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L'École des bonnes mères

Author/Uploaded by Jessamine Chan

JESSAMINE CHAN L’ÉCOLE DES BONNES MÈRES roman Traduit de l’anglais (États-Unis) parANNE-SYLVIE HOMASSEL Best-seller du New York Times et l’un des meilleurs livres de 2022 selon Barack Obama « Nous avons votre fille. » C’est le message qu’entend Frida alors qu’elle s’est absentée en laissant seule sa fille de dix-huit mois. Les voisins l’ont vue sortir et ont appelé la police, venue récupérer l’en...

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JESSAMINE CHAN L’ÉCOLE DES BONNES MÈRES roman Traduit de l’anglais (États-Unis) parANNE-SYLVIE HOMASSEL Best-seller du New York Times et l’un des meilleurs livres de 2022 selon Barack Obama « Nous avons votre fille. » C’est le message qu’entend Frida alors qu’elle s’est absentée en laissant seule sa fille de dix-huit mois. Les voisins l’ont vue sortir et ont appelé la police, venue récupérer l’enfant. Mère célibataire, Frida s’occupe seule de sa fille, tout en travaillant pour une université locale. À la suite de plusieurs nuits sans sommeil, elle s’est aperçue qu’elle avait oublié un dossier important sur son lieu de travail. Sans réfléchir, elle est partie le chercher, déclenchant une série de conséquences qui la dépassent. Sous l’œil des services sociaux qui installent aussitôt des caméras chez elle, Frida est mise à l’épreuve. Après une période d’observation, la sanction tombe : Frida perd la garde de sa fille pour un an, temps qu’elle passera dans un centre de rééducation maternelle où elle apprendra à devenir une « bonne mère ». Entre La Servante écarlate et Orange is the New Black, Jessamine Chan signe un roman glaçant sur les attentes impossibles qui pèsent aujourd’hui sur les femmes, les dérives de la société de surveillance et l’indicible solitude des mères dans une époque qui préfère le jugement au soutien. Jessamine Chan est diplômée de l’université de Columbia. Elle a été critique littéraire à Publishers Weekly et a publié plusieurs nouvelles dans les revues Tin House et Epoch. Son premier roman, L’École des bonnes mères, figure dans la liste des best-sellers du New York Times. Les publications numériques de Buchet/Chastel sont pourvues d’un dispositif de protection par filigrane. Ce procédé permet une lecture sur les différents supports disponibles et ne limite pas son utilisation, qui demeure strictement réservée à un usage privé. Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur, nous vous prions par conséquent de ne pas la diffuser, notamment à travers le web ou les réseaux d’échange et de partage de fichiers. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivant du Code de la propriété intellectuelle. ISBN : 978-2-283-03708-9 À mes parents En cherchant la loi unique qui régirait toute chose vivante, j’ai trouvé la peur. La liste de mes cauchemars est la carte qui mène à la sortie. ANNE CARSON, Plainwater, 1995 1 – Nous avons votre fille. C’est le premier mardi du mois de septembre, l’après-midi de sa journée en enfer, et Frida fait de son mieux pour ne pas quitter la chaussée. Dans le message qu’il a laissé sur son répondeur, le policier lui demande de se rendre immédiatement au commissariat. Elle interrompt la messagerie vocale, repose son téléphone. Il est 14 h 46. Elle voulait rentrer une heure et demie plus tôt. Elle bifurque dans la première rue perpendiculaire à Gray’s Ferry et se gare en double file. Elle rappelle le commissariat, commence par s’excuser ; elle a perdu la notion du temps, explique-t-elle. – Elle va bien ? Le policier lui répond que l’enfant est en bonne santé. – Nous avons essayé de vous joindre, madame. Frida raccroche et appelle Gust, elle doit laisser un message. Il faut qu’il la retrouve au commissariat de Wharton Street, au croisement avec la 11e Rue. – Il y a un souci avec Harriet. Sa voix se brise. Elle répète ce qu’a dit le policier : leur fille va bien. En redémarrant, elle se donne des consignes : ne pas excéder la vitesse autorisée, ne pas brûler de feu rouge, respirer. Pendant tout le week-end du Labor Day, elle a cédé à la panique. Les nuits du vendredi et du samedi, elle a eu ses éternelles insomnies, n’a dormi que deux heures à chaque fois. Le dimanche, quand Gust lui a amené Harriet pour ses trois journées et demie de garde alternée, la petite souffrait d’une otite carabinée. Cette nuit-là, Frida n’a pu s’accorder qu’une heure et demie de sommeil. Une heure seulement la nuit suivante. Les pleurs de Harriet étaient incessants, trop puissants pour son corps, trop sonores pour que les murs de leur toute petite maison puissent les contenir. Frida a fait de son mieux. Elle a chanté des berceuses, elle a massé le torse de Harriet, lui a redonné du lait. Elle s’est couchée par terre, près du lit de sa fille, a tenu à travers les barreaux sa main d’une impossible perfection, a embrassé ses phalanges, ses ongles, sentant du bout des lèvres ceux qu’il fallait couper, priant pour que Harriet consente enfin à s’endormir. Le soleil de l’après-midi flamboie tandis que Frida arrive près du commissariat, à deux pâtés de maisons de chez elle, dans un vieux quartier italien du sud de Philadelphie. Elle se gare, se précipite vers la réception, demande à la réceptionniste si elle a vu sa fille, un bébé de dix-huit mois, mi-chinoise mi-blanche, grands yeux marron, cheveux bouclés, brun foncé, avec une frange. – Vous devez être sa mère, dit la réceptionniste. C’est une femme blanche d’âge mûr aux lèvres fardées d’un rose qui déborde. Elle se lève et contourne son bureau. Son regard parcourt Frida de haut en bas et s’arrête aux vieilles Birkenstock qu’elle a aux pieds. Le commissariat semble presque désert. La réceptionniste marche d’un pas saccadé en prenant appui sur sa jambe gauche. Elle conduit Frida au bout du couloir et l’abandonne dans une salle d’interrogatoire sans fenêtres dont les murs sont d’un vert menthe écœurant. Frida s’assied. Dans les films policiers qu’elle a vus, les ampoules clignotent toujours. Ici la lumière est d’une intensité constante. Frida a la chair de poule, aurait aimé avoir sur elle une veste, un foulard. Même si elle est souvent épuisée lorsque Harriet est chez elle, c’est autre chose maintenant, un poids qui lui pèse sur le sternum, une douleur sourde qui s’est insinuée dans ses os et l’engourdit. Elle se frotte les bras. Elle a du mal

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