Piment noir basco-corse

PIMENT NOIR BASCO-CORSE Du même auteur : Parfums de femmes océanes, février 2018 Ils croyaient être riches, octobre 2019 Quais maudits sur Garonne, février 2021 Piège fatal à Hendaye, mars 2022 Chris RAVÉRI PIMENT NOIR BASCO-CORSE ROMAN POLICIER Marysa Éditions Avertissement : Ce récit est une œuvre de pure fiction. Par conséquent, toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les « analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information », toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon, sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. Illustration de la couverture : Nathalie Glévarec Imagesderomansblogspot.com © Marysa Éditions 2023 ISBN : 978-2-9581368-1-9 « Quand le passé nous tourne le dos, il est parfois difficile de le regarder en face. » Pascal Fioretto « Un Corse ne pardonne ni pendant sa vie, ni après sa mort. » 1 – Drame au Petit Bayonne Bayonne, février 1980 Étrangement en ce début de dimanche matin frisquet, la rue des Tonneliers présentait un visage inaccoutumé de sérénité. D’habitude, à l’heure de la fermeture du bar Berregin, le sommeil des riverains se trouvait régulièrement troublé par des fêtards éméchés en goguette, hurleurs, prenant un malin plaisir à sonner aux entrées et à se soulager contre les devantures des boutiques et les portes cochères. Alors, les rêves des habitants se transformaient pendant de longues minutes en paillardes ou en chants basques braillés par des voix fatiguées tenant plus de chantres d’opérette que de futures vedettes du hit-parade. Exceptionnellement, la veille, le débit de boissons avait baissé son rideau à dix-huit heures. Au premier étage de l’immeuble mitoyen, une lumière diffuse se percevait à travers les volets mal ajustés sur des fenêtres vétustes reines des courants d’air. L’habitat daté en majeure partie du dix-huitième siècle était très éloigné des règles d’isolation des constructions modernes. Les propriétaires encaissaient les loyers sans dépenser le moindre franc pour réhabiliter des appartements d’une autre époque. Suite à la crise du logement présente en France depuis des décennies, les locataires prêts à louer un taudis ne manquaient pas malgré l’indécence des montants demandés et la cupidité humaine. Iker Etchart venait de rentrer de son travail d’ajusteur à l’usine SBF située à proximité du port, sur sa Vespa d’occasion acquise récemment. — Zita, j’ai une faim de loup. Fais-moi une omelette aux cèpes avec une pointe de piment d’Espelette, lança-t-il depuis la cuisine à son épouse tirée du lit par la musique hard-rock crachée par le transistor grésillant posé sur le réfrigérateur. Sans un mot, les oreilles baignées par la chanson Overhill du groupe Motorhead, habituée à servir les caprices de son homme, Zita obtempéra et s’activa en nuisette pour le satisfaire. — Tu sais que tu es bandante vêtue comme ça, lâcha Iker en caressant sa poitrine libre à travers la fine cotonnade, collé contre son postérieur rebondi. — Si tu n’veux pas manger des coquilles, laisse-moi casser les œufs tranquille, lui répondit-elle en tortillant lascivement du popotin. — Ne fais pas ta sainte-nitouche ! Avant, je vais te trousser… sur la table de la cuisine ! annonça-t-il en déboutonnant la braguette de son bleu de travail. — Pas là… Si la petite se lève ! — On s’en fout, elle dort ! — J’en ai pas envie. — Moi si, approche ! Iker se dévêtit rapidement, dévoilant un buste puissant sponsorisé par France moquette. Le déshabillé rose de son épouse rejoignit le linoléum. Des craquements sinistres se firent entendre. — Arrête ! J’aperçois de la lumière à travers le plafond, avança Zita cramponnée à la toile cirée à carreaux rouge et blanc comme une moule après son bouchot. — Je n’ai pas fini… — Ça brûle en haut ! hurla-t-elle en se dégageant brusquement de l’élan bestial de sa moitié. — T’as raison, y’a le feu chez la mère Marguerite ! Iker sauta dans son pantalon et ses pompes, puis se précipita vers le second étage. Zita attrapa sa nuisette et fonça récupérer la petite Nahia endormie paisiblement dans son petit lit à barreaux de fabrication paternelle. Moins d’une minute plus tard, les poumons asphyxiés, les yeux rougis et irrités, la famille se retrouva dans la rue. Lui, torse nu avec une brûlure au bras, serrant sa petite fille de deux ans enroulée dans une couverture, son doudou à la main. Elle, en pantoufle et chemise de nuit recouverte d’une veste en laine, avec son sac à main en skaï simili croco en bandoulière. La rue s’animait. Les volets claquaient. Les sirènes de plusieurs véhicules de pompier se rapprochaient. — Il faut aller chercher Marguerite, proposa un voisin bien intentionné le nez fixé sur l’étage en feu, une clope papier maïs au bec, les bras croisés, les pieds collés aux pavés disjoints. — Impossible, j’ai essayé. L’escalier en bois était déjà en flammes, répondit Iker résigné en montrant son avant-bras brûlé au donneur de leçon de comptoir. Le spectacle était hallucinant. En quelques minutes, les toitures de leur immeuble et de celui mitoyen abritant le bar, envahies par de hautes flammes, menaçaient de s’effondrer. Les vitres éclataient en projetant des éclats de verre sur la chaussée. Le feu sortait en ronflant par les ouvertures des appartements avec l’intention de lécher les façades opposées. Derrière le rideau métallique du bar Berregin se devinait l’incendie. Les bouteilles d’alcool explosaient les unes après les autres. Le magasin de disques situé en rez-de-chaussée de