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L'eau qui dort

Author/Uploaded by Séverine Quelet; Fiona Barton

Fiona Barton L’EAU QUI DORT Traduit de l’anglaispar Séverine Quelet David Thurlow 19.02.1932 – 12.01.2021 « Aussi longtemps que tu vis, il y a toujours quelque chose qui te guette, et même si c’est mauvais, et si tu sais que ça l’est, qu’est-ce que tu peux faire ? Tu peux pas t’arrêter de vivre. » De sang-froid, Truman Capote (Traduction Raymond Girard) Sommaire TitrePrologueChapitre 1Chapitre 2C...

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Fiona Barton L’EAU QUI DORT Traduit de l’anglaispar Séverine Quelet David Thurlow 19.02.1932 – 12.01.2021 « Aussi longtemps que tu vis, il y a toujours quelque chose qui te guette, et même si c’est mauvais, et si tu sais que ça l’est, qu’est-ce que tu peux faire ? Tu peux pas t’arrêter de vivre. » De sang-froid, Truman Capote (Traduction Raymond Girard) Sommaire TitrePrologueChapitre 1Chapitre 2Chapitre 3Chapitre 4Chapitre 5Chapitre 6Chapitre 7Chapitre 8Chapitre 9Chapitre 10Chapitre 11Chapitre 12Chapitre 13Chapitre 14Chapitre 15Chapitre 16Chapitre 17Chapitre 18Chapitre 19Chapitre 20Chapitre 21Chapitre 22Chapitre 23Chapitre 24Chapitre 25Chapitre 26Chapitre 27Chapitre 28Chapitre 29Chapitre 30Chapitre 31Chapitre 32Chapitre 33Chapitre 34Chapitre 35Chapitre 36Chapitre 37Chapitre 38Chapitre 39Chapitre 40Chapitre 41Chapitre 42Chapitre 43Chapitre 44Chapitre 45Chapitre 46Chapitre 47Chapitre 48Chapitre 49Chapitre 50Chapitre 51Chapitre 52Chapitre 53Chapitre 54Chapitre 55Chapitre 56Chapitre 57Chapitre 58Chapitre 59Chapitre 60Chapitre 61Chapitre 62Chapitre 63Chapitre 64Chapitre 65Chapitre 66Chapitre 67Chapitre 68Chapitre 69Chapitre 70Chapitre 71Chapitre 72RemerciementsDe la même auteureCopyright Prologue Il y avait un bourdonnement. Une mouche. Incapable de bouger, il devait se contenter d’écouter sa plainte sourde et continue pour tenter de suivre sans les voir ses errances dans la pièce. Où était-elle ? Près de l’évier, peut-être ? Au-dessus de la grille d’évacuation ? Un silence, puis elle vint voleter au coin de son œil. Il secoua la tête pour la chasser mais, après quelques instants, l’importune se posa sur sa joue maculée de sueur. Elle s’envola lorsqu’il tressaillit, revint aussitôt. Il était à sa merci. Et elle semblait le savoir : elle rôdait, pareille aux adolescents renfrognés qui traînaient aux abords de la grand-rue. La mouche dansa au-dessus du torchon humide qui obstruait sa bouche, s’approcha de ses narines, hésita et finit par se poser : le subtil frôlement de ses ailes et de ses pattes était une torture. Lorsqu’elle repartit enfin, elle fila droit vers la lucarne, unique source de lumière. D’un geste lent, il tendit le cou pour la regarder buter avec frénésie contre la vitre. Elle tomba sur le rebord. Elle était prisonnière, comme lui. Il ferma les yeux, se concentra pour réfléchir à la façon de sortir d’ici. Depuis combien de temps se trouvait-il là ? Il l’ignorait. Quand allaient-ils revenir ? Il faisait de plus en plus sombre dans la pièce. Le jour se couchait sur cette soirée d’été. Une nouvelle fois il se débattit pour se libérer, s’échina jusqu’à ce que ses muscles l’implorent d’arrêter. C’était peine perdue. Et s’il tentait plutôt de se débarrasser de son bâillon pour appeler à l’aide ? Il ouvrit la bouche aussi grand qu’il le put, sentit craquer le cartilage de sa mâchoire, puis