La famille Han

[email protected] - E16-01004761 - Toute reproduction interdite Auteur De la même autrice, aux éditions Charleston Pachinko, 2021 Née à Séoul, Min Jin Lee a immigré aux États-Unis avec sa famille à l’âge de sept ans. Elle publie en 2007 son premier roman American Dream. Pachinko, son deuxième roman, finaliste du National Book Award en 2017, s’est immédiatement hissé au rang de bestseller international et est resté plus d’un an en tête des ventes du New York Times. Il a été traduit dans 30 langues et adapté en série télévisée. Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. Titre original : Free Food for Millionaires Copyright © Min Jin Lee, 2017 Tous droits réservés. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Laura Bourgeois Design couverture : © Raphaëlle Faguer Image : © Shutterstock Maquette : Patrick Leleux PAO © 2023 Éditions Charleston (ISBN : 978-2-36812-877-0) édition numérique de l’édition imprimée © 2023 Éditions Charleston (ISBN : 978-2-36812-947-0). Rendez-vous en fin d’ouvrage pour en savoir plus sur les éditions Charleston Sommaire Livre I – Une histoire de finances Chapitre 1 – Les options Chapitre 2 – La dette Chapitre 3 – Brut Chapitre 4 – À découvert Chapitre 5 – La récession Chapitre 6 – Mandataire Chapitre 7 – Produit dérivé Chapitre 8 – Le coût Chapitre 9 – La valeur Chapitre 10 – L’offre Chapitre 11 – Les sanctions Chapitre 12 – La perte Chapitre 13 – La reconnaissance Chapitre 14 – L’emprise Chapitre 15 – Avis de manquement Livre II – Trouver sa voie Chapitre 1 – La boussole Chapitre 2 – Les lunettes Chapitre 3 – Les valises Chapitre 4 – Sur le tarmac Chapitre 5 – La vue d’en haut Chapitre 6 – Langues étrangères Chapitre 7 – À l’aventure Chapitre 8 – L’horizon Chapitre 9 – Traditions Chapitre 10 – Remise en question Chapitre 11 – Les souvenirs que l’on rapporte Chapitre 12 – L’assurance Chapitre 13 – Le passeport Chapitre 14 – L’accueil Livre III – Pour la grâce Chapitre 1 – L’objectif à atteindre Chapitre 2 – Sous la cloche à vapeur Chapitre 3 – Le choix de la forme Chapitre 4 – Le prix à payer Chapitre 5 – Bloquer Chapitre 6 – Modeler Chapitre 7 – Couper les fils Chapitre 8 – L’envers Chapitre 9 – Les coutures Chapitre 10 – Les retouches Chapitre 11 – L’assemblage Chapitre 12 – La doublure Chapitre 13 – Donner Chapitre 14 – Couronner Chapitre 15 – Esquisser À Umma, Ahpa, Myung et Sang Avant-propos : Mon apprentissage de la fiction J’avais déjà échoué à publier deux romans. Le premier avait été refusé par les maisons d’édition, et j’avais moi-même écarté le deuxième, parce qu’il n’était pas assez bon pour leur être soumis. À trente-deux ans, je me suis lancée dans l’écriture du troisième. Je m’obstinais à écrire depuis 1995, l’année où j’avais renoncé à ma carrière d’avocate. Les longs horaires d’un cabinet d’avocat de Manhattan n’étant pas compatibles avec la maladie hépatique chronique dont je souffrais depuis le lycée, j’avais décidé de me reconvertir dans l’écriture de fiction. Christopher, mon mari, avait un poste stable et une très bonne mutuelle, mais c’était avec deux revenus que nous avions souscrit un prêt bancaire pour l’achat de notre appartement. Le budget était serré. Après une fausse couche, puis une grossesse difficile, Sam, notre fils, est né. Cette même année, nous avons appris la situation financière catastrophique de proches parents, et soudain nous avons dû subvenir aux besoins d’un deuxième ménage en plus du nôtre. Ce n’est jamais une stratégie financière prudente que de devenir écrivaine. Pour autant, je n’avais pas imaginé que j’épuiserais mes économies en un an et que je me retrouverais dans une situation si précaire : incapable de gagner un modeste salaire, de payer la crèche ne serait-ce qu’à mi-temps pour pouvoir écrire, handicapée au quotidien par ma maladie, et endossant les dettes de ceux que j’aime. J’avais honte. Au bout de six ans, je n’avais toujours rien publié et mes choix avaient plongé nos comptes dans le rouge. J’ignorais comment nous allions pouvoir régler les factures, envoyer Sam à l’université et épargner pour la retraite. Lorsque mes amis m’invitaient à déjeuner, j’inventais des excuses parce que je ne pouvais pas me permettre le luxe de sortir au restaurant. Je n’avais pas de réponse à leur donner quand ils me demandaient avec toutes les meilleures intentions du monde la date à laquelle ils verraient mon livre en librairie. Je cachais mon échec en me cloîtrant chez moi. Dès l’instant où j’ai renoncé à ma carrière d’avocate, je me suis efforcée à apprendre à écrire correctement. J’avais publié des articles dans le journal du lycée. Bien qu’originairement étudiante en histoire, je m’étais inscrite pour mon propre plaisir à trois cours dans le département de littérature. À ma grande surprise, j’avais remporté un prix dans la catégorie fiction, et un dans la catégorie essai. Il est possible que ces récompenses scolaires m’aient poussée à croire, à tort, qu’il me suffisait d’arrêter le droit pour publier un livre. Or plus je m’intéressais à la fiction, plus je me rendais compte que l’écriture de roman nécessite une rigueur et une maîtrise qui n’a rien à envier à l’étude de l’ingénierie ou de la sculpture. Il me fallait une formation digne de ce nom. Néanmoins, après des études de droit déjà très onéreuses, je ne pouvais pas me permettre d’investir dans un nouveau cursus universitaire. Alors je me suis débrouillée pour concocter ma propre formation en écriture. Depuis toujours lectrice avide des classiques du xixe siècle, je m’y suis plongée plus encore.