Author/Uploaded by Paula Jacques
Paula Jacques Mon oncle de Brooklyn Flammarion Les citations aux chapitres 5 et 6 sont extraites de :– « Still I Rise », tiré de And Still I Rise : A Book of Poems de Maya Angelou, © Maya Angelou, 1978. Reproduit avec l’autorisation de Random House, une marque et un département de Penguin Random House LLC. Tous droits réservés.Pour la traduction française : Et pourtant je m’élève, traduction de...
Paula Jacques Mon oncle de Brooklyn Flammarion Les citations aux chapitres 5 et 6 sont extraites de :– « Still I Rise », tiré de And Still I Rise : A Book of Poems de Maya Angelou, © Maya Angelou, 1978. Reproduit avec l’autorisation de Random House, une marque et un département de Penguin Random House LLC. Tous droits réservés.Pour la traduction française : Et pourtant je m’élève, traduction de Santiago Artozqui, Seghers, 2022.– I Know Why the Caged Bird Sings, Maya Angelou, Random House, 1969.Pour la traduction française : Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage, traduction de Christiane Besse, Lgf, 2009. © Flammarion, 2023 ISBN Numérique : 9782081505476 ISBN Web : 9782081505483 Le livre a été imprimé sous les références : ISBN : 9782081505469 Ouvrage composé par IGS-CP et converti par Pixellence (59100 Roubaix) Présentation de l'éditeur Quand Éva débarque à New York, elle a plus d’une idée en tête. Côté pile, interviewer des personnalités apparemment inaccessibles pour une jeune journaliste française – comme l’impressionnante Toni Morrison, qui pourrait se confier sur les récentes émeutes raciales qui ont enflammé la ville. Côté face, elle doit se rapprocher, à la demande de sa mère, d’un oncle qu’elle connaît peu et qui vient de perdre sa femme à cause de son rigorisme religieux. New York s’offre décidément sous toutes les coutures, entre tensions raciales, communautés religieuses orthodoxes et vie culturelle palpitante… Et c’est là que la jeune femme fait une rencontre décisive en croisant la route de Barry, écrivain au carnet d’adresses imposant et au charme dévastateur. En l’espace d’une poignée de semaines, ce n’est pas une mais plusieurs vies que l’irrésistible Éva va mener dans une ville dont elle épouse à la perfection l’éternel mouvement. Mais qu’est-ce qui fait courir Éva ? Paula Jacques est née au Caire dans une famille appartenant à la séculaire communauté des juifs d’Égypte qui fut brutalement expulsée sous Nasser. À son arrivée en France, elle exercera divers petits boulots puis, devenue journaliste de radio, elle animera l’émission Cosmopolitaine sur France Inter durant une vingtaine d’années. Autrice d’une douzaine de romans dont Deborah et les anges dissipés (Mercure de France), lauréat du prix Femina 1991, Paula Jacques poursuit dans Mon oncle de Brooklyn son exploration des passions humaines sur le mode jubilatoire où culmine son art de la tragi-comédie. De la même autriceLumière de l’œil, Mercure de France, 1980 ; Folio, 1983. Un baiser froid comme la lune, Mercure de France, 1983. L’Héritage de tante Carlotta, Mercure de France, 1987 ; Folio, 1990. Deborah et les anges dissipés, Mercure de France, 1991 (prix Femina 1991) ; Folio, 1994. La Descente au paradis, Mercure de France, 1995 ; Folio, 1997. Les Femmes avec leur amour, Mercure de France, 1997 ; Folio, 1999. Gilda Stambouli souffre et se plaint…, Mercure de France, 2002 (prix Europe 1 2002, prix Nice-Baie des Anges 2002) ; Folio, 2003. Samia la rebelle, Bayard Jeunesse, 2005. Rachel-Rose et l’officier arabe, Mercure de France, 2006 (prix Simenon 2006) ; Folio, 2007. Kayro Jacobi, juste avant l’oubli, Mercure de France, 2010. Au moins il ne pleut pas, Stock, 2015 ; Folio, 2016. Plutôt la fin du monde qu’une écorchure à mon doigt, Stock, 2019 ; Folio, 2021. Blue Pearl, Gallimard Jeunesse, 2020 ; Folio Junior, 2022. Mon oncle de Brooklyn À mon cher quatuor,Anne, Christine, Gilles, Michèle « Je suis parmi les miens avec un couteau pour les agresser. Je suis parmi les miens avec un couteau pour les protéger. » Franz KAFKA Prologue Parmi les dix commandements, Marco Sultan, mon oncle de Brooklyn, respectait entre tous le shabbat qui débute le vendredi au coucher du soleil et se termine le samedi à l’apparition des premières étoiles dans le ciel. En ce vendredi 1er septembre 1989, le shabbat commençant à 19 h 14, il résolut de fermer sa boutique dès 16 heures. De mauvaise humeur, son commerce battait de l’aile depuis quelque temps, il ordonna vertement à Troy, son employé, de ne pas oublier de balayer le sol et de passer la serpillière avant de baisser le rideau de fer. Ce dernier haussa les épaules et continua à contempler par la vitrine la brume de chaleur qui floutait la vision de Nostrand Avenue. Marco résista à son envie de lui chercher querelle. À tort. Il savait pouvoir se reposer en toute circonstance sur son employé et ne s’en privait pas. Troy Robinson était un Noir d’une quarantaine d’années, cordial avec les clients et, au bout du compte, d’une honnêteté jamais prise en défaut jusqu’ici. Il prenait à cœur les soucis d’argent de son patron au point de lui prodiguer les paroles d’encouragement et de réconfort moral qu’on ne lui demandait pas. Bien que touché par la sollicitude de son employé, Marco ne pouvait s’empêcher de déverser sur lui sa fureur à l’encontre du monde entier. Il n’en avait pas toujours été ainsi. Dans les années 1960, l’Amérique, ce pays dont mon oncle Marco attendait tout, lui avait tout donné : l’asile, l’identité nationale et autres libertés civiques que l’Égypte, sa terre natale, lui avait refusées. Ainsi, après avoir exercé de menus jobs à Brooklyn (veilleur de nuit dans un hôtel, livreur de pizzas à vélo) il avait emprunté à Samuel Shehata, son richissime beau-frère, une somme suffisante pour acheter une gargote de fish and chips sur Nostrand Avenue. Bouillonnant d’énergie, Marco avait transformé le local sale et sombre en une rutilante boutique de fringues « Tout à un dollar ». Le Sultan’s Bazar lui avait rapidement valu la clientèle des Noirs et des hippies de ce quartier pauvre de Brooklyn. Dans les années 1970-1980, la boutique de vêtements et de bijoux bon marché importés d’Inde attirait tant de monde qu’on n’aurait pas pu y glisser une aiguille. Mais peu à peu, une mode chassant l’autre, l’assemblage hétéroclite de hippies, yuppies, camés et marginaux avait changé d’accoutrement. Sans être au bord de la faillite, pas encore, le Sultan’s Bazar connaissait des hauts et des bas, juste assez de hauts pour ne pas sombrer, mais
Author: Jenna Gunn; Gabby Hughes
Year: 2023
Views: 18155
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