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End zone

Author/Uploaded by Don DeLillo

Du même auteur BRUIT DE FOND, Stock, 1986 ; Babel no 371. LIBRA, Stock, 1989 ; Babel no 461. LES NOMS, Actes Sud, 1990 ; Babel no 879. CHIEN GALEUX, Actes Sud, 1991 ; Babel no 84. MAO II, Actes Sud, 1992 ; Babel no 512. AMERICANA, Actes Sud, 1992 ; Babel no 420. JOUEURS, Actes Sud, 1993 ; Babel no 563. L’ÉTOILE DE RATNER, Actes Sud, 1996 ; Babel no 1065. OUTREMONDE, Actes Sud, 1999 ; Babel no 580...

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Du même auteur BRUIT DE FOND, Stock, 1986 ; Babel no 371. LIBRA, Stock, 1989 ; Babel no 461. LES NOMS, Actes Sud, 1990 ; Babel no 879. CHIEN GALEUX, Actes Sud, 1991 ; Babel no 84. MAO II, Actes Sud, 1992 ; Babel no 512. AMERICANA, Actes Sud, 1992 ; Babel no 420. JOUEURS, Actes Sud, 1993 ; Babel no 563. L’ÉTOILE DE RATNER, Actes Sud, 1996 ; Babel no 1065. OUTREMONDE, Actes Sud, 1999 ; Babel no 580. VALPARAÍSO, Actes Sud-Papiers, 2001. BODY ART, Actes Sud, 2001 ; Babel no 603. COSMOPOLIS, Actes Sud, 2003 ; Babel no 674. CŒUR-SAIGNANT-D’AMOUR, Actes Sud-Papiers, 2006. ŒUVRES ROMANESQUES, t. I, coll. “Thesaurus”, Actes Sud, 2008. L’HOMME QUI TOMBE, Actes Sud, 2008 ; Babel no 1000. POINT OMÉGA, Actes Sud/Leméac, 2010 ; Babel no 1208. GREAT JONES STREET, Actes Sud/Leméac, 2011 ; Babel no 1254. L’ANGE ESMERALDA, Actes Sud/Leméac, 2013 ; Babel no 1486. ZERO K, Actes Sud, 2017 ; Babel no 1641. LE MOT POUR DIRE NEIGE suivi de LA SALLE DE JOUR, Actes Sud-Papiers, 2018. LE SILENCE, Actes Sud, 2021 ; Babel no 1864. Titre original : End Zone Éditeur original : Initialement publié en 1972 par Houghton Mifflin, Boston Picador, Pan Macmillan Publishers Limited, Londres, 2011 © Don DeLillo, 1972 Photographie de couverture : © Mikael Jansson / Trunk Archive © ACTES SUD, 2023 ISBN 978-2-330-17755-3 Don Delillo End Zone roman traduit de l’américain par Francis Kerline À mes parents. Première partie 1 Taft Robinson fut le premier étudiant noir recruté par Logos College, dans l’ouest du Texas. Ils l’ont choisi pour sa vitesse. À la fin de cette première saison il était franchement l’un des meilleurs running backs1 de toute l’histoire du Southwest. À la longue, il serait apparu sur les écrans de télévision dans tout le pays pour faire la promotion d’automobiles à huit mille dollars et de mousses à raser parfumées à l’avocat. Son nom sur les succursales d’une chaîne de fast-food. L’histoire de sa vie au dos de boîtes de céréales. Une monographie soporifique serait rédigée sur le sujet, l’athlète moderne en mythe commercial, avec des notes. Mais ça ne s’est pas passé de la sorte. Cette année-là eut d’autres sonorités, du moins pour moi, le phénomène de l’anti-applaudissement – des mots changés en sons bruts, suivis d’un silence d’une texture métallique. Voilà pourquoi Taft Robinson, à tort ou à raison, ne fait que hanter ce livre. Je pense que ça tombe juste, en un sens. La demeure a longtemps été hantée (double métaphore à venir) par l’homme invisible. Mais restons simples. Les joueurs de football sont des gens simples. Quelles que soient les complexités, les sombres desseins de l’esprit humain, le cœur – tout cela ne s’inscrit qu’entre les limites blanches du terrain. Parfois d’étranges visions déferlent sur cette surface ; la folie suinte. Mais en tout autre lieu le joueur de football suit une ligne parfaitement droite. Ses pensées sont complètement banales, ses actes ne sont pas infléchis par l’histoire, l’énigme, l’holocauste ou le rêve. Une passion pour la simplicité, pour les bonnes vieilles choses, comme des livreurs de journaux à bicyclette, occupa nos jours et nos nuits pendant cet été torride. Nous nous entraînions dans la chaleur ondoyante sans autre stimulant que la conviction que les choses ici étaient simples. Frapper et être frappés ; surveiller les débordements de l’ailier ; renverser des gars ; sucer de la glace et reprendre la position en trois points2. Nous étions une bande de types affûtés et déterminés, entraînés par un coach affamé et ses sept assistants tyranniques. Certains d’entre nous étaient plus simples que d’autres ; quelques-uns pouvaient même être considérés comme des asociaux ou des exilés ; trois ou quatre, comme dans toute équipe de football américain, étaient cinglés. Mais nous étions tous – même moi –, nous étions tous déterminés. Nous faisions au soleil des exercices au sol à cent six joueurs. Nous attaquions les mannequins d’entraînement et slalomions entre les cordes tendues. Nous nous tenions dans ce qu’on appelait la chute (une étroite bande de terre bordée des deux côtés par des mannequins de barrage) et nous foncions les uns sur les autres, défenseurs et raffuteurs, nous nous jetions au sol mutuellement. Il y avait toujours un moment de castagne débridée, que les coaches laissaient durer environ cinq minutes en nous observant de la touche, gentiment blasés, au cours duquel nous échangions des coups de pied dans les tibias, des crochets du droit et du gauche dans les visages encagés, les plus impulsifs retirant leurs casques et les lançant sur tout ce qui bougeait. Le soir nous faisions nos prières. J’étais l’un des exilés. Bien des fois, croyez-le, je me suis demandé ce que je fichais dans cet endroit perdu et désolé, cette toundra estivale, à me faire taper dessus de haut en bas par une furieuse paire de Texans de cent dix kilos. J’étais si fatigué et courbatu le soir que je n’arrivais pas à lever le bras pour me brosser les dents. Condamné à obéir aux ordres brutaux d’hommes déraisonnables. Arraché à tous les types de civilisation tels que je les avais connus ou étudiés. Forcé à prier chaque soir, avec le reste de l’équipe, par notre coach, un patriarche sorcier et revanchard. Voué à mener une vie simple. Puis ils nous dirent que Taft Robinson allait venir à l’université. J’attendais son arrivée avec impatience – un événement, au fond, en cette ère d’incidents et de petits désespoirs. Mais la nouvelle ne semblait pas enchanter mes camarades. C’était une rupture avec la simplicité, le recoin hanté d’un rêve, une sorte de magie de la forêt propre à les effrayer la nuit. Taft était un transfuge de Columbia. Sa réputation était bonne à tout point de vue. 1) Il courait le 100 yards en 9,3 secondes. 2) Il avait un bon jeu de jambes et de bonnes mains. 3) Il était fort et difficile à arrêter. 4) Il écartait les plaquages comme un homme franchissant un tourniquet. 5) Il savait

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