Meurtres et tarte au citron vert

DU MÊME AUTEURAU CHERCHE MIDI : Meurtres et pépites de chocolat Meurtres et charlotte aux fraises Meurtres et muffins aux myrtilles Meurtres et tarte au citron meringuée Meurtres et cupcakes au caramel Meurtres et biscuits au sucre Meurtres et cheesecake aux cerises À PARAÎTREAU CHERCHE MIDI : Meurtres et carrot cake Sommaire Titre Du même auteur au cherche midi Chapitre 1 Cookies suédois aux flocons d’avoine (de Karen Lood) Chapitre 2 Délices à l’ananas Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Bouchées aux dattes et aux noix Chapitre 7 Chapitre 8 Tarte au citron vert Chapitre 9 Tarte aux fausses pommes Chapitre 10 Chapitre 11 Chapitre 12 Muffins de Bernadette Chapitre 13 Beurres fantaisie pour muffins Chapitre 14 Omelette spéciale petit déjeuner Chapitre 15 Cappuccinettos Chapitre 16 Chapitre 17 Pain à la mangue Pain aux pêches Chapitre 18 Chapitre 19 Rêves d’épices Chapitre 20 Chapitre 21 Chapitre 22 Chapitre 23 Chapitre 24 Gâteau à l’orange de Kitty Chapitre 25 Chapitre 26 Chapitre 27 Chapitre 28 Chippers Chapitre 29 Chapitre 30 Chapitre 31 Chapitre 32 Brownies blonds Barres chocolatées frites Index des recettes Conversion des volumes Copyright Chapitre 1 À 8 h 45 précises, le deuxième lundi du mois de juin, Hannah Swensen prit un numéro au distributeur installé à cet effet près du comptoir d’accueil et alla attendre son tour dans la salle adjacente, meublée comme il se doit de chaises aussi laides qu’inconfortables. Comme chaque année à la même époque, une chaleur moite s’était répandue sur la région. Partout ailleurs aux États-Unis, la saison estivale était synonyme de douceur de vivre, de pêches miraculeuses, de couchers de soleil romantiques. Malheureusement, toutes ces belles choses n’avaient pas cours dans le Minnesota. L’air y était si lourd que les poissons, méprisant les meilleurs appâts, restaient cachés au fond des lacs, des nuées d’insectes buveurs de sang décourageaient les plus hardis randonneurs et la vie était loin d’être douce, surtout pour les cultivateurs. Les bonnes années, début juillet, le maïs montait à hauteur de genoux, mais à la mi-juin, la seule chose qui montait de manière régulière c’était le taux d’humidité. Un grondement assourdi lui fit dresser l’oreille. Était-ce le tonnerre ou l’un des semi-remorques qu’elle avait aperçus en venant ? La foire des Trois Comtés devait ouvrir ses portes à midi. Il était donc grand temps d’acheminer sur place les derniers manèges et autres attractions. Pendant une semaine, Lake Eden serait envahie par des centaines de visiteurs, impatients de goûter aux plaisirs de la fête foraine, avec ses manèges, ses vendeurs de sucreries, ses baraques de jeux et surtout les spectacles de rodéo programmés chaque jour dans l’après-midi. Hannah expulsa d’une pichenette les poils roux collés à son pantalon beige. Ils atterrirent sur la chaise d’à côté, en plastique orange comme la sienne. Elle avait beau passer l’aspirateur chez elle tous les week-ends, la bataille était perdue d’avance. Moshe, le matou blanc et roux qui partageait sa vie, en perdait deux fois plus que ce qu’elle parvenait à recueillir. À tel point que Hannah songeait très sérieusement à changer la déco de son appartement. Avec une moquette orange chinée de blanc et des meubles assortis, le problème serait en partie résolu. Elle pourrait même aller jusqu’à ne cuisiner que des aliments orange durant l’été, la saison la plus critique. Cela n’empêcherait pas la chute des poils, mais au moins elle n’aurait pas l’impression de vivre, de dormir, de marcher, de manger environnée en permanence d’une myriade de filaments couleur carotte. Cette chaise orange serait idéale, se dit-elle en examinant d’un œil torve le plastique moulé à la surface duquel les poils importuns avaient atterri et aussitôt disparu. Réflexion faite, ce n’était pas une solution. Ce genre de siège qu’on trouvait dans toutes les salles d’attente risquait d’attenter à l’harmonie de son intérieur autant qu’à l’intégrité de ses vertèbres. Plutôt que regarder sa montre pour la troisième fois en deux minutes, Hannah se demanda pourquoi les personnes chargées de meubler les salles d’attente choisissaient toujours les mêmes horreurs. Cela dit, le plastique moulé résistait aux taches comme aux rayures, et cette teinte orange apportait un peu de gaieté aux lieux les plus sinistres, songea-t-elle en fixant sur le sol les rails où les chaises étaient vissées par groupes de six, comme si quelqu’un aurait pu avoir l’idée saugrenue de les voler. Sentant venir la crampe, Hannah cala mieux ses reins. Puis, constatant que se tenir droite n’arrangeait rien, elle s’affaissa sur son siège et rentra la tête dans les épaules. Ce fut encore pire. Sur le dossier devant elle, une petite étiquette indiquait que les chaises étaient prévues pour des individus de corpulence moyenne. D’où la question suivante : que signifiait « corpulence moyenne » ? Pour elle, cette notion n’était qu’un outil statistique obtenu en comptabilisant les personnes mesurant plus d’un mètre quatre-vingt et celles ne dépassant pas un mètre cinquante. La fameuse moyenne tournait donc autour d’un mètre soixante-cinq. Or, Hannah savait, pour en avoir fait l’amère expérience, que les jambes des pantalons de taille M (M pour moyenne) étaient trop courtes pour les femmes comme elle et trop longues pour les autres. Peut-être existait-il quelque part dans le monde des individus possédant la morphologie rêvée par les fabricants de pantalons. Pour sa part, elle n’en avait jamais croisé. Une chose était sûre, le concepteur de ces chaises moyennes s’était basé sur un modèle d’être humain curieusement bâti. Un coup d’œil sur les postures et les expressions crispées de ses compagnons d’infortune, venus comme elle solliciter un laissez-passer pour la foire, la conforta dans ses certitudes. « Swensen ? » appela la secrétaire. Hannah bondit sur ses jambes et courut prendre la place que venait de libérer un homme en bleu de travail. « J’ai besoin de quelques informations complémentaires. » Hannah la vit ouvrir un tiroir, en tirer un gros registre et s’emparer d’un stylo. « Nom et prénoms, je vous prie, demanda l’employée en la regardant enfin dans les yeux. — Hannah Louise Swensen. — Situation familiale