Quelques mois dans ma vie: Octobre 2022 - Mars 2023

Sommaire Couverture Identité Copyright Présentation Du même auteur Quelques mois dans ma vie 2022 Ouverture 1 Ouverture 2 Ouverture 3 2023 Ouverture 4 Ouverture 5 Ouverture 6 Ouverture 7 Ouverture 8 7 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 Couverture Page de titre Page de copyright Début du contenu Michel Houellebecq Quelques mois dans ma vie (octobre 2022 – mars 2023) Flammarion © Michel Houellebecq et Flammarion, 2023. ISBN Numérique : 9782080435842 ISBN Web : 9782080435835 Le livre a été imprimé sous les références : ISBN : 9782080435804 Ouvrage composé et converti par Pixellence (59100 Roubaix) Présentation de l'éditeur Pour la première fois dans ma vie je me sentis traité, absolument, comme l’objet d’un documentaire animalier ; il m’est difficile d’oublier ce moment. Du même auteurH.P. Lovecraft – contre le monde, contre la vie, Le Rocher, 1991. Rester vivant – méthode, La Différence, 1991. La poursuite du bonheur, La Différence, 1991. Extension du domaine de la lutte, Maurice Nadeau, 1994. Le sens du combat, Flammarion, 1996. Rester vivant suivi de La poursuite du bonheur (édition revue par l’auteur), Flammarion, 1997. Les particules élémentaires, Flammarion, 1998. Renaissance, Flammarion, 1999. Lanzarote, Flammarion, 2000. Plateforme, Flammarion, 2001. La possibilité d’une île, Fayard, 2005. Ennemis publics (avec Bernard-Henri Lévy), Flammarion/Grasset, 2008. La carte et le territoire, Flammarion, 2010. Configuration du dernier rivage, Flammarion, 2013. Non réconcilié – anthologie personnelle 1991-2013, Gallimard, 2014. Soumission, Flammarion, 2015. Sérotonine, Flammarion, 2019. Interventions 2020, Flammarion, 2020. Anéantir, Flammarion, 2022. www.michelhouellebecq.com Quelques mois dans ma vie (octobre 2022 – mars 2023) 2022 L’événement le plus médiatique – mais pas le plus grave – de mon dernier trimestre 2022 fut la polémique déclenchée par mon entretien avec Michel Onfray dans le hors-série de la revue Front populaire. Davantage qu’une controverse aux enjeux lourds, j’ai tendance à y voir un avatar de mes sempiternelles chamailleries avec les musulmans. J’emploie ce mot enfantin à dessein pour souligner ce qu’il entre, avant tout, de bêtise dans ces querelles – bêtise dans laquelle, je l’avoue sans hésiter, j’ai plus que ma part. C’est particulièrement le cas dans le premier épisode, qui donna lieu à un procès en 2002, l’année suivant la publication de Plateforme, à la suite d’une interview dans le magazine Lire. Je suis indéniablement le premier coupable, il transpire de certaines de mes phrases une agressivité que je ne ressens jamais en pratique ; mais me poursuivre pour « provocation à la haine raciale » n’était pas très pertinent non plus. C’était inutilement vexant, et surtout totalement hors sujet. Comme chacun sait l’islam n’est pas une race, mais une religion répandue aux quatre coins du monde, dans les groupes ethniques les plus variés. Non seulement l’islam n’est pas une race, mais l’islamisme non plus, et cela on le savait un peu moins avant le sanglant attentat de Bali, qui rappelle de si près celui de Plateforme. Ma seule excuse – mais elle n’est pas négligeable – est que je n’avais pas relu cet entretien. Non seulement on peut dire n’importe quoi dans un entretien oral, mais c’est souvent nécessaire de le faire, du moins pour certaines personnes qui ont besoin d’émettre des propositions extrêmes, voire contradictoires, avant de définir la leur ; qui ont besoin, en quelque sorte, de commencer par explorer le champ des discours possibles. Je fais manifestement partie de ces personnes. Une troisième source de bêtise intervient à l’origine du conflit, encore que là il s’agisse plutôt de méchanceté. Sans l’éditorial assassin de Pierre Assouline, cette affaire n’aurait jamais eu lieu. Pierre Assouline me poursuit depuis si longtemps d’une haine si farouche que j’ai renoncé à en déterminer l’origine. Lorsque je l’ai vu, lui aussi, en tant que directeur de publication, sur le banc des accusés, j’ai pensé à la célèbre parabole du scorpion qui, au milieu du fleuve en crue, pique le dos de l’hippopotame qui lui permet de traverser, les condamnant tous deux à une mort certaine ; en somme j’ai trouvé qu’il avait, autant et davantage que moi, mérité d’être là. Le second épisode se produisit en 2015, à la suite de la publication de mon roman Soumission. La bêtise, cette fois, n’était pas de mon côté. Soumission n’est en aucun cas, je l’ai maintenu jusqu’au bout et le maintiens encore, un roman « islamophobe », et d’ailleurs aucun responsable religieux de la communauté musulmane n’a porté cette accusation. La bêtise n’était donc pas non plus du côté des musulmans, mais de celui de l’habituelle meute de crétins médiatiques qui s’attache à mes trousses. Bêtise, ou méchanceté ? Pierre Assouline est beaucoup de choses déplaisantes, mais il n’est pas bête, du moins pas absolument. Pour d’autres comme Ali Baddou on hésite, il faut voir au cas par cas. Si Soumission n’est pas un roman islamophobe, il est par contre, sans nul doute, un roman profondément ambigu, et qui pousse l’ambiguïté à l’extrême dans sa dernière phrase. Un des plus remarquables compliments littéraires qui m’aient été faits l’a été par Emmanuel Carrère lorsqu’il compare cette dernière phrase, « Je n’aurais rien à regretter », à celle de 1984, « Il aimait Big Brother ». En effet, « Je n’aurais rien à regretter » peut parfaitement vouloir dire, avec une probabilité égale, « J’aurais tout à regretter ». Et ce « tout » n’est pas la conversion à la foi catholique réussie par Huysmans, ratée par son exégète un siècle plus tard. Ce tout est Myriam, son amante juive perdue. Mais je reviendrai de manière plus lancinante sur ce thème de