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Même le bruit de la nuit a changé

Author/Uploaded by Violette d'Urso

Violette d’Urso Même le bruit de la nuit a changé roman Flammarion © Flammarion, 2023. ISBN numérique : 978-2-0804-1915-6 ISBN du pdf web : 978-2-0804-1917-0 Le livre a été imprimé sous les références : ISBN : 978-2-0804-1914-9 Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. Présentation de l’éditeur :Anna est encore une enfant quand son père meurt brutalement. Elle remplit son absence par q...

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Violette d’Urso Même le bruit de la nuit a changé roman Flammarion © Flammarion, 2023. ISBN numérique : 978-2-0804-1915-6 ISBN du pdf web : 978-2-0804-1917-0 Le livre a été imprimé sous les références : ISBN : 978-2-0804-1914-9 Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. Présentation de l’éditeur :Anna est encore une enfant quand son père meurt brutalement. Elle remplit son absence par quelques objets hétéroclites, par des histoires qu’on lui a racontées et par son puissant imaginaire. Jeune femme, elle comprend qu’elle connaît très peu celui qu’elle s’est inventé en héros. À partir d’un répertoire qui lui a appartenu, elle se lance sur ses traces, arpente les villes d’Italie, d’où il était originaire, et remonte pas à pas l’histoire de sa famille. On la suit dans ce voyage où elle découvre les mille vies de son père, dont certaines sont fabuleuses et d’autres d’une noirceur d’encre.Même le bruit de la nuit a changé se lit comme une enquête sur un homme passionnément romanesque. Mais c’est aussi un livre sur l’enfance orpheline et la construction de soi avec le manque. L’écriture et le temps long pris pour déplier les pans visibles ou cachés d’une vie et d’une relation en font un roman magnifique sur l’amour d’une fille pour son père.Violette d’Urso a 23 ans. Même le bruit de la nuit a changé est son premier roman. À mes sœurs Je ne connais rien de lui et pourtant je le vois J’ai inventé son nom, j’ai entendu sa voix […] Sa démarche ressemble aux souvenirs d’enfant Qui trottent dans ma tête et dansent en rêvant Sur son front, ses cheveux sont de l’or en bataille Que le vent de la mer et le soleil chamaillent D’après Michel Legrand, « Chanson de Maxence », Les Demoiselles de Rochefort Même le bruit de la nuit a changé Tous les matins, une mouche se pose et se repose sur mon visage. Elle ne me laisse aucun répit, ne s’envole que pour mieux rebondir peu après, me fait redécouvrir certaines de ses parties auxquelles je ne pense jamais ; elle en explore tous les grains, tous les endroits un peu plus huileux comme les traces de mes lunettes de chaque côté de mon nez. Elle l’attaque sans cesse, le poinçonne, comme si de toute la force de son petit corps elle voulait le faire résonner, elle se jette dessus comme on se lancerait sur une porte cadenassée qui protège un secret. On dirait qu’elle veut absolument entrer dans ma tête. Et tout ça à six heures et demie du matin. Dans une vie antérieure, cette mouche a sûrement été une mère très intrusive. Débarquant avec ses questions qui font mine de ne pas en être, agissant de façon étouffante, comme si c’était naturel. Toutes ces remarques s’impriment sur mon visage au rythme de ses pattes, soudain écrasantes. Ce matin, après ma rencontre avec la mouche-mère, j’ai l’œil fou, des palpitations, je me gratte partout où elle s’est posée. Cette mère de je ne sais qui, réincarnée en un animal dont le centre d’intérêt principal est la poubelle, s’intéresse à moi comme à une matière fécale, elle me déguste et me rappelle à chaque seconde, par un message subliminal moucheux : « T’es une merde. » Elle se pose sur moi sans aucune gêne comme sur un corps qui ne peut plus réagir. Elle ne se concentre que sur mon visage, elle y disperse toute la crasse qu’elle a accumulée lors de ses précédents voyages, comme si mon corps vivait mais que ma tête était déjà morte. En même temps, qui d’autre qu’une mouche serait capable de m’annoncer une sentence aussi grave ? Ce matin, cela fait quinze ans que mon père est mort. I Chapitre 1 Je suis dans le train qui me ramène d’un voyage scolaire. Le tunnel de la gare Montparnasse nous avale peu à peu. Je connais mal cette gare, ce n’est pas celle dont j’ai l’habitude. Cela lui donne un aspect un peu irréel. À mesure que le train avance, je regarde scrupuleusement le quai, à la recherche d’un homme portant un chapeau de feutre. Je n’entends plus les discussions des autres enfants. La silhouette de mon père est facile à reconnaître : en plus de porter un chapeau de feutre, il est longiligne, toujours vêtu de très beaux costumes, chaussé de bottines en daim marron, et tient parfois une canne. Il s’habille comme Mr Banks dans Mary Poppins, il est différent des autres pères de l’école qui sont en jean-baskets et dont je me demande, du haut de mes six ans, quand ils commenceront à s’habiller comme de vrais papas. Aujourd’hui, je n’accorderai pas un regard aux jean-baskets avec leurs pains au chocolat à la main. Aujourd’hui, c’est lui qui va venir me chercher, me sauver de cet enfer de la classe verte, lui avec son raffinement, ses discussions intelligentes, ses caresses sur mon crâne, ses baisers avec sa barbe qui repousse légèrement, son amour. Il me l’a promis. Je suis fière d’être la fille d’un homme si différent des autres, et j’aime aussi qu’il vienne me chercher comme n’importe quel père. J’ai mis exprès la jupe courte en flanelle grise qu’il m’a offerte, un pull qui gratte, et je me suis fait des nattes pour ressembler à une Anglaise rentrant du pensionnat. Tandis que je continue à scruter le quai pour le repérer et le rejoindre le plus vite possible, les autres enfants parlent, s’agitent sur leurs sièges, enfilent leurs gros manteaux et leurs sacs à dos mous et très lourds. Mais quand je descends du train, il n’est pas là, il m’a oubliée. C’est ma mère qui apparaît, longiligne elle aussi, dans un manteau noir, parmi les autres parents. Elle est accompagnée de ma sœur Molly et d’Erika, une amie qui est comme une grand-mère pour nous. Il manque mon père et Rosalie, mon autre sœur, pour compléter le tableau. J’ai peur qu’il y ait eu un malentendu, que ma mère soit venue me chercher machinalement sans

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