Author/Uploaded by Anna Stuart
La Sage-femme d’Auschwitz Anna Stuart Traduit de l’anglais par Maryline Beury City Roman © City Éditions 2023, pour la traduction française © Anna Stuart, 2022 Publié pour la première fois au Royaume-Uni par Bookouture sous le titre The Midwife of Auschwitz. Couverture: © Bookouture ISBN : 9782824637372 Code Hachette : 34 5762 0 Collection dirigée par Christian English & Frédéric Thibaud Cata...
La Sage-femme d’Auschwitz Anna Stuart Traduit de l’anglais par Maryline Beury City Roman © City Éditions 2023, pour la traduction française © Anna Stuart, 2022 Publié pour la première fois au Royaume-Uni par Bookouture sous le titre The Midwife of Auschwitz. Couverture: © Bookouture ISBN : 9782824637372 Code Hachette : 34 5762 0 Collection dirigée par Christian English & Frédéric Thibaud Catalogues et manuscrits : city-editions.com Conformément au Code de la Propriété Intellectuelle, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, et ce, par quelque moyen que ce soit, sans l’autorisation préalable de l’éditeur. Dépôt légal : Mars 2023 À la mémoire de Stanisława Leszczyńska et de tous ceux qui, comme elle, ont lutté pour maintenir un peu d’espoir aux pires heures de l’Holocauste. Prologue Avril 1946 Il y a des petits lits partout. Ils remplissent tout l’espace de cette salle bruyante, et chacun contient un bébé aux yeux grands ouverts. Ce n’est pas de l’espoir que l’on lit dans leurs yeux, ils sont encore trop petits pour ça, mais une sorte de besoin qui me va droit au cœur, et même plus profondément encore – jusque dans mon ventre. Voilà longtemps que je n’ai pas porté d’enfant, mais peut-être cette sensation ne nous quitte-t-elle jamais vraiment. Peut-être que tous les enfants que j’ai mis au monde ont laissé derrière eux un petit fragment de cordon ombilical qui me rend plus sensible au regard des bébés. Et peut-être que tous les enfants que j’ai aidés à venir au monde au cours de mes vingt-sept années en tant que sage-femme m’ont influencée de la même manière. J’avance de quelques pas dans la pièce. Les lits d’enfant sont vieux et sommaires mais propres et faits avec soin. Dans l’un d’eux, un bébé pleure, et j’entends une voix de femme entonner une berceuse d’une voix douce et apaisante. Les pleurs s’arrêtent bientôt, ne laissant plus que la musique. Comme tout dans cette pièce, elle n’a rien de grandiose, Łódź 1 1er septembre ١٩٣٩ Ester L’horloge de la cathédrale Saint-Stanislas sonnait les douze coups de midi quand Ester Abrams s’assit avec soulagement sur ses marches. Elle offrit son visage au doux soleil d’automne, mais la pierre était froide sous ses jambes. Elle songea un instant à retirer son manteau pour s’en faire un coussin, seulement, il était neuf et d’une couleur bleu pâle – qui faisait ressortir celle de ses yeux, d’après sa sœur cadette –, et elle ne voulait pas prendre le risque de l’abîmer. Ester rougit en y pensant. Cet achat avait été une folie, mais Filip était toujours tellement bien habillé. Sans extravagance – un apprenti tailleur n’était guère plus fortuné qu’une infirmière en formation –, mais toujours avec goût et soin. C’était l’une des premières choses qui avaient frappé Ester, ce jour d’avril, quand il s’était assis à l’autre bout des marches et qu’elle avait brusquement senti la sève monter dans tout son corps, comme les bourgeons devenus fleurs dans le cerisier d’à côté. Elle avait tout de suite baissé les yeux, naturellement, et avait grignoté lentement ses petits roulés aux champignons et au chou fermenté – la spécialité de sa mère – sans en sentir