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Ligne de fuite

Author/Uploaded by Sara Baume

Sara Baume Ligne de fuite Roman Traduit de l’anglais (Irlande)par France Camus Pichon Frankie a 25 ans, elle vient de terminer son école d’art, et doit à présent faire quelque chose de sa vie. Bouleversée par la mort récente de sa grand-mère, en proie aux plus grands doutes quant à son propre talent, en quête de signes et de présages, elle fuit Dublin et son agitation pour se réfugier dans la mai...

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Sara Baume Ligne de fuite Roman Traduit de l’anglais (Irlande)par France Camus Pichon Frankie a 25 ans, elle vient de terminer son école d’art, et doit à présent faire quelque chose de sa vie. Bouleversée par la mort récente de sa grand-mère, en proie aux plus grands doutes quant à son propre talent, en quête de signes et de présages, elle fuit Dublin et son agitation pour se réfugier dans la maison décrépite de son aïeule, au pied d’une éolienne gigantesque, dans la campagne irlandaise. Une longère perdue dans les landes. Au croisement de l’autofiction et du nature writing, ce roman provoque l’émerveillement. Sara Baume explore la fragilité de l’âme humaine, nous parle du blues du quart de vie, du lien viscéral qui nous lie à la nature, et de la beauté qui peut être trouvée par celui qui accepte de poser un regard mélancolique sur le monde. Du désir, humain et impérieux, de laisser une trace. « Un roman unique, merveilleux, poignant, véridique, d’une puissance tranquille, d’une beauté étrange et d’un éblouissement lumineux. J’ai été baumé. » Joseph O’Connor Sara Baume est née dans le Lancashire et a grandi dans le comté de Cork, en Irlande. Elle a étudié les beaux-arts et la création littéraire, avant de se dédier corps et âme à la littérature. Son premier roman, Dans la baie fauve, a été remarqué par la critique et récompensé par le prestigieux Ireland Francophonie Ambassadors’ Award, ainsi que par le prix du Centre Culturel Irlandais. La qualité de la traduction de France Camus Pichon a par ailleurs été récompensée par le prix Caméléon. Les publications numériques de la collection Notabilia des éditions Noir sur Blanc sont pourvues d’un dispositif de protection par filigrane. Ce procédé permet une lecture sur les différents supports disponibles et ne limite pas son utilisation, qui demeure strictement réservée à un usage privé. Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur, nous vous prions par conséquent de ne pas la diffuser, notamment à travers le web ou les réseaux d’échange et de partage de fichiers. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivant du Code de la propriété intellectuelle. ISBN : 978-2-88250-809-6 Pour M, Em & Mum « Le pire effet que pourrait avoir sur vousle fait d’être un artisteserait de vous rendre constammentun peu triste. » J. D. SALINGER,La Période bleue de Daumier-Smith 1 Rouge-gorge Aujourd’hui, dans le journal, la photo de plusieurs membres d’une tribu amazonienne. Cliché pris d’un avion volant à basse altitude. Des hommes nus à l’exception des peintures sur leur visage, brandissant leurs lances le plus haut possible, pour tenter d’attaquer le plus grand et le plus effrayant animal ailé qu’ils aient jamais rencontré, jamais imaginé. Selon la légende, ils appartiendraient à la dernière tribu « coupée du monde ». Quelle chose incroyable qu’il y en ait encore, me dis-je. Des gens comme eux. Tout là-bas. Et presque aussitôt, j’oublie. Un matin de printemps, au ciel pommelé. Et pour marquer cette journée, une nouvelle créature morte. Un rouge-gorge. Mystérieusement, elles me trouvent toujours. Tapies dans les fossés caverneux, et se jetant sous les roues de ma Fiesta. Dégringolant du ciel pour atterrir à mes pieds. Et parce que mon petit monde s’écroule progressivement, il semble approprié que ces créatures meurent elles aussi. Elles sont tuées avec moi ; elles sont tuées pour moi. Je décide de prendre une photo de ce rouge-gorge. La première d’une série, peut-être. Une série sur la façon dont tout se fait lentement tuer. Sauf que non. Les stratus blancs s’assemblent pour former des cumulus. Et ces nuages rivalisent d’adresse pour imiter des animaux. Un mouton, un ornithorynque, un mouton, une tortue. Un mouton, un mouton, un mouton. Les premières feuilles apparaissent, occultent les stratus, les animaux célestes, les espaces irréguliers de bleu céruléen entre eux. Sous mes yeux, les champs de jonquilles de la ferme sur l’autre flanc de la vallée se constellent d’un jaune de plus en plus jaune. Pourquoi ai-je la sensation d’être tuée, alors que c’est la saison du renouveau ? Les voitures n’ont pas d’accidents quand les jours rallongent. Les violeurs ne rôdent pas au soleil et les vieillards n’attrapent pas de pneumonies, ils ne rendent pas l’âme dans leur fauteuil à bascule. Les maisons ne brûlent pas au printemps. Mais tout cela n’est pas vrai ; Walt Disney m’a menti. La météo ne correspond pas à mon humeur ; le scénario ne se matérialise jamais, ni la musique pour influer sur mes émotions, et il n’y a pas de public. J’arrive au bout de la plupart de mes journées sans être vue par personne. Ou du moins, par aucun être humain. Voilà trois semaines que je suis ici, dans la maison de ma grand-mère. Toute seule. La présence de ces créatures mise à part. Ma grand-mère est morte par un lugubre mois d’octobre, comme il se doit, il y a de cela trois automnes. La nuit de sa mort, la queue d’un ouragan atteignait la côte. Il s’appelait Antonio et venait des Bermudes. Il a abattu un arbre qui a entraîné dans sa chute un câble électrique et plongé la moitié de la paroisse dans l’obscurité. Ensuite le malheureux arbre est resté à terre, étranglé par le câble électrique et coupant la route qui conduit à la maison de ma grand-mère en haut de la colline. Ma mère et mes tantes ont été bloquées dans la maison, mais je n’étais pas là et maman n’a appelé que deux heures plus tard. Je travaillais dans une galerie d’art contemporain à Dublin. Donnant comme chaque matin une couche de peinture sur les éraflures de la veille. Rendant au blanc terni son éclat. Même si je m’attendais à cet appel, je n’ai pas décroché tout de suite. Même si je m’attendais à ce que ma grand-mère meure, je ne pouvais pas croire que ce serait le matin. Le temps de

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