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Le smoking des orques

Author/Uploaded by Vincent Maillard

DU MÊME AUTEUR L’os de Lebowski, prix littéraire 30 Millions d’amis, Philippe Rey, 2021 ; Points, 2022 Methanic, Ramsay, 2021 Springsteen-sur-Seine, Éditions Fanlac, 2019 © 2023, Éditions Philippe Rey 7, rue Rougemont – 75009 Paris Couverture : Stéphane RébillonDesign de la couverture : CheeriEn couverture : © Emmanuel Despujol www.philippe-rey.fr ISBN : 978-2-38482-010-8 Ce document numérique a...

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DU MÊME AUTEUR L’os de Lebowski, prix littéraire 30 Millions d’amis, Philippe Rey, 2021 ; Points, 2022 Methanic, Ramsay, 2021 Springsteen-sur-Seine, Éditions Fanlac, 2019 © 2023, Éditions Philippe Rey 7, rue Rougemont – 75009 Paris Couverture : Stéphane RébillonDesign de la couverture : CheeriEn couverture : © Emmanuel Despujol www.philippe-rey.fr ISBN : 978-2-38482-010-8 Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. TABLE DES MATIÈRES TitreDu même auteurCopyrightPrologueOrques en piscineBulkoCouler avec le sourireBulkoLudo sauvé des eauxLa fille en néoprène noirAttikaSur le Flo-terBulkoIl n'y a pas de hasardPaula« Un petit dîner entre amis » selon John-LucL'impératrice MumuBulkoBack to NicePaulaHymne à la liberté, l'amour, la joieLes envolées d'EdoardoAttikaEn pleine eauLes rushsLa vague alcooléeLe grand cirque commercial planétaireL'orque sans nomMarius, de profundisLe point de rupturePaulaUn secret trop lourdComme une orque dans la SeineBulkoSuicide en piscineCoup de têteAlert BayOrcœusMayDits et non-dits de l'amourÀ bord du Raïs SalimLa bombePaulaEn mode avionEnregistrements audio d'Attika face à la caméra de FloRemerciements Prologue Il y a bien longtemps, une femme, qu’on avait surnommée la putain de la République, avait menacé de publier un dossier capable de « faire sauter » ladite République. À part elle-même, elle n’a rien fait sauter du tout. Mais moi, oui. Je m’en vais le conter pas plus tard que tout de suite. Je vais imprimer ce texte en cinq exemplaires et l’envoyer à : l’AFP, Mediapart, Le Monde, Le Figaro et Marianne, ça suffira. Il ne faudra pas quinze jours pour que le président du Sénat devienne le président de la République par intérim, puis deux mois pour organiser de nouvelles élections présidentielles. Orques en piscine Ça a commencé par un petit séjour du côté de Nice, il y a cinq mois, début mai. Je savais que ce serait le plus facile et, étrangement, le plus difficile aussi. Un billet de train pour Nice, un ticket d’entrée adulte à Océland, et je verrais des orques. J’avais préféré ne pas, dans un premier temps, me présenter comme journaliste (ce que formellement je n’étais pas, ou plus, je suis désormais réalisateur de documentaires, mais comme il est plus facile d’expliquer la différence entre la relativité générale et la relativité restreinte qu’entre le reportage et le documentaire… bref), car je savais que la direction du parc aquatique se méfiait des journalistes comme un bronchitique du covid. Le complexe était dirigé par un couple de quarantenaires win-win, Alexandre et Amélie Hurst. Elle était originaire de Loire-Atlantique et lui de l’Oise, ils avaient suivi des cursus comparables en écoles de commerce de province, avaient passé deux ans aux États-Unis (dont la dernière année comme COO juniors – Chiefs Operating Officers – au Seaworld d’Orlando) où ils s’étaient rencontrés, puis acoquinés, puis accouplés, puis épousés, puis associés. Ils avaient alors été remarqués par la Young Talents Foundation of Florida et étaient revenus en France, recrutés par le Fonds d’investissement suisse propriétaire d’Océland pour le diriger. Là, en quelques années, ils s’étaient fait une place au soleil dans le mundillo des affaires niçoises, à coups de mawashi-geri en kimono Dolce & Gabbana et de couvertures étincelantes dans le supplément magazine de Nice-Matin. « Alexandre et Amélie Hurst, unis par la passion »… Ouais… J’avais dans l’idée que, si je les appelais, ils ne m’inviteraient pas (à l’inverse du photographe de Nice-Matin) à venir siroter un cocktail au bord de leur piscine afin de disserter sur les différentes manières dont le libéralisme précipitait le collapse général. Je me suis donc abstenu. D’ailleurs, pour une fois – profitons-en –, je ne faisais pas bande à part, et rejoignais le troupeau laineux et bien compact (hormis donc les chiens de berger sélectionnés de Nice-Matin) de mes anciens confrères : les Hurst se méfiaient de moi comme de tous les journalistes. Ça n’avait rien d’étonnant, car ces derniers avaient, faute de s’attaquer à la logique commerciale qui les générait (ce que font les réalisateurs de documentaires engagés… re-bref), des combats simples et emblématiques : les cétacés devaient nager dans la mer, et les migrants non. J’irais donc en touriste. Je m’infiltrerais, undercover, derrière les lignes ennemies ; pour trente-deux euros quatre-vingt-dix centimes, et, s’il le faut, prêt à tout, je mangerais un wrap et boirais un Coca zéro. Quand j’étais petit, je n’étais pas grand (moralement) et (donc) j’aimais les zoos. J’adorais ça. Je préférais mille fois aller au zoo de Vincennes, revoir encore et encore les zèbres aussi immobiles en vrai que sur les photos qu’on prenait d’eux en noir et blanc et à 200 Asa, ou les deux éléphants d’Afrique qui se balançaient d’une patte sur l’autre comme s’ils se gelaient les pieds en attendant un bus pour le Serengeti, qui ne viendrait jamais. Je pouvais rester des heures à fixer l’endroit du minuscule bassin d’eau noire où le phoque sortait ses moustaches tous les deux tours pour souffler sa pulvérisation métronomique. Même la panthère noire, déchirante à force d’aller et de venir dans sa cage en feulant imperceptiblement, me fascinait comme une reine de Saba. Aujourd’hui, bien sûr, je hais les zoos, comme tout le monde. C’est ça, grandir. On ne pense plus tout seul, on a appris des choses au contact des autres, des livres, on a intégré une culture, on s’est frotté aux contingences. Plus ou moins. Eux, non. Apparemment. Ils viennent en processions ininterrompues de véhicules à pots catalytiques, ou même à moteurs hybrides, dans lesquels ils s’assemblent par groupes de trois, de quatre ou de cinq, pas plus, c’est la loi pour les berlines. Les voitures s’alignent sagement sur les parkings à perte de vue. Hors période de congés scolaires, la plupart des véhicules déversent des tout-petits, pas encore scolarisés, comme pour les baptiser dans ce temple de la vie confinée du XXIe siècle. Les adultes qui les drivent (des jeunes couples en baskets, encore fébriles mais bien glorifiés d’avoir, tels des demi-dieux, parachevé la recréation du monde par leur simple copulation – ou des jeunes retraités, des grands-parents qui s’échinent à renouer avec leurs plus belles années, celles de « quand les enfants étaient petits »,

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