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Celle qui se taisait

Author/Uploaded by Maria Barbal


 
 
 Auteur Maria Barbal a fait irruption sur la scène littéraire mondiale en 1984 avec la parution de Celle qui se taisait. Considérée comme l’une des voix les plus importantes de la littérature catalane contemporaine, elle est lauréate de 12 prix littéraires, dont le Prix d’honneur des Lettres catalanes pour l’ensemble de son oeuvre. Ses romans ont été traduits dans 15 langues. Ell...

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 Auteur Maria Barbal a fait irruption sur la scène littéraire mondiale en 1984 avec la parution de Celle qui se taisait. Considérée comme l’une des voix les plus importantes de la littérature catalane contemporaine, elle est lauréate de 12 prix littéraires, dont le Prix d’honneur des Lettres catalanes pour l’ensemble de son oeuvre. Ses romans ont été traduits dans 15 langues. Elle vit à Barcelone. Marie Vila Casas est traductrice du catalan et de l’espagnol, autrice et musicographe. Elle traduit des écrivains catalans et espagnols tels que Carlos Ruiz Zafón, María Dueñas et Imma Monsó. Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. Titre original : Pedra de Tartera Édition révisée en 2015 Droits de traduction représentés par Sandra Bruna Agencia Literaria, SL Copyright © Maria Barbal, 1992, 2008, 2015 Tous droits réservés Traduit du catalan par Marie Vila Casas Financé par l’Union européenne. Les vues et opinions exprimées dans cet ouvrage sont celles de l’autrice et ne reflètent pas nécessairement celles de l’Union européenne ou de Creative Europe. Ni l’Union européenne ni Creative Europe ne peuvent en être tenus pour responsables. Design couverture : © Raphaëlle Faguer Photographie : © Arcangel Images Maquette : Patrick Leleux PAO © 2023 Éditions Charleston (ISBN : 978-2-38529-100-6) édition numérique de l’édition imprimée © 2023 Éditions Charleston (ISBN : 978-2-36812-961-6). Rendez-vous en fin d’ouvrage pour en savoir plus sur les éditions Charleston À mes parents Sommaire Première partie Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Deuxième partie Chapitre 11 Chapitre 12 Chapitre 13 Chapitre 14 Chapitre 15 Chapitre 16 Chapitre 17 Chapitre 18 Chapitre 19 Chapitre 20 Chapitre 21 Chapitre 22 Chapitre 23 Chapitre 24 Troisième partie Chapitre 25 Chapitre 26 Chapitre 27 Chapitre 28 Chapitre 29 Chapitre 30 Chapitre 31 Chapitre 32 Chapitre 33 Chapitre 34 Chapitre 35 Chapitre 36 Chapitre 37 Première partie On était nombreux à la maison, ça se voyait. Il devait y avoir quelqu’un de trop. J’étais la cinquième des six enfants, et comme disait la mère, j’étais arrivée parce que Dieu l’avait voulu et il fallait accepter ce qu’Il envoyait. Notre Maria à nous, l’aînée, s’occupait davantage de la maison que la mère, Josep était le premier fils, l’héritier, et Joan était au séminaire. J’avais entendu dire, et pas qu’une fois, que nous, les trois petits, on donnait plus de fil à retordre qu’on ne rapportait. L’époque n’était pas à l’abondance, et avec toutes ces bouches à nourrir et si peu de biens, ça se ressentait obligatoirement. Comme j’étais d’un caractère doux et raisonnable, ils avaient décidé que je partirais aider la tante, la sœur de ma mère, qui avait perdu l’espoir d’avoir des enfants – mais du travail, ça, elle en avait. Elle s’était mariée avec un homme beaucoup plus âgé qu’elle qui possédait des terres, une demi-douzaine de vaches au moins, de la poulaille et des lapins, et aussi un potager. Ils vivaient bien, mais ils manquaient de bras et de compagnie parce qu’ils commençaient à se sentir vieux. Alors à treize ans, mon baluchon sous le bras, j’avais quitté la famille, la maison, le village et la montagne, accompagnée par le père et Maria. Il n’y a pas loin de l’Ermita à Pallarès, mais ça voulait dire marcher une journée et perdre ma maison à laquelle je tournais le dos, ce qui me faisait le plus mal à ce moment-là, en descendant. Je laissai tout derrière moi, le seul monde que je connaissais. Durant ces heures de marche silencieuse pour arriver au marché de Montsent où le père et Maria me laisseraient à l’oncle et à la tante et en profiteraient pour faire des achats, je ne repensais qu’aux bons moments vécus au village où j’étais née et dont je n’étais sortie que pour mener les bêtes dans la montagne ou pour m’échapper à la festa major du bourg voisin, avec ses quatre maisons. Beaucoup de bouches à nourrir et peu de pain. Je me rappelle les trois hivers d’école ; j’avais été une des rares fillettes qui avait pu apprendre parce qu’il y avait déjà des plus grandes, bonnes à travailler, à la maison. La chance d’être petite ! La maîtresse nous faisait faire une calligraphie toute ronde avec la fin de chaque lettre vers le haut et la boucle à gauche du r qui me faisait penser à un tire-bouchon. À l’école, on n’avait jamais froid parce que Madame Paquita ne se laissait pas impressionner par la lésinerie des familles, elle voulait un bon tas de bûches chaque semaine dans la classe. Elle disait qu’il fallait un peu de chaleur pour faire rentrer les lettres, et que s’ils voulaient qu’on apprenne, ils devaient y « mettre un peu de bonne volonté * ». Moi, le peu que je sais, et que j’ai presque entièrement oublié, je l’ai appris en castillan. Les premiers jours, je n’en revenais pas. Cette dame, la maîtresse, va savoir d’où elle sortait, parlait une langue incompréhensible pour nous. On avait bien fini par la comprendre, et elle aussi nous comprenait quand on bavardait entre nous mais, je ne sais pas pourquoi, elle ne le laissait pas voir, comme si elle en avait honte ou que ça la gênait un peu. Je me souviens de ces hivers d’école comme si c’était hier. Avec Magdalena, on était inséparables, et quand on devait lire, je me mettais à rire et Magdalena s’arrêtait. Madame Paquita ajustait ses lunettes et elle restait sérieuse comme un sergent. Moi, à force de me retenir de rire, j’en avais mal

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