Author/Uploaded by Karine Lebert
DU MÊME AUTEUR Nina et ses sœurs, De Borée, 2009 (Prix de la ville d’Étretat), Terre de Poche, 2014 Le Secret d’Emma, De Borée, 2010 Les Mystères de Camille, De Borée, 2011 (Prix de la ville d’Aumale) Loin de Margaux, De Borée, 2012 Les Sortilèges du Tremblay, De Borée, 2012, préface d’Yves...
DU MÊME AUTEUR Nina et ses sœurs, De Borée, 2009 (Prix de la ville d’Étretat), Terre de Poche, 2014 Le Secret d’Emma, De Borée, 2010 Les Mystères de Camille, De Borée, 2011 (Prix de la ville d’Aumale) Loin de Margaux, De Borée, 2012 Les Sortilèges du Tremblay, De Borée, 2012, préface d’Yves Jacob, 2013 La Dame de Saïgon, De Borée, 2013, coll. « Terres de Femmes » Les Ombres du palais, De Borée, 2014, coll. « Terres de Femmes » Les Brumes de Vouvray, De Borée, 2014 Ce que Fanny veut…, Presses de la Cité, 2015 Les Saisons du mensonge, Presses de la Cité, 2016 Les Demoiselles de Beaune, Presses de la Cité, 2017, préface de Michel de Decker (Prix de la ville de Vimoutiers 2017) Les Amants de l’été 44, Presses de la Cité, 2018 (Prix Lévarey-Lévesque) Pour l’amour de Lauren, Presses de la Cité, 2019 Les Murmures du lac, Presses de la Cité, 2020 Pour l’honneur des Rochambelles, Presses de la Cité, 2021 Les Souvenirs et les Mensonges aussi…, Presses de la Cité, 2022 (Prix littéraire normand Luigi Bergamo 2022) À Patrick et au prochain vol À mes lectrices et lecteurs, quatorze ans déjà… Un grand merci à la cheffe de cabine Air France Nathalie Durieux, qui m’a aiguillée vers le commandant de bord Air France Philippe Lacroute. Je remercie chaleureusement ce dernier pour avoir lu et corrigé mon roman avec son regard de professionnel. — Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ? — Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère. — Tes amis ? — Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu. — Ta patrie ? — J’ignore sous quelle latitude elle est située. — La beauté ? — Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle. — L’or ? — Je le hais comme vous haïssez Dieu. — Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ? — J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages ! Charles BAUDELAIRE, L’Étranger Sommaire Titre Du même auteur Dédicace 1 - Élisa, Étretat, 1940-1942 2 - Élisa, Brazzaville, Congo, 1937 3 - Audrey, New York, 1976 4 - Élisa, Étretat, 1942 5 - Élisa, Congo, 1937 6 - Lilly, Étretat, 2008 7 - Élisa, Étretat, 1942-1943 8 - Élisa, Sénégal, 1938 9 - Audrey, Paris et Normandie, 1976 10 - Élisa, Étretat, 1943-1944 11 - Élisa, Dakar, 1938 12 - Lilly, Caen, 2008 13 - Élisa, France, Allemagne, Danemark, 1945-1946 14 - Élisa, France et Allemagne, 1946-1947 15 - Audrey, Londres, 1977 16 - Élisa, France et Allemagne, 1947 17 - Lilly, Étretat, 2008 18 - Élisa, Calcutta, 1947 19 - Audrey, Londres, 1977 20 - Élisa, Asie et France, 1947-1948 21 - Lilly, Canaries et Caen, 2009 22 - Élisa, France et Allemagne, 1948 23 - Audrey, Étretat, 1977 24 - Élisa, Paris et Normandie, 1948-1949 25 - Élisa, Berlin et Étretat, 1949-1954 26 - Audrey, République populaire du Congo, 1977 27 - Lilly, République du Congo, 2010 Bibliographie succincte Copyright 1 Élisa, Étretat, 1940-1942 Ma vie s’est arrêtée en 1940 et a repris en 1945. Je travaillais comme infirmière de l’air. En 40, on m’a signifié que c’était fini, qu’il ne m’était plus possible d’exercer dans ces conditions. J’ai gardé mon activité d’infirmière, amputée de ma seconde mission. Et je n’ai pu de nouveau assumer cette dernière qu’à partir de 1945. J’ai eu l’impression d’avoir perdu cinq ans. De vingt à vingt-cinq ans, j’ai été une autre personne dans une existence qui ne me correspondait plus vraiment. Trois femmes sont à l’origine de ma vocation, Françoise Schneider, la marquise de Noailles et Lilia de Vendeuvre, qui ont créé en 1934, au sein de la Croix-Rouge, une section d’infirmières de l’air. Pas encore majeure, j’avais intégré l’école Suzanne-Pérouse, à Paris, où j’avais préparé le diplôme d’État d’infirmière hospitalière. Quand on m’a proposé de me former pour être IPSA, c’est-à-dire Infirmière Pilote Secouriste de l’Air, je n’ai pas hésité. J’ai participé à plusieurs manœuvres d’évacuation sanitaire avec l’armée de l’air. La débâcle a tout arrêté. En avril de cette année 1940, je suis retournée vivre auprès de ma famille à Étretat, où je suis née, en Seine-Inférieure, Normandie. J’y ai retrouvé mes parents et ma sœur cadette, Adèle, dans la grande maison bourgeoise de l’avenue George-V. Dans les placards, j’ai découvert des dizaines de kilos de sucre, une vingtaine de paquets de pâtes et de riz. Ma mère a eu un rire gêné et ma sœur a haussé les épaules. Mon père, notaire, est venu me dire bonjour puis s’est retiré dans son bureau. Je sais par ma mère qu’il est fier de mes fonctions, même si, pudique, il n’en a jamais rien manifesté. Je sais aussi qu’il aurait voulu avoir un fils pour lui léguer son étude. Ma mère s’occupe de la maison et de ma sœur, encore au lycée. Un mois plus tard, les réfugiés ont déferlé sur le village. Et les alertes ont commencé. Dans le ciel,