Les disparus de la durance

© 2023, Hugo Thriller, département de Hugo Publishing 34-36, rue La Pérouse75116 ParisCollection Hugo Thriller dirigée par Bertrand PirelOuvrage dirigé par Sophie Le FlourVisuels de couverture : © Gabriela Alejandra Rossel/Arcangel ISBN : 9782755663549 Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. À mon mari… Encore et toujours. Sommaire TitreCopyrightDédicaceChapitre 1Chapitre 2Chapitre 3Chapitre 4Chapitre 5Chapitre 6Chapitre 7Chapitre 8Chapitre 9Chapitre 10Chapitre 11Chapitre 12Chapitre 13Chapitre 14Chapitre 15Chapitre 16Chapitre 17Chapitre 18Chapitre 19Chapitre 20Chapitre 21Chapitre 22Chapitre 23Chapitre 24Chapitre 25Chapitre 26Chapitre 27Chapitre 28Chapitre 29Chapitre 30Chapitre 31Chapitre 32Chapitre 33Chapitre 34Chapitre 35Chapitre 36Chapitre 37Chapitre 38Chapitre 39Chapitre 40Chapitre 41Chapitre 42Chapitre 43Chapitre 44Chapitre 45Chapitre 46Chapitre 47Chapitre 48Chapitre 49Chapitre 50Chapitre 51Chapitre 52Chapitre 53RemerciementsCollection Hugo Thriller 1 Son adjoint l’avait appelé dix minutes plus tôt alors que le jour se levait. Six heures du matin, c’était tôt, même pour lui, mais le ciel strié d’or et de rose annonçait peut-être la première journée ensoleillée de ce mois de mai. De quoi esquisser un sourire et savourer son café en observant les rares péniches qui remontaient la Seine. Martin Vaas ne se lassait pas de cette vue. Son appartement comptait à peine trente mètres carrés, à condition de mesurer les espaces mansardés. Le loyer était prohibitif pour son traitement d’officier de police judiciaire, mais cette perspective sur Notre-Dame valait bien quelques sacrifices. À la tête du groupe de la 3e DPJ1, il s’était installé face à l’île de la Cité pour être au plus proche de son champ d’action. Martin aimait ce quartier et même si sa position l’obligeait à se présenter tous les jours à son poste, il passait la plupart de son temps à arpenter cette rive gauche parisienne qu’il ne connaissait pas deux ans auparavant. Martin Vaas n’était pas de Paris et il devait le faire oublier. Il s’obligeait à fréquenter les cafés, à traîner sur les marchés et à saluer chaque commerçant. Martin se créait un réseau, patiemment. Le capitaine Martin Vaas savait qu’il arriverait le premier. Il n’avait que trois cents mètres à faire pour retrouver son collègue au point de rendez-vous. Lucas lui avait dit : « Te presse pas ! Les gars ne sont même pas sûrs que ce soit pour nous. » Martin aurait pu lui demander de développer mais cette entrée en matière lui plaisait. Elle présageait une journée pas tout à fait ordinaire. Martin ne s’attendait pas à voir un tel attroupement sur le quai bas des Grands-Augustins. Un véhicule léger des services de nettoyage de la ville stationnait dans un coin, un joggeur en tenue fluorescente répondait aux questions d’un gardien de la paix, une embarcation de la brigade fluviale patientait à deux mètres du quai alors que deux plongeurs évoluaient dans l’eau, dans un périmètre de dix mètres carrés. Martin sortit sa carte tricolore et se présenta rapidement à ceux qui ne le connaissaient pas. Le gardien de la paix semblait soulagé à l’idée de passer la main. — Qu’est-ce qu’on a, Witek ? lui demanda Martin en l’éloignant du joggeur. — Des pieds, capitaine. Martin s’attendait à une suite mais le gardien de la paix n’ajouta rien. Il pensait sûrement recevoir ses instructions à la suite de cette révélation. Martin se mordit l’intérieur des joues. Il était beaucoup trop tôt pour exprimer le fond de sa pensée. — Des pieds… Très bien. Vous pouvez m’en dire plus ? — Les plongeurs en ont sorti sept pour l’instant. Ils les stockent à bord en attendant la Scientifique. — Mais quand vous dites des pieds… — Ben des pieds, capitaine. Dans des baskets. — Dans des baskets. C’est bien, on avance. Et c’est ce joggeur qui les a vus en premier ? — Il en a vu quatre seulement mais ça l’a bien secoué. Il a appelé le commissariat et on vous a fait prévenir aussitôt. C’est le brigadier-chef Morgon qui nous a dit de faire venir la Fluviale. Les gars sont dans l’eau depuis vingt minutes. — Et ils ont donc trouvé trois autres pieds. — Ça ne leur a pas pris longtemps. Les baskets étaient reliées entre elles. Les deuxièmes pieds étaient immergés, on ne pouvait pas les voir. Là, ils cherchent le pied de la dernière paire, si vous voyez ce que je veux dire. Le nœud a dû se défaire. — Je vois. Vous pouvez me dire autre chose sur ces pieds ? Ils s’arrêtent où, exactement ? — C’est-à-dire ? — Au niveau de la cheville, du mollet ? — De la cheville, je dirais, mais je ne pourrais pas vous l’affirmer. J’ai regardé rapide. Il y avait surtout des gros amas de chair. — Et les baskets ? Vous les avez un peu regardées ? C’étaient des baskets d’adulte, d’enfant ? — D’adulte, à première vue. J’ai vu une paire de Nike, une paire d’Adidas. Les autres, je n’ai pas réussi à les identifier. Martin hocha la tête, signe qu’il n’avait plus de questions. Il aurait aimé que les plongeurs de la brigade fluviale déposent leurs découvertes directement à quai mais la zone n’était pas encore totalement sécurisée. Lucas Morgon arriva quinze minutes plus tard. Contrairement à Martin, il vivait dans le Nord-Ouest parisien mais à cette heure-ci les distances avaient peu d’importance. Le trafic ne se densifierait pas avant une bonne heure. Lucas, lunettes de soleil relevées sur la tête, le sourire aux lèvres et les mains dans les poches, ressemblait plus à un touriste en goguette qu’à un officier de la police judiciaire. — Tu m’as l’air de bien bonne humeur, l’apostropha Martin. — Une balade sur un semi-rigide par ce temps, avoue que ça met en joie. — Qui te dit qu’ils vont te prendre à bord ? — Un cadavre sur les quais, l’IML2 à cinq minutes, ce serait con de s’en passer ! — Il n’y a pas de cadavre, Lucas. — Witek m’a parlé de pieds. — Il y a des pieds, c’est vrai. Il y en a même un paquet. Mais il n’y a pas de cadavre. — Ils cherchent quoi alors, les deux grenouilles ? —