Author/Uploaded by Freida McFadden
© City Editions 2023, pour la traduction française © Freida McFadden, 2022 Publié pour la première fois en Grande-Bretagne par Storyfire Ltd, une marque de Bookouture sous le titre The Housemaid. Couverture : © Bookouture ISBN : 9782824637167 Code Hachette : 23 3012 5 Collection dirigée par Christian English & Frédéric Thi...
© City Editions 2023, pour la traduction française © Freida McFadden, 2022 Publié pour la première fois en Grande-Bretagne par Storyfire Ltd, une marque de Bookouture sous le titre The Housemaid. Couverture : © Bookouture ISBN : 9782824637167 Code Hachette : 23 3012 5 Collection dirigée par Christian English & Frédéric Thibaud Catalogues et manuscrits : city-editions.com Conformément au Code de la Propriété Intellectuelle, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, et ce, par quelque moyen que ce soit, sans l’autorisation préalable de l’éditeur. Dépôt légal : Janvier 2023 Partie I Trois mois plus tôt 1 Millie — Parlez-moi de vous, Millie. Nina Winchester se penche en avant sur son canapé de cuir couleur caramel, les jambes croisées pour révéler un infime soupçon de genoux sous sa jupe en soie blanche. Je ne m’y connais pas beaucoup en marques, mais il est évident que tout ce que porte Nina Winchester est douloureusement cher. Son chemisier crème me donne envie de tendre la main pour toucher le tissu. Inutile de dire qu’un geste pareil anéantirait toutes mes chances d’être embauchée. Pour être honnête, je n’ai aucune chance d’être embauchée de toute façon. — Eh bien… je commence, choisissant soigneusement mes mots. (Car en dépit des rejets à répétition, j’y crois encore.) J’ai grandi à Brooklyn. J’ai exercé beaucoup d’emplois de ménage, comme vous pouvez le voir sur mon CV. (Mon CV soigneusement adapté.) Et j’adore les enfants. Et aussi… (Je jette un coup d’œil à la ronde, à la recherche d’un jouet à mâcher pour chien ou d’une litière pour chat.) J’aime aussi les animaux de compagnie… ? L’annonce en ligne pour l’emploi de femme de ménage ne mentionnait pas d’animaux. Mais on n’est jamais trop prudent. Qui n’apprécie pas un amoureux des animaux ? — Brooklyn ! s’exclame Mme Winchester, radieuse. J’ai grandi à Brooklyn, moi aussi. Nous sommes pratiquement voisines ! — Absolument ! je confirme, même si rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. Il y a beaucoup de quartiers convoités à Brooklyn, où il faut débourser un bras et une jambe pour une minuscule maison de ville. Ce n’est pas là que j’ai grandi. Nina Winchester et moi, on n’a rien en commun, mais si elle veut croire qu’on est voisines, je vais me faire un plaisir d’abonder dans son sens. Mme Winchester coince une mèche de cheveux blond doré brillants derrière son oreille. Elle les porte au niveau du menton, une coupe à la mode qui camoufle son double menton. Elle a la trentaine bien tassée et, avec une autre coiffure et d’autres vêtements, elle serait très ordinaire, physiquement. Mais elle a utilisé sa fortune considérable pour tirer le meilleur parti de ce qu’elle a et, ma foi, je ne peux pas dire que je ne respecte pas la démarche. Côté look, j’ai pris la direction opposée : j’ai beau avoir dans les dix ans de moins que la femme assise en face de moi, je ne veux pas qu’elle se sente menacée par ma personne. Alors, pour mon entretien, j’ai choisi une longue jupe en laine épaisse, achetée dans une friperie, et un chemisier blanc en polyester avec des manches bouffantes. Mes cheveux blond cendré sont attachés en arrière dans un chignon sévère. J’ai même investi dans une paire de lunettes en écaille de tortue aussi surdimensionnées qu’inutiles. Le look professionnel et absolument pas sexy. — Donc, le travail, reprend-elle. Ce sera surtout du ménage et un peu de cuisine, si vous êtes à la hauteur. Êtes-vous bonne cuisinière, Millie ? — Oui. (Mes talents culinaires sont la seule chose sur mon CV à n’être pas un mensonge.) Je suis une excellente cuisinière. Ses yeux bleu pâle s’illuminent. — C’est merveilleux ! Honnêtement, nous ne mangeons presque jamais un bon repas fait maison, pouffe-t-elle. Qui a le temps ? Je ravale toute forme de réponse qui pourrait passer pour un jugement. Nina Winchester ne travaille pas, elle n’a qu’un enfant, qui est à l’école toute la journée, et elle embauche quelqu’un pour faire le ménage à sa place. J’ai même vu dans son immense jardin devant la maison un homme en train de s’occuper du jardinage. Comment est-il possible qu’elle n’ait pas le temps de cuisiner un repas pour sa petite famille ? Je ne devrais pas la juger. Je ne sais rien de sa vie. Ce n’est pas parce qu’elle est riche qu’elle est gâtée. N’empêche, si je devais parier cent dollars dans un sens ou dans l’autre, je parierais que Nina Winchester est pourrie gâtée. — Et nous aurons besoin d’une aide occasionnelle pour Cecelia aussi, ajoute Mme Winchester. Pour l’emmener à ses leçons de l’après-midi ou chez ses amies, par exemple. Vous avez une voiture, n’est-ce pas ? Sa question me fait presque rire. Oui, j’ai une voiture – c’est tout ce que j’ai, d’ailleurs. Ma Nissan de dix ans d’âge dépare dans la rue devant sa maison, et c’est là que je vis actuellement. Tout ce que je possède est enfermé dans le coffre de cette voiture. Depuis un mois, je dors sur la banquette arrière. Quand on a passé un mois à vivre dans sa voiture, on prend conscience de l’importance de certaines petites choses de la vie. Les toilettes. Un évier. Pouvoir allonger les jambes quand on dort. Ce dernier avantage est celui qui me manque le plus. — Oui, j’ai une voiture, je confirme. Mme Winchester tape dans ses mains. — Excellent ! Je vous fournirai un siège auto pour Cecelia, bien sûr. Elle a juste besoin d’un rehausseur. Elle n’a pas tout à fait le poids et la taille idoines qui lui permettraient de voyager sans, pour le moment. L’Académie de pédiatrie recommande… Pendant que Nina Winchester piaille sur la taille et le poids requis quand on veut utiliser un siège auto, j’en profite pour balayer le salon du regard. L’ameublement est ultra-moderne, avec le plus grand