Author/Uploaded by Laurent Combalbert
Du même auteur Négo, Calmann-Lévy, 2021 Chapitre 1 Prague. Février 2020 Le corps presque maigre est cassé en deux. Plié. Comme un manteau froissé qu’on aurait négligemment jeté sur le dossier d’une chaise. Astana a du mal à respirer. Elle est assise, les mains attachées dans le dos, poitrine collée contre les genoux. La jeune femme tente de remplir ses poumons, pour retrouver ses esprits. Pour é...
Du même auteur Négo, Calmann-Lévy, 2021 Chapitre 1 Prague. Février 2020 Le corps presque maigre est cassé en deux. Plié. Comme un manteau froissé qu’on aurait négligemment jeté sur le dossier d’une chaise. Astana a du mal à respirer. Elle est assise, les mains attachées dans le dos, poitrine collée contre les genoux. La jeune femme tente de remplir ses poumons, pour retrouver ses esprits. Pour émerger de ce cauchemar qui dure depuis des heures. Des jours. Elle prend de petites inspirations, précieuses, fraîches, puis expire doucement. La douleur lancinante côté droit est presque devenue acceptable. L’homme qui l’a frappée au sol lui a certainement fracturé une côte. Ou deux. Dans la pièce où elle se trouve, la lumière est constante. Blafarde. Crémeuse à vous donner la nausée. La pièce n’est pas chauffée et le froid est mordant. Mais la jeune Hongroise ne souffre plus de cet environnement hostile. Les premières heures ont été terribles. Des images à jamais gravées dans sa mémoire : l’arrivée de la police chez elle, les coups, les insultes. Les objets qu’on fracasse au sol. On l’a traînée par les cheveux, giflée, frappée pendant des heures. Désormais, Astana est résignée. Elle va mourir dans cette pièce. C’est peut-être mieux ainsi. Un grincement sort la jeune femme du semblant de sérénité dans laquelle elle essaye de s’emmitoufler. Le bruit de la porte qui s’ouvre, c’est le signal des coups qui pleuvent. Des insultes. Des attouchements. Il y a quelques secondes, elle s’imaginait mourir. Maintenant, elle veut vivre. Plus que tout. L’instinct de survie. Ça vient vous chercher dans le gouffre. Au plus profond de soi, la rage de vivre reprend le dessus. Et avec elle la peur de mourir. La peur de souffrir. Astana ne voulait plus supplier, ne plus implorer que les coups s’arrêtent. Mais les mots qu’elle parvient désormais à prononcer disent tout le contraire. D’une voix fluette, presque inaudible, elle sanglote : — Laissez-moi. S’il vous plaît. Laissez-moi… Autour d’elle, des pas. Plusieurs personnes se rapprochent lentement. Astana ouvre les yeux, qu’elle garde fermés depuis des heures pour se protéger de la lumière de la pièce. Elle voit les pieds de celui qui vient se placer devant elle. Des chaussures noires. Montantes. Des chaussures de flic. Et une voix qu’elle ne connaît que trop : — Chut. Arrête de parler. Une voix rauque. Froide. Astana sait ce que cela veut dire : il va Chapitre 2 Asnières. Septembre 2021 Le froid du béton. Tranchant. Perfide. France Chapitre 3 Saint-Germain-en-Laye. Mars 2022 Le vent est aussi fort que l’ambiance