitalières face à elle jusqu’à ce qu’une bonne âme veuille bien la sauver. Elle aurait pu, sauf que pour accomplir de grandes choses, il faut avoir du courage ; pour accomplir un grand voyage, une destination. Camille, du haut de ses huit ans, préféra se cacher derrière l’imposante femme qui la devançait vers le perron de l’immeuble. La fillette tenait son sac à bout de bras, sans force, si bien