Un été meurtrier au Pays basque

Fred Juliani Un été meurtrier au Pays basque Du même auteur : Romans autobiographiques : Le goût amer de l’inachevé Contes et mécomptes d’Afrique et d’ailleurs Romans policiers : Le premier jour où je suis devenu un délinquant L’étrange suicide de Gérôme Giacometti Les disparues de l’Hérault Et la porte du ciel s’est ouverte Frédérique et Julien Victor Lazarevic, l’espion qu’on n’attendait pas Le couloir de l’inutile - deux flics au quotidien Ne reste pas là à pleurer devant ma tombe, je n’y suis plus Les enquêtes de Paul Vaysse : Quelques mots sur un carnet La maison abandonnée « Garde le silence et le silence te gardera », proverbe corse. Roman historique : Deux enfants une guerre. Essai : Histoire de l’immigration de Clovis à Emmanuel Macron Illustration de couverture : Raphaël Czerniejewski Avertissement : J’ai situé l’intrigue de ce roman à Saint Jean Pied de Port, au Pays basque, mais cela aurait pu être un autre village de France ou d’ailleurs, tellement les hommes et les situations se ressemblent. Ce livre est une œuvre de fiction, la représentation des lieux réels a pour seul but de faire partager des sites que j’apprécie et donner un caractère d’authenticité au roman. Les noms des personnages sont le fruit de mon imagination, toute homonymie, ressemblance ou similitude avec des personnages existants ou ayant existé, en particulier des personnes occupant des fonctions existant réellement, ne saurait être que fortuites. En aucune façon les habitants de la région ne sont concernés par les dires et comportements de mes personnages. « Quand on traque une proie, mieux vaut prendre son temps, ne rien dire, et aussi sûr que deux et deux font quatre, elle finira par céder à la curiosité et se montrer ». Harper Lee Le soleil n’apporte pas forcément le bonheur Le Pays basque, c’est beau en été et en hiver, en automne et au printemps, bref tout le temps, mais on le ressent différemment selon que l’on est d’ici ou que l’on vient d’ailleurs. Le pays basque, ce sont les plages de sable fin, les vagues à l’écume mousseuse, les surfeurs qui se noient à l’horizon pour mieux réapparaître, virevolter sous nos yeux ébahis, spectacle époustouflant à ne pas s’en lasser… et puis il y a aussi toutes ces villes et villages de caractère, ces maisons, belles, bien ordonnées, qui se ressemblent pour constituer ce paysage unique qu’on aimerait emporter pour égayer notre quotidien, quand on est d’ailleurs. Il y a aussi la gastronomie qui vous fait claquer de la langue de bonheur et enchante le palais… on pourrait trouver tant d’autres détails merveilleux, aussi insignifiants soient-ils, pour parler de ce petit coin de Paradis, du peuple qui y habite, d’évènements extraordinaires qui s’y déroulent toute l’année… Tout cela est bien sûr affirmé haut et fort pour attirer les touristes, les promeneurs du dimanche, les amoureux de la campagne et de l’océan qui gronde. Pour certains qui y vivent toute l’année, c’est le seul endroit qui les rende heureux de vivre, et s’ils devaient en partir, ils y reviendraient pour y mourir. Pour d’autres, tout est d’une banalité navrante, rien n’a plus d’intérêt, le quotidien les assomme, ils ont cette envie de partir sans oser le faire, ils ont cette impuissante mélancolie qui les fait se replier sur eux-mêmes. Le pays des racines peut être parfois une prison, il peut être aussi un royaume, une source vive, un trésor, qui rend souvent impossible la décision de partir ou de rester, l'attachement ou l'arrachement. Le soleil n’apporte pas forcément le bonheur, la pluie pas forcément la tristesse, tout est en nous, et le lieu où nous vivons importe peu à notre état d’esprit, notre façon d’être et de voir les autres… à nous d’être ou de ne pas être, de faire ou de ne pas faire, d’y rester ou d’en partir… Rien n’est écrit d’avance, le destin ne nous assigne pas à résidence, il peut être battu en brèche, déjoué, rejoué ailleurs, comme une pièce de théâtre qui s’enrichit chaque soir de ses spectateurs, qui amène les acteurs à modifier les intonations, les gestes, pour s’adapter aux circonstances et aux lieux. Tout est toujours possible, vers le meilleur bien entendu, ce que tous nous espérons évidemment. Tenez en ce moment par exemple, pour tromper l’habitude, le temps est plutôt maussade, cela arrive aussi ici – ce n’est pas un hasard si le Pays basque est aussi verdoyant – et Sylvie Despériesse en a franchement marre de vivre à Saint Jean Pied de Port, s’ennuie, et les 1500 personnes qui, comme elle, vivent là toute l’année, ne lui apportent aucun réconfort, peu de plaisirs, tout au contraire. C’est pitié, se lamente-t-elle, de devoir chaque jour se lever à heure fixe, voir les mêmes visages, faire les mêmes gestes, le même travail, sans surprise, devoir se satisfaire du ronron quotidien lassant, qui ne lui apporte plus rien, qui l’épuise plutôt. Certes, Saint Jean Pied de Port n’est pas le bout du monde, l’herbe si souvent verte, agréable, ne manque pas de charme, Sylvie devrait être heureuse de vivre ici, au pied du mythique col de Roncevaux, tout près de la frontière espagnole, tout juste à cinquante kilomètres de Bayonne, à peine une petite heure de route de l’océan. Une petite ville agréable, très animée l’été, ce qui lui permet d’allier passé historique et modernité, traversée par le chemin de Saint Jacques de Compostelle et le GR 10, et la Nive, une rivière tranquille la plupart du temps, avec des sautes d’humeur qui la font gronder à l’instar de l’océan si près à vol d’oiseau, quand elle s’ennuie, elle aussi, elle s’agite… D’accord, d’accord, beaucoup de monde y passe, y séjourne, de quoi voir d’autres visages, de faire d’autres rencontres, mais voilà, Sylvie Despériesse est sourde à ces arguments. À mesure que le temps passe elle ne se supporte plus, elle a bien envie de tout plaquer et partir au diable vauvert, dans un pays inconnu, au fin fond de l’Amazonie, au bord de son