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Tokyo Vice - 02 - Tokyo détective

Author/Uploaded by Jake Adelstein

du MÊME auteur AUX ÉDITIONS MARCHIALY Tokyo Vice : un journaliste américain sur le terrain de la police japonaise, 2016, traduit de l’anglais par Cyril Gay. Le Dernier des yakuzas, 2017, traduit de l’anglais par Cyril Gay. J’ai vendu mon âme en bitcoins, 2019, en collaboration avec Nathalie Stucky, traduit de l’anglais par Cyril Gay. Jake Adelstein est né aux États-Unis en 1969. Il a été le pr...

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du MÊME auteur AUX ÉDITIONS MARCHIALY Tokyo Vice : un journaliste américain sur le terrain de la police japonaise, 2016, traduit de l’anglais par Cyril Gay. Le Dernier des yakuzas, 2017, traduit de l’anglais par Cyril Gay. J’ai vendu mon âme en bitcoins, 2019, en collaboration avec Nathalie Stucky, traduit de l’anglais par Cyril Gay. Jake Adelstein est né aux États-Unis en 1969. Il a été le premier journaliste étranger à intégrer la rédaction du plus grand quotidien japonais, le Yomiuri Shinbun, en 1993. Il vit depuis trente ans à Tokyo où il poursuit son travail de journaliste d’investigation. CHAQUE VICTOIRE EST UN ENTERREMENT « CÉLÈBRE TA VICTOIRE COMME UN RITE FUNÉRAIRE LORSQUE BON NOMBRE D’HOMMES ONT PÉRI, IL CONVIENT DE LES PLEURER AVEC UN CHAGRIN SINCÈRE. C’EST POURQUOI IL FAUT TRAITER UNE VICTOIRE À LA MANIÈRE DE FUNÉRAILLES. » LAO TSEU 28 octobre 2008 Parfois, quand on a réussi à triompher de ses ennemis, on a tout simplement envie de faire la fête. J’avais choisi le Westin Hotel de Tokyo pour y retrouver mon mentor, l’ancien procureur Toshiro Igari, autour d’un verre ou deux. Nous étions réunis pour célébrer la déroute de notre ennemi commun, Tadamasa Goto, qui venait de se faire éjecter du Yamaguchi-gumi le 14 de ce même mois. Goto, c’était le Richard Branson des yakuzas : charismatique, d’une richesse indécente, autrefois actionnaire principal de Japan Airlines, une tripotée de politiciens dans sa poche et un millier de personnes dans son organisation. Le Yamaguchi-gumi, basé à Kobe, était à ce moment-là le plus important de tous les gangs de Tokyo, avec près de 80 000 membres et un pied dans toutes les industries existantes de la société japonaise. Quand Goto s’en était retrouvé chassé, tout comme une dizaine d’autres chefs de haut rang proches de lui, la nouvelle avait fait la une des journaux. Ça avait déclenché une vraie crise dans le monde du crime organisé, l’équivalent pour les yakuzas de l’onde de choc Lehman Brothers : le « choc Goto ». La rumeur disait que Goto avait fomenté un coup d’État pour s’emparer de l’organisation, et cela expliquait en partie son expulsion. Trahir l’organisation pour obtenir sa greffe du foie fut le dernier clou qu’il planta dans son cercueil. J’avais écrit un article sur le sujet dans The Washington Post en mai 2008 et en avais publié un autre sous pseudo pour le Los Angeles Times. Dans un monde idéal, j’en aurais aussi écrit un pour le Yomiuri Shinbun, le quotidien japonais où j’ai commencé ma carrière de journaliste en 1993, mais je doute qu’ils auraient eu le cran de le publier. Goto était un sacré sociopathe avec un fort penchant pour la violence et s’en prenait à ses détracteurs, quels qu’ils soient. Mes articles révélaient les termes de l’accord passé par Goto avec le FBI pour obtenir son visa d’entrée aux États-Unis et un foie tout neuf : il avait dénoncé tous ses amis du Yamaguchi-gumi et fourni des informations précieuses aux autorités. Par la suite, il avait mis un contrat sur ma tête, et ma famille et moi avions été placés sous protection policière. D’ailleurs, je l’étais encore. J’arrivai en avance et attendis un moment dans le lobby. Je reconnus Igari avant même d’avoir vu son visage, parce qu’il avait une présence particulière et l’allure d’un chef yakuza, avec son costume noir. Il y avait quelque chose dans ses expressions et même dans toute son attitude qui me faisait penser à un bouledogue, oui, à un bouledogue vraiment très malin. Du coin de l’œil, je le regardai approcher tout en parcourant les journaux à sensation. Il me repéra très vite et nous nous dirigeâmes vers le restaurant pour y manger un morceau. Il portait un costume sombre bien coupé, une chemise blanche, pas de cravate. J’avais enfilé un pantalon léger et une chemise grise. J’en étais arrivé au stade où ne plus avoir à porter un costume en permanence me remplissait de joie. Cet homme m’impressionnait depuis le début de notre relation. Il n’est pas rare au Japon de voir les anciens procureurs se mettre au service d’entités douteuses, tout spécialement les yakuzas, une fois qu’ils ont pris leur retraite. Les mots yameken bengoshi ne sonnent pas trop bien en japonais. Littéralement, ça signifie un « avocat qui a abandonné le métier de procureur » et cette expression reflète le mépris généralisé qui entache tous les ex-procureurs passés dans la sphère privée. C’est presque un synonyme d’« avocat marron ». Igari, lui, faisait partie d’une espèce rare, de ceux qui, après avoir quitté le ministère public, choisissent leur honneur au lieu de l’argent et décident de combattre les yakuzas plutôt que de se mettre à leur service. C’était l’un des nombreux aspects de sa personnalité qui m’inspiraient le respect. Igari-san était une légende dans l’univers de la lutte contre la criminalité ; il avait écrit plusieurs livres sur les moyens de combattre le crime organisé et d’empêcher son intrusion dans les milieux d’affaires. Une fois assis à table, nous échangeâmes les traditionnelles phrases de courtoisie, puis il en vint droit au but. « Alors, vous avez apporté le matériel ? — Je l’ai apporté, oui, dis-je en lui tendant une enveloppe en papier kraft. — Je regarderai ça tout à l’heure. Je me connais. Si je commence à lire, je ne pourrai plus m’arrêter, notre repas va refroidir et ma bière va tiédir. Alors, avant toute chose, mes félicitations. Je suis persuadé que vous êtes soulagé de savoir que ce type n’est plus un boss des yakuzas, mais juste un ex-boss. Et franchement, c’est un tel fils de pute que je pense que tout le Japon en tirera bénéfice. » La pile de documents que j’avais apportés à Igari provenait d’un des sous-fifres de Goto. Il s’agissait de notes distribuées au cours d’une réunion de l’échelon supérieur du Goto-gumi au sujet des changements intervenus dans les lois japonaises contre le crime organisé. Bien entendu, un ancien procureur devenu avocat des gangsters participait à la

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