il repoussa de la langue le tissu mouillé tout en se balançant sur sa chaise. La manœuvre semblait payer mais l’effort fit battre le sang à ses oreilles : il commença à s’étouffer. Il s’arrêta, s’efforça de maîtriser sa respiration, ne réussit qu’à émettre un sifflement aigu. Puis il recommença à gigoter jusqu’à faire basculer son siège qui se renversa. Il s’écrasa contre le sol. Étendu par terre, il prit soudain conscience du silence qui l’entourait. Il tendit l’oreille en quête du bourdonnement de la mouche et du bruit de ses tentatives pathétiques pour briser le carreau. Rien. S’était-elle échappée ? Comment ? La terreur s’insinua en lui et son cœur tambourina dans sa poitrine. On avait dû la laisser sortir. Pendant qu’il luttait pour se libérer. On avait dû ouvrir la porte derrière lui. Il essaya de tourner la tête pour voir qui venait d’entrer. 1 Samedi 24 août 2019 Dee Plus tard, Pauline racontera qu’elle n’avait même pas remarqué la disparition de Charlie avant que je ne la réveille. Sa voiture était garée dans l’allée mais je ne l’ai vu nulle part quand je suis entrée pour faire le ménage. Je possède ma propre clé et souvent à mon arrivée, les Perry ne sont pas encore levés. Tant mieux d’ailleurs, en toute franchise. Comme ça, je peux me mettre au travail tout de suite, et j’ai presque terminé quand ils se rendent enfin compte de ma présence. La « femme invisible », m’appelle mon mari pour plaisanter. Il a raison. Je suis capable de disparaître totalement une fois entrée dans la maison d’un client. Bien sûr, ils m’entendent passer l’aspirateur et déplacer les meubles, mais la plupart agissent comme si je n’étais pas là. Un peu à la manière de Downtown Abbey, quand les domestiques surgissent par une porte dérobée et époussettent les chandeliers pendant que la famille discute du dernier scandale en date de Lady Mary. Sauf qu’il n’y a ni passage secret ni étage inférieur dans les maisons dont je m’occupe. Je suis encore plus bas sur l’échelle. Après tout, les Perry vivent dans une caravane. « Un bungalow de luxe, m’avait corrigée Pauline avec hargne la première fois où j’ai employé ce mot. Ce sont les gitans qui vivent dans des caravanes, Dee. Et notre situation est temporaire, c’est seulement le temps de finir les travaux de la grande maison. » La grande maison. Vu de loin, l’ancien hôtel des Grands Chênes paraît spectaculaire. De près, c’est une ruine : les murs s’effondrent brique par brique, la toiture est percée et les plafonds s’affaissent d’étage en étage. D’après mon mari, elle devrait être condamnée, et malgré tout Pauline persiste à me faire lustrer le heurtoir en laiton de la porte principale et la boîte aux lettres. Je suppose que cela l’aide à se persuader qu’elle y habitera bientôt. On peut adopter des comportements étonnants pour rendre sa vie supportable. Chacun essaie de sauver les apparences, d’exhiber un extérieur reluisant qui dissimule en réalité un intérieur crasseux. Ah ! J’en vois des choses ! La couche de graisse sur les parois des fours, les traces d’excréments dans les toilettes, les taches suspectes sur les matelas… Et j’en entends ! Qui a des problèmes d’argent et qui souffre de mycoses. Mais personne n’en sait rien. Ne rien dire fait partie de mon travail. Depuis la chambre, Pauline appelle : — Charlie ! Je passe la tête par la porte pour lui répondre. — Je ne l’ai pas vu

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