Author/Uploaded by Serena Giuliano
« Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de...
« Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. » © Éditions Robert Laffont, S.A.S., Paris, 2023. En couverture :Illustration : © Stéphane Levallois EAN : 978-2-221-26448-5 Éditions Robert Laffont – 92, avenue de France, 75013 Paris Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. Suivez toute l’actualité des Éditions Robert Laffont sur www.laffont.fr À ma nièce, Je ne puis me séparer de toi sans te dire que mon cœur en saigne déjà. George Sand Quand un amour se termine, l’un des deux souffre. Si aucun des deux ne souffre, il n’a jamais commencé. Si les deux souffrent, ce n’est jamais fini. Marilyn Monroe SOMMAIRE TitreCopyrightDédicaceExergueLundiMardiMardiMercrediJeudiJeudiVendrediVendrediSamediDimancheLundiMardiMardiMercrediMercrediJeudiVendrediVendrediSamediDimancheLundiLundiMardiMercrediMercrediMercrediJeudiVendrediSamediSamediDimancheDimancheLundiMardiMardiMercrediMercrediJeudiJeudiVendrediVendrediSamediDimancheLundiMardiMardiMercrediMercrediJeudiJeudiVendrediVendrediRemerciements♪ La playlist d'Éléonore ♪De la même autrice Je suis en plein chagrin d’amour. C’est douloureux, ça ressemble à une lente torture. Parfois, pendant quelques heures, j’arrive à ne pas y penser. À mener une vie comme s’il n’avait jamais existé dans la mienne. Et puis la douleur revient. Elle pèse sur mon estomac, engourdit mes jambes et paralyse mon esprit. Je voudrais juste dormir, pour que ça passe, pour que ça cesse. J’aimerais me rouler en boule, crier mon chagrin dans un coussin, pleurer sans m’arrêter, telle une adolescente. Mais je n’ai plus seize ans, j’en ai bientôt quarante. J’ai deux enfants, un boulot épuisant, et vraiment pas le temps de me morfondre. Alors je traîne ma peine comme un boulet ; je mets mes écouteurs, j’alterne Francis Cabrel et Céline Dion. Parfois, je pousse même jusqu’à Patrick Fiori. « Que tu reviennes », carrément. Parce que je veux bien faire des efforts, et rester digne en apparence ; mais, à l’intérieur, je veux vivre ma souffrance pleinement. Lundi Dottore Di Martino Corso Giuseppe-Garibaldi, Salerno Il est 8 h 30, j’arrive pile à l’heure. Comme toujours. Je déteste être en retard, je déteste les gens qui sont en retard, je trouve que c’est irrespectueux. Depuis qu’ils sont tout petits, j’enseigne aux jumeaux de prévoir toujours une marge de sécurité lorsqu’ils doivent se rendre à un rendez-vous, ou même à l’école. On ne sait pas ce qui peut survenir en chemin, et mieux vaut attendre soi-même dix minutes que faire attendre les autres. Le docteur a dû partir il y a quelques instants seulement, car une cigarette se consume dans le cendrier. Le salon pue le renfermé et le tabac froid. J’ouvre les volets pour laisser entrer l’air encore frais du matin et un peu de lumière. Cet homme vit dans le noir, pas étonnant que toutes ses plantes finissent par crever ! J’aime entamer ma semaine de travail par cet appartement. Je prends soin de l’intérieur de ce monsieur, qui, lui, prend soin de l’intérieur d’autrui. Monsieur Di Martino est cardiologue. D’ailleurs, puisqu’il soigne les cœurs, je devrais peut-être lui demander de jeter un coup d’œil au mien… Je lance une machine avec ses affaires de la semaine, j’en ferai tourner une autre plus tard, avec les draps. Je reste ici quatre heures, pendant lesquelles je dois remettre d’équerre ce quatre-vingt-dix mètres carrés. Je commence toujours par la cuisine, qu’il utilise assez peu. Puis les sanitaires, son bureau, sa chambre, et enfin la pièce à vivre. Je travaille chez le docteur Di Martino depuis deux ans. Sa femme venait de mourir, et il ne pouvait pas gérer le ménage en plus de son cabinet et son chagrin. Je ne l’ai croisé que quelques fois. Rapidement, il m’a donné un double des clés, et sa confiance. Je m’efforce de laisser le téléphone dans mon sac ; si je le garde près de moi, je vérifie toutes les deux minutes que je n’ai pas de texto de Marco, et, chaque fois que je constate que je n’ai rien, c’est comme si je recevais un coup de poing dans le ventre. L’autre jour, j’ai même mis un minuteur d’une heure. Pas le droit de consulter mon écran avant la sonnerie. J’ai cru claquer d’impatience, et la déception a été d’autant plus grande que je n’avais raté qu’un rappel Facebook de l’anniversaire de ma cousine. Je teste tout un tas de choses, depuis quinze jours, pour me sevrer de cet homme. Pour le moment, rien ne fonctionne. Et j’ai l’impression que je n’arriverai jamais à sortir de cet état douloureux. En aspirant les coussins du canapé, je trouve une boucle d’oreille – le doc a eu de la visite, on dirait. Je la dépose soigneusement sur la coiffeuse, dans la chambre. Je suis contente pour lui s’il a une amoureuse, quelqu’un qui soigne son cœur à lui. Il est 11 heures lorsque je m’accorde une pause. Un petit café sur le balcon, imposé par mon patron du lundi matin. Chaque fois que je quitte cet appartement, j’envoie un texto au docteur Di Martino pour lui faire un petit compte rendu de la matinée. Et, chaque semaine, il me répond la même chose : Merci, Éléonore. J’espère que vous avez pris le temps d’un petit café ! Ce serait un affront que de ne pas m’accorder ces cinq minutes. Du troisième étage j’ai vue sur toute la rue. Deux dames discutent en bas. Elles parlent fort – des Italiennes, quoi. On pourrait penser qu’elles se disputent, mais je vis dans ce pays depuis assez longtemps pour savoir qu’il s’agit d’une conversation tout ce qu’il y a de plus banal. Ma tasse est vide. Avant de m’y remettre, je ne résiste pas : je procède à ma